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Santé: sortir de l'impasse

L'USS et une large coalition d'organisations proposent un nouveau modèle pour garantir à tous des soins de qualité

La réforme de la politique suisse de la santé ressemble à un énorme chantier tombé en friche depuis plusieurs années déjà. En effet, l'«ingénieur en chef» Pascal Couchepin ne propose aucune vue d'ensemble et se satisfait manifestement de quelques révisions «locales». Le 1er juin 2008, le peuple a rejeté d'instinct un nouvel article constitutionnel sur la santé qui aurait donné par trop de pouvoir aux caisses, privant de surcroît les as¬surés du libre choix du médecin. Fin 2009 prendra fin le gel des admissions de nou¬veaux cabinets et le Conseil des Etats n'a pas été capable d'élaborer une solution pour la période qui suivra. A la mi-janvier, la commission compétente du Conseil national devait se prononcer sur trois projets sectoriels importants: la liberté de contracter, la participation aux coûts et le «managed care» (réseaux de soins intégrés). Dans chacun de ces projets existe le risque de se diriger vers un rationnement des prestations de santé ou d'alourdir la charge sup¬portée par la population.
C'est dans ce contexte que s'est formée une large coalition d'organisations de salariés de la santé et de fournis¬seurs de prestations. Le 12 janvier dernier, cette coalition présentait son modèle d'Interlocuteur per¬sonnel de santé (IPS), destiné à sortir la politique suisse de la santé de l'impasse dans laquelle elle se trouve actuellement. Des médecins, des infirmières et des infirmiers, des physiothérapeutes et de nombreux autres spécialistes confrontés au quotidien avec les réalités de la santé ont lancé ce modèle avec l'Union syndicale suisse (USS). Le but visé de ce modèle est d'obtenir un système de santé de qualité supérieure dans le cadre de l'assurance obligatoire de soins. Grâce à l'abolition des actes et des prestations redondants, ce modèle permettra aussi d'économiser.

L'interlocuteur personnel de santé
Le modèle de l'IPS est une réponse adaptée à la crise de la médecine de famille. Il offre une solution globale et garante d'un système de soins de qualité. Il remplace le gel des admissions et rend superflu le débat sur la levée de l'obligation de contracter.
L'interlocuteur personnel de santé est au cœur du modèle. Pourront faire office d'IPS: les cabinets de médecins de famille ou de pédiatres, les cabinets groupés, les services ambulatoires et les autres réseaux dirigés par des médecins de famille. Ce sont les assurés qui se choisiront li¬brement un interlocuteur personnel de santé chargé de fournir les soins primaires et de base et d'adresser les patients aux autres fournisseurs de prestations, ce qui lui permettra de conserver une vue d'ensemble sur la chaîne thérapeutique. Les assurés auront droit, si nécessaire, à un deuxième avis médical. En outre, l'IPS regroupera la totalité des informations sur les patients. Quant aux cantons, ils seront tenus de garantir une offre généralisée en IPS.
Ce sera là un renforcement décisif des soins de base au travers de la médecine générale. Toutes et tous les assurés disposeront de soins équivalents et conserveront le droit de choisir leur médecin. Ce modèle empêchera une séparation des soins de base entre des réseaux bon marché d'un côté et une variante onéreuse avec libre choix du médecin de l'autre. L'IPS fera donc obstacle à une médecine de qualité qui ne serait garantie qu'aux seuls nantis. Qui plus est, les actes redondants seront évités, ce qui se traduira par une baisse des coûts de la santé.

Ewald Ackermann, rédacteur USS/L'ES