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L'adieu à un homme de défis

Pierre-Alain Gentil, président du syndicat des cheminots, s'en est allé à 56 ans après une courte maladie

Le président du Syndicat du personnel des transports (SEV) est mort mardi 23 septembre des suites d'une courte et pénible maladie. Le socialiste jurassien a été maire de Delémont et conseiller aux Etats. Outre la présidence du SEV, sur le plan syndical il était notamment vice-président de l'USS, représentant des travailleurs suisses à la conférence de l'OIT et président de l'Association des représentants du personnel dans les institutions de prévoyance (ARPIP). Pierre-Alain Gentil a aussi siégé au conseil d'administration de L'Evénement syndical.

Pierre-Alain Gentil a été élu président du SEV le 24 mai 2005. Né le 12 juillet 1952 à Lausanne, Pierre-Alain Gentil a passé sa maturité au Lycée cantonal de Porrentruy. Il a étudié les lettres à Lausanne où il a obtenu également le diplôme d'enseignement supérieur. Il a commencé son activité professionnelle comme secrétaire général du Parti socialiste jurassien, ce qui a marqué le début de sa carrière politique. Pierre-Alain Gentil a ensuite été élu député au Parlement jurassien, au Conseil communal et finalement au poste de maire de Delémont. Il a siégé au Conseil des Etats de 1995 à 2007.

Grève de Bellinzone
Les trois années durant lesquelles Pierre-Alain Gentil a présidé aux destinées du SEV, son action syndicale a été marquée par le durcissement du dialogue social avec les CFF. Le SEV et la direction de l'ex-régie fédérale ont frôlé le conflit fin 2006 lors du renouvellement de la convention collective de travail. Ce n'était que partie remise. Une année plus tard, en annonçant qu'ils allaient démanteler les ateliers CFF Cargo de Bellinzone, les CFF ont mis le feu aux poudres. Les syndicalistes tessinois, appuyés par les syndicats SEV et Unia, ont crié leur ras-le-bol et ont déposé les outils. Pierre-Alain Gentil s'est énormément investi dans ce conflit. Cela a été la grève la plus longue qu'ait connue l'histoire du service public helvétique. Grève payante, puisque la survie des ateliers CFF de Bellinzone est désormais garantie (lire en page 3).

Homme engagé
Pierre-Alain Gentil n'était pas un homme à se contenter de travailler sur un seul dossier. Il aimait les défis, non pour satisfaire sa gloriole personnelle dont il s'en fichait comme de l'an quarante, mais pour défendre une certaine équité sociale et salariale. Ainsi, il a pris à bras-le-corps la présidence de l'ARPIP. Il voulait que les salariés s'intéressent sérieusement à la gestion de leur deuxième pilier, encourageant la formation. A peine a-t-il été nommé représentant des travailleurs suisses à la conférence de l'OIT, qu'il a été propulsé suppléant au conseil d'administration de cette même OIT. Actif en dehors du cercle du SEV, il avait tissé de nombreux liens avec les responsables des autres syndicats de l'USS dont il était vice-président. L'un de ses plus grands regrets, est de ne pas avoir pu faire aboutir le processus de fusion entre le SEV et le Syndicat de la communication. Une fusion qui aurait donné vie à un syndicat du service public de plus de 80000 membres. C'était sans compter avec des corporatismes encore tenaces. Enfin, Pierre-Alain Gentil était membre du conseil d'administration de L'Evénement syndical et un lecteur pointilleux de notre publication. A sa femme, à son fils, et au SEV, la rédaction de L'Evénement syndical présente ses plus sincères condoléances et son profond regret pour la disparition prématurée de ce chef syndical et collègue de valeur.

L'ES



Mondes politique et syndical en deuil
La brusque disparition de Pierre-Alain Gentil a suscité une vague d'hommages dans les milieux politiques de son canton du Jura, mais aussi au niveau fédéral, lui qui a siégé 12 ans sous la Coupole, en présidant notamment la commission de la science, de l'éducation et de la culture du Conseil des Etats. Dans le milieu syndical, le président du SEV a reçu quelques hommages marquants. Ainsi, le comité «Giù le mani dall'Officina» de Bellinzone, a exprimé toute sa reconnaissance et ses remerciements à la mémoire de Pierre-Alain Gentil pour le soutien qu'il a apporté lors de la grève et pour son engagement lors des premières séances de négociations de la table ronde. Pour Paul Rechsteiner, président de l'USS, la disparition de Pierre-Alain Gentil «est une grande perte» car c'était un dirigeant «qui ne dédaignait pas le travail de base et se distinguait par sa fiabilité». Jean-Claude Rennwald, qui a côtoyé Pierre-Alain Gentil aussi bien comme homme politique que syndicaliste, retient de son ami qu'il était «un homme d'un engagement et d'une ténacité exemplaires. Il allait au bout de ses idées, non sans parfois s'armer d'un certain humour». Christian Levrat, ancien président du Syndicat de la communication et président du Parti socialiste suisse, nourrissait une grande estime pour le président du SEV, «une personnalité qui ne se laissait pas ballotter par les vents».