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La crise financière pèse sur l'industrie

Plusieurs entreprises ont déjà recouru au chômage partiel et à la flexibilisation pour faire face à la baisse des commandes

Valeur refuge en cas de crise, le franc suisse s'est revalorisé de près de 10% par rapport à l'euro. Conjugué au ralentissement général, l'industrie suisse commence à en souffrir, surtout dans les secteurs des machines, du textile et de l'automobile. Les employés en subissent déjà les conséquences. Dans ce contexte, les syndicats appellent à un plan de relance musclé. Côté alternatives à la finance prédatrice, une association a été créée pour promouvoir les investissements durables.

Ralentissement économique et hausse du franc commencent à mettre à mal une partie des exportations de l'industrie suisse. Avec des craintes pour les emplois l'année prochaine... «Ce sont pour l'instant les branches des machines-outils, de l'automobile et du textile qui souffrent le plus», indique Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse (USS). D'autres branches comme l'horlogerie ou l'outillage pour moteurs s'en tirent mieux. De nombreux paramètres influent en effet sur la santé des différents secteurs. Le prix du pétrole par exemple, qui est reparti à la baisse...
Pour l'heure, c'est la hausse de la valeur du franc par rapport à l'euro qui inquiète surtout l'économiste de l'USS. «Car le franc suisse reste une valeur refuge en cas de coup dur. Le franc a gagné 10% de sa valeur depuis le mois d'août, en partie à cause de la crise financière. Au final, cela peut entraîner une baisse du PIB de 1% car les produits des exportations suisses deviennent plus chers pour l'étranger», explique Daniel Lampart.

Baisse des commandes
Responsable de l'industrie romande pour Unia, Fabienne Blanc-Kühn vient de visiter une fabrique d'Alcan en Valais produisant des pièces d'aluminium pour Volkswagen et Daimler. «En Allemagne, des usines d'automobile sont arrêtées. A Alcan, un entrepôt qui sert au stockage des pièces est maintenant vide. Les commandes ne suivent plus», témoigne la membre du comité directeur. Même topo du côté de l'usine Steiger qu'elle a également visitée, productrice de machines pour fabriquer du textile de qualité: «La mode et l'automobile semblent déjà touchées par le ralentissement des achats de la part de clientèles aisées», explique Fabienne Blanc-Kühn.

Temporaires touchés
Ailleurs en Suisse romande, d'autre cas sont à déplorer. Le fabricant géant de machines d'emballage Bobst dans le canton de Vaud a annoncé que l'évolution des taux de change a eu un impact négatif de l'ordre de 50 millions de francs sur son chiffre d'affaires de septembre. Et des mesures ont déjà été prises en matière d'emploi en diminuant le recours aux travailleurs temporaires et en mettant certains employés au chômage partiel... «Des employés temporaires perdent leur emploi aujourd'hui dans l'industrie», déplore Fabienne Blanc-Kühn.
A Bulle, chez Liebherr, le gros fabricant de machines de chantier, ce sont quelque 450 employés qui resteront chez eux la semaine du 15 au 19 décembre, et 150 d'entre eux la semaine précédente également. C'est la caisse de chômage qui versera donc 80% du salaire pendant cette période, complété par 10% versé par l'entreprise pour amortir quelque peu le choc. Au final, les employés passent tout de même à la caisse.

Horaires rétrécis
A Moutier, dans le Jura bernois, la fabrique de machines-outils Tornos a aussi recouru à la flexibilisation du travail que lui permet la convention collective des machines. Le nombre d'heures travaillées peut osciller entre 16 et 55 par semaine. Les ouvriers travailleront simplement moins pendant la période creuse, en espérant que l'année prochaine soit plus favorable... Tornos a obtenu une dérogation pour doubler le nombre d'heures flexibles, passant de 100 à 200 heures. Mais le cas doit rester exceptionnel, précise Unia.

Agissons avant le désastre
Le syndicat espère que ces mesures limiteront les dégâts dans un premier temps. Mais la récession, la vraie, affectant l'ensemble des secteurs, est sans doute à venir si les autorités restent inactives. Unia a déjà fait savoir ses propositions. Les patrons et l'Etat doivent relancer le pouvoir d'achat des consommateurs pour stimuler la croissance. Les employeurs doivent enfin accéder aux demandes d'augmentations réelles des salaires, en plus de la compensation de l'inflation. Les autorités doivent ensuite réduire les primes d'assurance maladie, redistribuer les recettes provenant de la taxe sur le CO2 et augmenter les allocations familiales. On n'échappera pas non plus, selon l'Union syndicale suisse, à un programme d'investissements des collectivités publiques en faveur des infrastructures publiques et des logements, générateurs d'emplois et de croissance... L'USS préconise aussi une baisse des taux hypothécaires de 0,25%, ce qui permettrait de libérer environ 600 millions de francs au profit des consommateurs.

Christophe Koessler