Certaines personnes comparent ces deux dictateurs. Ils n’ont aucun respect pour la démocratie et ils sont habités par un esprit de vengeance. Après la guerre de 14-18, l’imbécilité des vainqueurs avait obligé l’Allemagne à payer des indemnités telles que son peuple subissait une misère atroce. Il a été facile à Hitler de prendre le pouvoir et d’engager ce peuple, parmi les plus brillants du monde, à accomplir des atrocités à peine imaginables.
Nous nous trouvons dans la même situation. A l’effondrement du régime communiste, on pouvait, comme Poutine, imaginer une étroite collaboration de la Russie avec les pays démocratiques d’Europe. Les Etats-Unis, vainqueurs de la guerre froide, gonflés à bloc, ont empêché cette collaboration. Ils ont promis aux Russes de ne pas venir aux portes de Moscou avec l’OTAN. A Minsk, plus tard, ils ont promis une certaine indépendance des provinces russophones de l’Ukraine. Tous ces engagements ont été trahis. Les Etats-Unis se sentaient capables d’imposer leur économie, leur stratégie, leur culture au monde entier.
La Russie a retrouvé de la puissance et des alliés. L’Amérique décline, au Moyen-Orient, en Asie et en Afrique. Poutine règle ses comptes et s’engage dans une guerre inadmissible en ce troisième millénaire. Il profite des erreurs et de l’arrogance des Etats-Unis qui ne sont pas pour rien dans le basculement pro-occidental du Gouvernement ukrainien. Espérons que l’histoire ne se répète pas au point de relancer une guerre mondiale. Une amie m’a dit: «Poutine est un homme du passé. Les engagements d’il y a trente ans ne sont plus d’actualité.» Il semble bien que non.
Pierre Aguet, Vevey