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La semaine de 42 heures dans l’industrie MEM n’aura pas lieu

Participants à la conférence de branche.
© Thierry Porchet

Une soixantaine de syndicalistes ont participé à la conférence de branche consacrée à la discussion sur le rapport de la délégation de négociations.

La Convention collective de l’industrie des machines est prolongée, l’exigence patronale d’augmenter le temps de travail est écartée

La Convention collective de travail (CCT) de l’industrie des machines est prolongée jusqu’en 2028, telle quelle. Les partenaires sociaux de la branche MEM (pour industrie des machines, des équipements électriques et des métaux), soit d’un côté, la faîtière patronale Swissmem et, de l’autre, les syndicats et les associations professionnelles, devaient au printemps négocier le renouvellement de ce contrat collectif qui bénéficie à près de 100000 salariés de 530 entreprises. Après quatre réunions, faute de trouver un terrain d’entente, les parties ont convenu de poursuivre avec le texte en l’état.

Les représentants du personnel voulaient revaloriser les salaires de la branche, prolonger les congés paternité et maternité, améliorer la protection contre les licenciements ou encore développer la formation. Les employeurs avaient, de leur côté, un tout autre catalogue de prétentions. Ils entendaient faire passer la semaine de travail de 40 à 42 heures et ainsi revenir sur cette mesure prise en… 1988. Ils espéraient aussi que soit mis à leur discrétion un stock de 250 heures flexibles, supprimer partiellement le renchérissement sur les salaires minimums et réduire le salaire en cas de maladie et d’accident.

Savoir résister

«Nous avions face à nous une association patronale rigide sur ces 42 heures, c’était une idée fixe», a expliqué Yves Defferrard, responsable du secteur industrie d’Unia, à la soixantaine de syndicalistes, réunis le 23 juin pour la conférence de branche, qui a discuté du rapport de la délégation de négociations. «En gros, on nous disait: vous acceptez les 42 heures et nous discuterons du reste ensuite. Mais nous ne pouvions pas accepter d’augmenter le temps de travail et risquer de perdre l’indexation automatique sur les salaires minimums. Il faut savoir résister et dire non. Alors, nous nous sommes retrouvés dans une situation de blocage.»

«Nous avons essayé de présenter les meilleurs arguments possibles et des études, mais à la fin, c’est la force sur laquelle nous pouvons nous appuyer qui compte. Nous ne sommes pas aujourd’hui en position de mener un conflit ouvert avec Swissmem. Il nous manque des concentrations de militants pour faire la différence», a constaté, pour sa part, le responsable de la branche MEM d’Unia, Matteo Pronzini. Avec l’inflation, le risque de récession et l’instabilité géopolitique, le contexte n’était pas des meilleurs. «Nous aurions tous voulu avoir un rapport de force favorable, mais quand on ne l’a pas, il faut s’adapter», a souligné Yves Defferrard.

«Nous avons résisté», a dit le Vaudois Roberto Annese, salarié de Bobst et membre de la délégation de négociations. «Il faut revenir en 2028 avec plus de membres, soyons fous: avec le double de militants.»

Lignes directrices futures

«Les patrons n’ont toujours pas digéré les salaires minimums obtenus il y a dix ans et l’indexation cinq ans plus tard. Pour faire pression, nous avions alors quitté les négociations, mais on ne peut pas toujours faire ça. Nous ne pouvons pas prendre le risque de mettre en danger les travailleurs», a admis le Vaudois Mike Nista, jeune retraité de Bosch-Sapal et ancien membre de la délégation de négociations. «Je suis obligé, même à contre-cœur, de reconnaître que la délégation a été responsable. Je pense que vous êtes allés aussi loin que vous pouviez et que vous avez su raison garder. Dans cinq ans, ils vont revenir avec les mêmes revendications, il faut se préparer.»

«Nous pouvons parler du passé, mais chaque renouvellement est une nouvelle phase, je vous félicite d’avoir maintenu votre position et d’être restés fermes», a appuyé le Jurassien Daniel Heizmann, ancien président de la branche MEM.

Le rapport de la délégation a été accepté à l’unanimité par les délégués avant que les militants qui y ont participé ne soient applaudis.

L’assemblée a aussi adopté les lignes directrices de la stratégie syndicale pour les années à venir. Il s’agira de renforcer les secrétaires syndicaux, les groupes d’entreprises et locaux, de recruter de nouveaux membres et d’améliorer la présence d’Unia dans les commissions du personnel. Matteo Pronzini a montré en exemple le secteur construction, qui, dans les années 1990, a mis une décennie à préparer les grèves qui ont débouché sur la retraite anticipée à 60 ans. Conclusion du président de la branche MEM, Nino Stuber: «En 2028, il faut que nous arrivions à faire descendre les salariés dans la rue, que nous soyons des milliers sur la Place fédérale!»

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