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Renforcer le pouvoir d'achat pour lutter contre la crise

L'assemblée des délégués de l'USS vote un plan de mesures concrètes. Et demande la limitation des salaires des managers

En assemblée le 3 novembre à Berne, les délégués de l'USS ont adopté une résolution portant sur la lutte contre la crise. Ils demandent le relèvement des salaires réels, la protection des assurés du 2e pilier et préconisent l'adoption d'une série de mesures permettant de consolider le pouvoir d'achat tout en exigeant un frein aux rémunérations des managers et aux cadeaux fiscaux aux actionnaires. Les délégués souhaitent également une meilleure conciliation entre vie familiale et professionnelle.

La crise et ses conséquences sur la vie quotidienne des salariés a été au centre des débats de l'assemblée des délégués de l'Union syndicale suisse (USS) le 3 novembre dernier à Berne. Les quelque 80 participants ont partagé le constat selon lequel il s'agit en premier lieu, pour prévenir la récession, de stabiliser la conjoncture par le biais d'une consolidation du pouvoir d'achat de la population. Ils ont voté en ce sens une résolution demandant en préambule une augmentation sensible des salaires réels des travailleurs et le renforcement des investissements publics, ce qui nécessite l'abandon des programmes d'austérité, notamment celui de la Confédération mené par Hans-Rudolf Merz que le président de l'USS, Paul Rechsteiner, a qualifié de «porteur d'eau pour Economiesuisse et les grandes banques».

Alléger la charge des ménages
La résolution demande également des mesures de politique conjoncturelle destinées à alléger les charges des ménages: réduction des primes des caisses maladie (500 millions de francs au total), baisse des taux hypothécaires de 0,25% (600 millions), redistribution des recettes provenant de la taxe sur le CO2 à partir du début 2009 (250 millions), relèvement des allocations familiales de 250 francs au moins et 300 francs pour les enfants en formation professionnelle (600 millions). En plus de ces mesures qui ont le mérite de dégager environ 2 milliards de francs, les délégués attendent de la Confédération qu'elle procède à des investissements publics supplémentaires dans le domaine des infrastructures, de la construction de logements sociaux et les programmes d'assainissement écologique, notamment des bâtiments. L'assemblée a également demandé aux autorités de prendre des mesures pour protéger les assurés du 2e pilier et de ne pas imposer des assainissements précipités des caisses de pension.

Haro sur les bonus
Toujours au chapitre de la crise, les délégués ont adopté une deuxième résolution, portant celle-ci sur la limitation des bonus et des salaires exorbitants des grands managers. «Ces excès sont l'une des causes principales de la crise actuelle, lit-on dans le préambule de la résolution. Exemple avec l'UBS: «Les bonus versés à Marcel Ospel et autres incompétents du conseil d'administration ont fait que ceux-ci ont pris d'énormes risques. Pour faire grimper le cours des actions, ils ont racheté des actions UBS pour quelque 30 milliards de francs depuis 2001, au lieu de constituer des réserves.» Tirant les leçons de cette dérive, les délégués demandent que les salaires versés par les banques soutenues par l'Etat ne dépassent pas le traitement d'un conseiller fédéral. Ils souhaitent une réglementation pour l'abolition des bonus au profit des salaires fixes ainsi qu'une réforme du système fiscal. «Les projets visant à accorder des cadeaux fiscaux aux hauts revenus sont injustes et intolérables. Les rabais fiscaux pour les actions remises aux collaborateurs doivent être supprimés. Les projets prévoyant des allègements fiscaux sur les participations de collaborateurs (options) doivent être retirés.»

Vie familiale et professionnelle
Autre volet important de l'assemblée, la question de l'harmonisation entre la vie familiale et professionnelle n'a pas pu être abordée de manière complète. Les déléguées et délégués ont manqué de temps pour développer tous les points et clarifier un certain nombre de divergences. Ils ont décidé de mettre à l'examen les propositions documentées de la Commission féminine de l'USS. L'assemblée a toutefois adopté un programme d'urgence dont voici les points essentiels: augmentation substantielle des allocations familiales, congé maternité porté à 18 semaines, création d'un congé paternité de 8 semaines, lancement d'initiatives populaires cantonales ou autres démarches pour inscrire dans la loi le droit à une place d'accueil, ancrer le thème de la conciliation «famille-profession» dans les négociations conventionnelles (congés parentaux, égalité salariale, réduction du temps de travail, horaire planifiable, etc.), correction des lacunes de la loi en matière d'horaires partiels, et de congé parental pour cause de maladie de l'enfant.
Le président de l'USS, Paul Rechsteiner, a rappelé à l'assemblée l'enjeu majeur que constitue le vote de ce 30 novembre sur la retraite flexible. Il s'est indigné du financement par Economiesuisse de la campagne d'opposition menée par les partis de droite. Or, Economiesuisse est soutenue principalement par les grandes banques. «Les contribuables doivent sauver l'UBS. Celle-ci tend alors d'une main sa sébile pour qu'ils passent à la caisse et, avec son autre main, elle remplit en cachette les caisses des partis bourgeois.» Cqfd - ce qu'il fallait démontrer.

Pierre Noverraz