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Le pouvoir d’achat au cœur des préoccupations du personnel de Nestlé

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© Sylviane Herranz

Après s’être battue comme membre de la commission du personnel contre la délocalisation partielle de l’entreprise Thermo Fisher Scientific d’Ecublens, Nicole Vassalli a accepté la proposition d’embauche d’Unia Vaud. Depuis, cette syndicaliste infatigable est de tous les combats, que ce soit la grève des femmes, ici à la vallée de Joux le 14 juin dernier, ou auprès des travailleuses et des travailleurs de Nestlé et d’autres entreprises du pays.

Secrétaire syndicale d’Unia, Nicole Vassalli a été nommée vice-coprésidente du Comité d’information et de consultation européen de Nestlé. Interview

C’est une première depuis la création, en 1996, du Comité d’information et de consultation européen de Nestlé (CICEN) formé par des responsables de la direction du groupe et des représentants des travailleurs. Réunis en assemblée le 21 juin à Genève, la trentaine de délégués européens syndicaux siégeant dans cette structure ont élu une femme pour occuper la vice-coprésidence. Il s’agit de Nicole Vassalli. Active depuis 2018 au CICEN en tant que déléguée de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA), la secrétaire syndicale d’Unia confie avoir été surprise par cette opportunité en raison de sa jeunesse. La polyglotte de 33 ans originaire du Tessin – elle parle italien, français, espagnol, anglais et comprend le portugais – a néanmoins volontiers accepté de relever le défi. Elle explique les buts poursuivis par le CICEN et les enjeux actuels.

Quels secteurs concernent le CICEN et pour quelles raisons a-t-il été créé?

Le Comité couvre tous les secteurs de Nestlé en Europe. En Suisse, il s’agit par exemple des marques Nespresso, Cailler, Nescafé et Henniez. Il a été créé dans le but de favoriser les échanges d’informations et le dialogue entre les représentants du management et des employés. Plus que sur des entreprises, le CICEN se concentre sur des défis de branches et des problématiques globales.

Lesquelles par exemple?

Le CICEN est appelé à se pencher par exemple sur les questions environnementales, comme la pollution plastique ou encore la pénurie d’eau, ou sur l’augmentation des salaires dans un contexte de renchérissement général du coût de la vie. Autres sujets potentiels: celui du coût de l’énergie majoré par la guerre en Ukraine ou la santé et la sécurité dans les entreprises. Nous abordons toutes sortes de thématiques, faisant remonter les interrogations de la base.

Quelles sont les préoccupations majeures du personnel de Nestlé?

Aujourd’hui, ce sont les salaires et la perte générale du pouvoir d’achat. Mais aussi la pression subie par les employés. La multinationale entend constamment augmenter ses profits. Il y a moins de travailleurs sur les lignes de production afin de réduire les coûts. Et chacun doit être polyvalent, multifonctionnel, multiperformant, déplaçable d’un poste à un autre. Une situation particulièrement stressante, surtout pour les travailleurs âgés.

Aborde-t-on aussi des points positifs?

Oui, comme l’implication de Nestlé en Ukraine. Le groupe a fourni de l’aide et a continué à verser les salaires à ses employés même pendant des longues périodes d’arrêt d’une partie de sa production. Il faut aussi souligner qu’en dépit de problèmes, une bonne part des collaborateurs travaillant dans les sites de production en Suisse – selon un sondage réalisé ces derniers mois – est fière de travailler pour la multinationale dont le siège se trouve à Vevey.

Le CICEN possède-t-il un pouvoir décisionnel?

Non, mais, en tant qu’important lieu d’échanges, il permet parfois de faire bouger les lignes. Lors des changements d’horaires introduits à Nespresso en Suisse en 2018, nous avons pu par exemple, grâce à la pression du Comité, obtenir un rendez-vous avec la direction qu’elle nous refusait au préalable. Nous avons eu la possibilité d’exposer nos demandes, même si nous ne sommes pas parvenus à faire barrage au processus.

Votre nouvelle fonction ne risque-t-elle pas de vous surcharger?

Ma charge de travail va bien sûr augmenter. Mais elle se révèle positive, favorisant relais et contacts. Elle sera aussi source d’enrichissement en termes d’expérience, pour mener à bien des négociations, bénéficier d’une vision plus globale. C’est intéressant de découvrir les mécanismes mis en place en Europe, les luttes syndicales des autres pays, apprendre de leurs réussites ou de leurs échecs. On voit par exemple les outils utilisés pour faire valoir des revendications d’augmentation de salaire, comme le recours à la grève. Cela est moins fréquent chez nous, mais celle-ci a pourtant porté ses fruits dans plusieurs pays pour l’obtention de bonnes augmentations.

Depuis votre arrivée il y a cinq ans à Unia, vous avez parcouru beaucoup de chemin...

Je suis entrée en contact avec le syndicat alors que je travaillais chez Thermo Fisher Scientific à Ecublens et que j’étais membre de la commission du personnel. A l’annonce de la délocalisation partielle de l’entreprise en République tchèque, nous avons sollicité l’aide d’Unia. Lors d’une première assemblée des travailleurs, 110 personnes se sont syndiquées. Au terme d’une grève d’une dizaine de jours, nous sommes parvenus à obtenir une réduction des licenciements et un plan social nettement supérieur à la mouture originale. A la fin de ce conflit, je n’avais plus envie de travailler pour produire du profit. Et j’ai décidé de réorienter ma vie. Si j’avais déjà une fibre solidaire et sociale, je m’en suis découverte une aussi syndicale et j’ai accepté l’offre d’embauche d’Unia, bien que je ne me sentais pas à la hauteur. Je suis moi-même étonnée du chemin parcouru dans le domaine...

 

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