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«L’Etat s’enrichit sur le dos des plus faibles»

Armand Jaquier, secrétaire régional d’Unia Fribourg, à côté de Virginie Burri du SSP
© Thierry Porchet

Durant la conférence de presse, Armand Jaquier, secrétaire régional d’Unia Fribourg, à côté de Virginie Burri du SSP, a dit sa stupéfaction face à l’attitude de l’Etat qui économise en ne versant pas tout ce qu’il devrait en matière de subsides aux primes maladie.

A Fribourg, l’Union syndicale et les partis de gauche dénoncent la diminution de la part cantonale des subsides aux primes maladie, baisse affectant les bas et moyens revenus

Syndicats et partis de gauche du canton de Fribourg montent au créneau pour dénoncer le désengagement du Canton dans l’aide au paiement des primes d’assurance maladie. Le 4 juillet, Unia, le Syndicat des services publics (SSP), l’Union syndicale fribourgeoise (USF), Solidarités et le Parti socialiste convoquaient la presse pour alerter sur les changements survenus ces dernières années et présenter leurs revendications.

Moins de bénéficiaires

«Les primes augmentent et le nombre de bénéficiaires de subsides diminue», lance Virginie Burri, secrétaire syndicale du SSP. Elle rappelle que les primes ont augmenté de l’ordre de 3 à 4% en moyenne depuis 2011 dans le canton, et même de plus de 5% pour les jeunes adultes. La part des bénéficiaires au sein de la population a de son côté fortement diminué. Elle est passée de 39,5% en 2000 à 26% en 2017. En chiffres absolus, 88500 personnes percevaient un subside en 2006, 85000 en 2011 et 81000 en 2017. Le tout malgré la forte évolution démographique du canton.

La baisse du nombre de bénéficiaires n’est pas due à une hausse générale des salaires, précise la syndicaliste, mais fait suite aux modifications des limites de revenu donnant droit à ces subsides. En 2011 par exemple, il fallait gagner jusqu’à 38500 francs net, soit 3200 francs par mois pour une personne seule pour bénéficier d’une aide. En 2016, ce montant est passé à 36000 francs, soit 3000 francs par mois. «Les mesures du dernier plan d’austérité (2013-2016) ont aussi touché les bénéficiaires de subventions maladie, avec notamment l’adaptation des modalités d’octroi pour les bénéficiaires d’aide sociale ou l’adaptation de la prime de référence», note encore la secrétaire du SSP.

Montant des subsides à la baisse

«Il n’y a pas que le nombre de personnes qui diminue, mais le montant des subsides, et cela de manière très impressionnante», ajoute Pierre-André Charrière, militant de Solidarités. «En quinze ans, les taux de réduction ont fondu comme neige au soleil.» L’introduction en 2017 d’un nouveau système pour supprimer les effets de seuil, passant de 4 à 60 échelons de revenus, a induit une nouvelle diminution de l’aide pour de nombreuses catégories. Pour un revenu net de 32400 francs, le bénéficiaire touchait un subside de 72 francs. En 2018, il ne touchera que 48 francs… En quatre ans, alors que les primes ont fortement augmenté, la subvention moyenne est passée de 165 à 163 francs. «Il y a une obstination du Conseil d’Etat à raboter partout où c’est possible», relève le militant. Ainsi, ce n’est plus la prime moyenne de 450 francs qui prévaut pour calculer l’aide, mais les 93% de cette dernière, soit 418 francs. «Le système de réduction des primes s’est dégradé considérablement et n’est plus aujourd’hui à la hauteur du problème», souligne Pierre-André Charrière.  

68 millions non versés…

Et ce n’est pas tout. Le système de réduction des primes maladie est financé par la Confédération et les cantons, ces derniers disposant d’une grande autonomie pour l’affectation des subsides. Or, pour Fribourg, la Confédération verse 5 millions de francs de plus chaque année, alors que l’apport du Canton diminue. La proportion entre part fédérale et part cantonale s’est inversée en huit ans: en 2010, elle était de 47,3% des subsides versés par la Confédération et de 52,7% par le Canton; en 2017, la proportion était respectivement de 60% et 40%.

«Les subventions fédérales augmentent alors que les cantonales stagnent ou sont en recul. Nous sommes obligés de constater que le Conseil d’Etat vole, ou s’enrichit, et constitue ses bénéfices sur le dos des plus faibles», tonne Armand Jaquier, secrétaire régional d’Unia Fribourg. Selon ses calculs, si le Canton avait mis la même part qu’en 2010, il aurait dû verser 20 millions de plus en 2017. «Depuis 2011, ce sont 68 millions que le Conseil d’Etat a gardé pour lui, spoliant les personnes et les familles en ayant besoin. C’est extrêmement choquant, d’autant que le Canton n’est pas en difficulté financière.» Et le syndicaliste de relayer les inquiétudes des travailleurs: «Il n’y a pas une assemblée syndicale sans que les gens parlent de l’assurance maladie et de la baisse des aides, alors que les primes s’envolent et les salaires stagnent.»

10% du salaire, c’est assez!

Milka Ivanovic, secrétaire de l’Union syndicale fribourgeoise, s’indigne que le Canton considère un salaire de 3500 francs par mois comme suffisant pour payer sa prime mensuelle. «Il faut que cela change. Nous demandons une réadaptation au plus vite des revenus déterminants pour que davantage de personnes puissent avoir accès à ces aides», ajoute-t-elle, appelant aussi à une limitation du montant de la prime à 10% du salaire. Un plafonnement pour lequel s’engage le président du PS fribourgeois Benoit Piller. Si des solutions cantonales pourraient voir le jour à Genève et dans le canton de Vaud, le PS fribourgeois s’engagera sur l’initiative fédérale que le PS suisse lancera probablement à l’automne.  

«Cette solution permettrait de toucher aussi la classe moyenne qui n’a pas droit aux subsides», indique Benoit Piller, précisant qu’aujourd’hui quelque 15% du revenu des ménages est affecté au paiement des primes maladie, alors que ce taux est de l’ordre de 7 à 10% pour la nourriture. «Avec un plafonnement à 10%, le pouvoir d’achat des familles sera augmenté et l’argent réinjecté dans l’économie.»

Sur le plan cantonal, d’autres actions sont envisagées, avertit Armand Jaquier: «Nous sommes convaincus que la population sera autant choquée que nous face à cette baisse des subsides et se révoltera par tous les moyens, parlementaires ou populaires. Le financement est là, cet argent doit revenir à la population!»

 

 

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