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La pression de la grève a été payante

Les trois employés ont obtenu le versement de leurs arriérés de salaire. Reste une lourde ardoise de charges sociales

Le personnel de la société Bertusi Jean-Paul stores SA à Renens s'est mis en grève et a obtenu un engagement du patron de leur verser les arriérés de salaire. Le paiement a été effectué une semaine après. Mais une lourde ardoise de charges sociales est encore à récupérer.

Accompagnés de syndicalistes d'Unia, les trois salariés de l'entreprise Bertusi Jean-Paul stores SA se sont présentés sur leur lieu de travail à Renens le 10 mai dernier, bien décidés à se croiser les bras tant que les impayés de salaire ne leur seraient pas versés. Les employés n'avaient touché qu'une partie de leur paie depuis février. «L'entreprise ne les faisait travailler qu'à temps partiel, en fonction du matériel à disposition. Ces trois personnes, dont l'employée administrative, venaient tous les matins et n'effectuaient jamais les 8h30 prévues par leur contrat de travail. Ils n'ont été payés que les heures travaillées, ce qui est illégal, le patron étant tenu de leur fournir le travail pour lequel ils ont été engagés», explique Laurent Tettamanti, secrétaire syndical d'Unia à Lausanne. Le manque à gagner pour ces trois personnes, vivant dans le Jura français, représentait environ 20% de leur salaire.
Durant leur débrayage, qui a duré tout le début de la matinée, les travailleurs et le syndicat ont parlementé avec le patron, Jean-Paul Bertusi. Ce dernier, prétendant ne pouvoir les payer immédiatement, a finalement accepté de signer l'engagement de verser la semaine suivante les 8000 francs brut dus au total depuis février. Pendant l'action, Unia a aussi appris que l'entreprise ne s'était pas acquittée des charges sociales des travailleurs depuis 2014, alors qu'elles étaient régulièrement prélevées sur les salaires. En tout, ce sont plus de 60000 francs de cotisations AVS, AI, APG, ou encore d'assurance chômage, qui n'ont pas été versées auprès de la caisse de la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE). «La FVE est en train d'agir pour récupérer ces charges sociales», informe le syndicaliste. «En plus, les travailleurs n'avaient plus de couverture accident et perte de gain alors que deux d'entre eux travaillent sur les chantiers.»

Pratiques inadmissibles
Ces deux employés sont actifs depuis plusieurs années chez Bertusi Jean-Paul stores. Pour Laurent Tettamanti, la situation qui prévaut depuis février ne résulterait pas d'un manque de travail, mais plutôt d'une gestion défaillante de l'entreprise. «La dette en matière d'assurances sociales confirme cette gestion désastreuse, voire mal intentionnée, car il semble que les commandes ne manquent pas», note le syndicaliste, pour qui cette affaire met à jour des pratiques inadmissibles de certains employeurs ne se souciant aucunement des graves conséquences pécuniaires et sociales supportées par leur personnel. Il se dit néanmoins satisfait que le débrayage ait permis de récupérer les salaires. «Cela montre que des actions directes de ce type valent la peine. Mais nous restons vigilants: les salaires de mai doivent aussi être payés, et nous attendons les résultats de l'action de la FVE pour les charges sociales.»

Sylviane Herranz