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Nouvelle saignée à blanc chez Swissmetal

Un poste sur quatre va passer à la trappe. Unia s'insurge. L'entreprise n'a pas tenu ses promesses

Poursuivant sa restructuration Swissmetal va, d'ici à la fin de l'année, supprimer 153 postes, soit un emploi sur quatre. Parallèlement, l'entreprise a décidé de confier la direction de ses usines suisses aux responsables de son de site de production allemand de Lüdenscheid. De son côté, Unia s'insurge contre cette nouvelle étape dans le démantèlement de la substance industrielle et réclame d'urgence l'ouverture de négociations.

Pas de quartier. Poursuivant sa restructuration, Swissmetal tranche une nouvelle fois dans le vif et projette de supprimer 153 des 606 postes que comptent ses deux usines suisses à Reconvilier et Dornach. Soit un quart des emplois. L'entreprise justifie cette mesure par une volonté de parvenir à un niveau de performance équivalant à celui de son site de Lüdenscheid en Allemagne. Selon cette dernière, le chiffre d'affaires par collaborateur industriel à Dornach et à Reconvilier serait respectivement d'environ 20 et 40% inférieur à celui enregistré à Lüdenscheid. Cette nouvelle saignée indigne Unia. Et pour cause. «Les disparitions de postes dépassent de loin ce que Swissmetal avait annoncé lors de la présentation de ses nouvelles stratégies en 2005», relève Fabienne Blanc-Kühn, membre du comité directeur du syndicat.

Craintes confirmées
Le groupe métallurgique avait alors informé qu'il envisageait de procéder à un «ajustement» en réduisant le nombre de travailleurs à 600 d'ici à 2010. Effectif déjà atteint aujourd'hui, avant même que ne soient effectuées les nouvelles amputations. «Après avoir déjà supprimé environ 100 postes l'année dernière, Swissmetal veut encore sabrer 153 postes supplémentaires, ce qui équivaut au licenciement de 208 employés. L'entreprise ne tient pas ses promesses», relève amère la syndicaliste. Pour Unia, c'est la preuve que le concept industriel de Swissmetal a échoué. Les inquiétudes des ouvriers sont pour leur part entérinées. «L'annonce de ces licenciements ne fait que confirmer les craintes du personnel qui estimait que la stratégie adoptée ne renforcerait pas les perspectives industrielles des sites de production en Suisse mais au contraire conduirait à les vider de leur substance» relève encore le syndicat.

Nouveau parjure...
De mauvaise surprise en mauvaise surprise... Unia a aussi pris connaissance de la décision de Swissmetal de placer ses deux usines suisses sous la responsabilité de l'équipe managériale de son site de production de Lüdenscheid, en Allemagne. «Nouveau parjure... Swissmetal avait promis, en janvier 2007, de mettre en place une direction de site propre à Reconvilier. En agissant de la sorte, l'entreprise passe outre les recommandations de l'expert industriel Müller.» Pour mémoire, ce dernier avait, l'été 2006, soumis des propositions concrètes sur la manière de remettre la Boillat sur la voie du succès. Swissmetal s'était alors montré prêt à les suivre. Poudre aux yeux ou changement de tactique... Quoi qu'il en soit cette réorganisation n'aura selon Unia aucun effet positif. Au contraire. Dans ce contexte, le syndicat demande aux dirigeants de Swissmetal de revenir de toute urgence sur leur plan de démantèlement. Il réclame également l'ouverture sans délai de négociations avec sa participation et celle des commissions du personnel. «De concert, nous avons exigé parallèlement une prolongation de la procédure de consultation à au moins 30 jours. Celle-ci devrait se terminer fin juin.» Un laps de temps légal mais trop court pour que des alternatives à cette saignée à blanc puissent être trouvées.

Seulement
pour les saints
Unia exige par ailleurs que la discussion sur un plan social, ouverte depuis des mois sans résultat concret, soit enfin menée sérieusement à terme. «Il en va du sort des employés qui seront frappés par les licenciements et qui doivent pouvoir compter sur des prestations et indemnités de départ décentes.» Dans l'intervalle, Swissmetal se veut rassurant sur ce point: «Les fondations patronales de Swissmetal seront à disposition des collaborateurs dans le besoin pour leur faire bénéficier d'un fonds social prévu pour les cas de rigueur.» Pas de quoi tranquilliser la syndicaliste. «Ce fonds est régulièrement sorti du chapeau. Mais il faut être un saint auréolé pour avoir l'espoir de toucher une indemnité, les critères qui le régissent étant extrêmement stricts.» Quant aux propositions de reconversion qui seront faites à 44 collaborateurs, elles laissent aussi dubitative Fabienne Blanc-Kühn. «Jusqu'à présent, on a plutôt eu tendance à proposer des postes moins qualifiés à des cadres ou des déplacements géographiques. Plutôt dissuasif.» Du côté des collaborateurs, c'est le silence, la consternation et la peur de faire partie de la charrette, qui prévalent. «Le moral est en berne», se bornera à dire l'un d'entre eux.

Sonya Mermoud