«Beaucoup de retours positifs!»
Chargée avec ses partenaires de coordonner l’hébergement dans des familles, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés précise les modalités d’accueil
Actuellement, selon les estimations du Secrétariat d’Etat aux migrations, environ la moitié des réfugiés ukrainiens sont logés chez des particuliers, soit plus de 23000 personnes (chiffre au 3 mai) via différents canaux. Chargée avec des associations partenaires de coordonner l’hébergement, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR) précise toutefois que nombre de ces exilés n’ont pas été placés par ses soins. La majorité d’entre eux se sont directement rendus chez des membres de leurs familles ou des connaissances ou ont cherché de manière autonome un hébergement privé à travers, par exemple, les réseaux sociaux. L’OSAR annonce avoir enregistré de son côté 26858 familles susceptibles d’offrir un toit à des Ukrainiens pour un total de 66338 lits. «Les placements que nous effectuons se font par des structures professionnelles et des points de contact spécialisés ayant de l’expérience dans le domaine», précise Eliane Engeler, porte-parole de l’OSAR. Les familles qui s’inscrivent doivent fournir un extrait de casier judiciaire et envoient des photos de leur logement. Elles sont ensuite contactées par téléphone et reçoivent des visites des services d’accompagnement. A noter que l’OSAR n’installe pas des mineurs non accompagnés auprès de particuliers. «Ils sont placés par les autorités dans des hébergements spécifiques comme des foyers avec un encadrement. Tous les cantons disposent de structures spécialisées dans ce sens.»
Placements lents...
Différentes conditions régissent l’accueil dans les ménages: un environnement stable, une durée de séjour minimal de trois mois, une ouverture d’esprit, un peu de temps pour soutenir les exilés au quotidien, la mise à disposition d’une chambre pouvant être fermée à clé ou au moins délimitée (respect de l’intimité), l’accès à la salle de bain et à la cuisine. Un éventuel dédommagement des familles parties prenantes peut aussi être prévu. La décision relève toutefois des cantons qui règlent différemment la question.
Si la solidarité est bien au rendez-vous, les privés qui se sont annoncés à l’OSAR doivent souvent s’armer de patience jusqu’à la concrétisation du projet. Au 3 mai, l’Organisation chiffre à 4081 les réfugiés qu’elle a placés dans 1817 ménages. Elle explique que le processus nécessaire à leur installation et à l’encadrement des familles d’accueil prend du temps aux niveaux cantonal et communal. «Cette mise en place n’avance actuellement que très lentement en raison des nombreux acteurs impliqués», déplore-t-elle. Responsables du logement des exilés, ce sont en effet les cantons qui décident de manière autonome du type d’hébergement et de la délivrance, ou non, d’autorisations à l’OSAR d’effectuer des placements à partir des centres fédéraux d’asile et d’autres structures... Pas de quoi remettre en question la démarche. «Nous avons beaucoup de retours positifs des familles d’accueil», affirme Eliane Engeler. Et de mentionner l’engagement de quartiers entiers en faveur d’Ukrainiens pour les aider au quotidien entre apprentissage de la langue, démarches administratives, recherche d’emplois, etc. Sans oublier les échanges culturels, notamment à travers le partage de spécialités culinaires...
Abris de protection civile toujours nécessaires...
Alors que nombre de familles se sont inscrites pour accueillir des Ukrainiens, certains cantons, à l’image de celui de Lucerne, logent toujours des réfugiés dans des bunkers ou d’autres types de structures collectives. Noemie Schafroth, directrice de la communication du Département de la santé et des affaires sociales du canton de Lucerne, explique en substance: «Le Canton a ouvert un bâtiment de protection civile ainsi qu'une salle polyvalente à titre d’hébergements d'urgence. Ces lieux sont prévus pour de courts séjours, jusqu'à ce que nous puissions accueillir les personnes ukrainiennes à protéger dans un autre logement cantonal. La durée maximale dans ces hébergements d'urgence s’élève à cinq jours. Actuellement, 151 personnes au total vivent dans ces deux espaces.» La responsable précise encore que l’installation de réfugiés dans des familles d'accueil est considérée comme un complément précieux, à condition qu’ils puissent y demeurer au moins trois mois. «Ce genre de placement nécessite toutefois diverses clarifications. En raison du nombre élevé de personnes à protéger qui sont et seront attribuées au canton et en raison de la pression du temps pour les loger, les hébergements d'urgence étaient et restent toujours nécessaires.»