Nestlé: solidarité internationale entre travailleurs
Unia et un syndicat allemand sont intervenus à la séance du Comité d’information et de consultation européen de Nestlé pour dénoncer l’attitude de la multinationale envers ses employés
Ambiance chahutée les 25 et 26 juin dernier durant la séance du Comité d’information et de consultation européen de Nestlé au Bureau international du travail à Genève. Lors de cette assemblée réunissant une soixantaine de délégués d’entreprises, des directeurs et des responsables RH, deux interventions syndicales ont eu lieu. Ces dernières ont été menées avec le soutien de l’UITA (Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes) en marge des présentations de projets du groupe qui se réunit deux fois par an à cet effet. Elles visaient à fustiger l’attitude de la multinationale à l’égard de son personnel. Nicole Vassalli, secrétaire syndicale d’Unia, accompagnée par une employée de Nespresso ont dénoncé les changements d’horaires prévus dans les usines, synonymes d’augmentation du temps de travail, d’obligation de travail un week-end sur deux et de semaines interminables. Dégradation de la vie privée, menace sur la santé physique et psychologique des collaborateurs, risques pour la sécurité... La syndicaliste a détaillé les conséquences des modifications organisationnelles, estimant qu’il s’agissait plutôt d’un licenciement collectif déguisé. De son côté, la travailleuse de Nespresso a mis l’accent sur le fait que les négociations ayant eu lieu dans ce contexte et impliquant des représentants du personnel ont été conduites sans que les salariés soient consultés.
«Je dis stop»
«On a boycotté notre droit à la parole», s’est indignée, en substance, cette dernière, insistant encore sur la violation de la vie privée découlant de ce réaménagement des horaires. «Nespresso traite ses employés comme des machines.» Et d’ajouter: «Aujourd’hui, je dis stop... C’est avec tristesse que je quitte mon travail.» Les discours des deux intervenantes ont été ponctués par des actes symboliques: des feuilles imprimées des mots «liberté d’expression», «santé et sécurité» ou encore «respect» ont été distribuées aux délégués qui les ont déchirées au fur et à mesure de l’allocution, en gestes de solidarité. Une protestation qui ne sera pas restée sans effet. A la fin de la réunion, et aussi annoncé à la RTS le 28 juin lors du Téléjournal du soir, la direction de Nespresso s’est engagée à essayer de trouver des solutions afin de limiter le plus possible les licenciements à cause de la non-acceptation de l’avenant au contrat de travail par une partie des employés pour des raisons familiales et/ou médicales.
Le Comité européen a aussi été rendu attentif à la situation prévalant dans des usines Nestlé en Allemagne, marquée par des suppressions de postes et des fermetures de sites de production. Le syndicat allemand NGG a illustré ses critiques en détournant le logo de la multinationale: à la place des oisillons dans le nid, des citrons... pour évoquer la manière dont sont pressés les collaborateurs.