Mercredi 5 septembre, une première séance de médiation a lieu entre les employés du Matin, leurs représentants et Tamedia, l’éditeur zurichois ayant saisi fin août l’Office de conciliation et d’arbitrage en matière de conflits collectifs du canton de Vaud. Dans ce contexte, les membres des rédactions romandes de Tamedia, réunis en assemblée générale le jeudi 30 août, ont décidé de suspendre leur préavis de grève agendé pour le 3 septembre. Les employés ont la volonté de «laisser une ultime chance à la conciliation avec Tamedia», mais leurs règles sont claires. «Les rédactions ont mandaté leur délégation afin qu’elle demande un calendrier de négociations accéléré qui débute par le plan social pour les licenciés du Matinpapier et se poursuive avec des discussions sur l’avenir du groupe et de ses rédactions en Suisse romande.» Elles réclament également la levée des sanctions contre les grévistes. En effet, comme annoncé dans une précédente édition, Tamedia a pénalisé certains employés du Matinen leur retenant deux jours sur leur paie du mois d’août. L’éditeur zurichois a sévi après la grève du début du mois de juillet. «Cela a été fait de manière tout a fait aléatoire, informe Patricia Alcaraz, secrétaire syndicale chez Syndicom. Certains employés ayant participé à la grève n’ont pas été sanctionnés, et d’autres, en vacances ou n’y ayant pas participé, ont vu leur salaire amputé. C’est un scandale!» Le syndicat ne compte pas passer l’éponge et entend bien régler ce point collectivement.
Forte mobilisation
«Nous avons rempli notre part du contrat en suspendant la grève lors de la médiation avec le Conseil d’Etat, reprend la syndicaliste. De son côté, Tamedia s’était engagé à ne recourir à aucune mesure de rétorsion envers les employés et les grévistes. Partant, nous considérons que ces sanctions n’ont pas lieu d’être.» Une nouvelle assemblée générale aura lieu le 10 septembre et déterminera, selon les avancées de la conciliation, les suites à donner au mouvement.
La grogne ne cesse de monter dans les rédactions de Tamedia, notamment avec l’éviction il y a quelques jours du rédacteur en chef de la Tribune de Genève, Pierre Ruetschi. Alors que l’employeur parle de «séparation» d’un commun accord, les employés y voient un «limogeage» de leur chef pour avoir défendu les intérêts de la rédaction et, notamment, refusé de donner les noms des grévistes.
Ce climat a poussé, le 30 août, 2000 professionnels des médias romands et alémaniques à se rassembler sur la place Fédérale à Berne contre les mesures d’austérité dévastatrices et la suppression massive de postes favorisant l’appauvrissement de la diversité de la presse en Suisse. Des politiciens régionaux et nationaux de tous bords ont apporté leur soutien à l’action.