Aujourd’hui, 20 novembre, la Convention internationale des droits de l’enfant fête ses 30 ans. Fondée en 1989 au sein de l’ONU, elle reconnaît aux enfants les droits contenus dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Cette convention garantit notamment la non-discrimination, l’intérêt supérieur de l’enfant, son droit à la survie et au développement, le respect de son opinion et le droit à l’éducation.
Des droits aujourd’hui niés à des millions d’enfants dans le monde, notamment tous ceux obligés de travailler pour leur survie, soumis au travail forcé ou à l’exploitation sexuelle. Le 28 novembre sera aussi le centième anniversaire de la première convention de l’OIT sur la question, la Convention no 5, de 1919, sur l’âge minimum du travail dans l’industrie. D’autres conventions complèteront ensuite le dispositif interdisant le travail des enfants. Mais 100 ans plus tard, et malgré tous les programmes prévus pour son éradication, l’exploitation des enfants se poursuit.
La semaine dernière, l’Organisation internationale du travail (OIT) publiait un rapport intitulé «Mettre fin au travail des enfants, au travail forcé et à la traite des êtres humains dans les chaînes d’approvisionnement mondial». Des chaînes comprenant la production de denrées alimentaires, l’extraction de matières premières ou encore leur transformation et leur distribution. L’agriculture, le textile, l’industrie, pratiquement tous les secteurs économiques de la planète sont concernés.
Ce rapport, réalisé par plusieurs organismes dans le cadre des Objectifs de développement durable de l’ONU, souligne que, selon les dernières estimations, 152 millions d’enfants sont astreints au travail dans le monde et 25 millions d’adultes et d’enfants sont soumis au travail forcé. L’un des objectifs de l’ONU est l’abolition du travail des enfants d’ici à 2025 et la fin du travail forcé et de la traite des êtres humains d’ici à 2030. Dans ce but, le rapport demande, entre autres, aux gouvernements d’amplifier et d’intensifier leurs efforts afin que les entreprises respectent les droits humains dans les chaînes d’approvisionnement. Un objectif pour lequel la Suisse et ses multinationales ont un rôle à jouer pour que disparaisse de leurs filières ce travail aux effets délétères sur les enfants, tant en matière de développement, de santé physique et mentale ainsi que de vie sociale.
Reste qu’après l’échec de nombreuses campagnes contre le travail des enfants, on peut se demander si l’objectif de l’ONU n’est pas à nouveau un écran de fumée. Peut-on confier cette tâche à un système mû par le profit, dans lequel l’égoïsme de quelques-uns méprise des millions d’êtres humains?
Les jeunes pour le climat qui ont marqué cette année 2019 de leur énergie, de leur colère et de leur volonté de préserver la planète ont raison. C’est le système qu’il faut changer. Le capitalisme est incompatible avec une organisation sociale préservant non seulement les ressources de la planète terre, mais aussi ses êtres les plus fragiles. Tous les enfants ont le droit d’accéder à l’école, à une formation, aux études, à une vie digne dans un pays en paix.
En cette journée des droits des enfants, et alors que certains d’entre eux se battent contre leur propre exploitation, il est temps de se questionner pour savoir ce que nous faisons au quotidien pour débarrasser ce monde de la cupidité et d’un système qui n’offre à des millions d’enfants qu’un avenir de forçat.