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Au coeur de la chimie !

A Monthey, le syndicat Unia consulte les travailleurs sur le renouvellement des CCT de Cimo et Syngenta

Unia veut revenir au cœur du site chimique de Monthey. Les conditions de travail et de salaire stagnent ou régressent. Action de trois jours devant les portes pour cueillir les travailleurs aux changements d'équipes et les consulter sur les revendications.

«Dedans!» Telle est la revendication du syndicat Unia pour reprendre pied dans le site chimique de Monthey où travaillent près de 2000 personnes pour quatre entreprises différentes. Depuis une dizaine d'années, le syndicat est tenu à l'écart au premier niveau des négociations salariales. Il n'est consulté qu'en cas d'échec des négociations avec les commissions des travailleurs. «Malgré l'engagement et l'excellent travail des commissions internes, nous constatons que notre absence a des répercussions sur les conditions de travail et de rémunération. Celles-ci stagnent ou même régressent. Les représentants des commissions subissent de fortes pressions; nous voulons redevenir l'interlocuteur privilégié», relève Blaise Carron, responsable Unia à Monthey. Pour y remédier, le syndicat entend renégocier les deux conventions collectives locales, celles de Cimo et de Syngenta, qui arrivent à échéance fin 2007. Ciba Spécialités Chimiques et Hunstman ayant chacun une convention nationale.
La semaine dernière, Blaise Carron et Roland Conus, responsable adjoint d'Unia au niveau national, ont planté leur camping-car durant trois jours aux portes du site pour distribuer à chaque changement d'équipes un questionnaire aux travailleurs non syndiqués de Cimo et Syngenta. Le but: les consulter sur la pertinence de renégocier les deux CCT locales et sur les revendications. Tous les membres d'Unia, en nombre sur le site, ont déjà reçu ce questionnaire. Ce seront eux qui, en définitive, décideront si les CCT doivent être dénoncées pour engager les négociations et qui définiront le cahier de revendications.

Contre-pouvoir indépendant
Jeudi soir, des militants d'Unia, travailleurs de la chimie, étaient aux côtés des deux syndicalistes. «La campagne "Le syndicat dedans!" coupe court à toute forme de pression que les membres des commissions peuvent subir», explique l'un d'eux. «Le fait que le syndicat ne soit pas l'interlocuteur principal permet à la direction  d'avoir une autorité supérieure sur ses partenaires employés. Elle peut faire appel à notre conscience professionnelle et cela devient tout de suite insurmontable. Dans le cadre de la mondialisation, de l'emprise des financiers sur l'économie, de la chute vertigineuse du pouvoir contractuel des employés, il est nécessaire d'avoir un représentant indépendant, professionnel, et à même de tenir tête de manière autonome aux défis de l'économie et aux directions soumises elles aussi aux pressions des groupes», explique Giovanni Cutruzzolà, membre de la commission des travailleurs de Cimo.

Temporaires en nombre
Côté travailleurs, beaucoup de temporaires, non soumis aux conventions, s'arrêtent. L'un d'eux travaille depuis 8 ans sur le site, pour 21 fr. 30 brut de l'heure... «Avec deux gamins, c'est invivable» dit-il. Depuis 7 mois, il occupe le poste d'un ouvrier parti à la retraite. A chaque fois qu'il demande d'être engagé fixe, c'est non. «Pour engager quelqu'un, ils doivent appeler Bâle, Londres ou New York», lance un militant. «Ils utilisent aujourd'hui les temporaires pour économiser sur les salaires», ajoute un autre. D'autres travailleurs passent, pressés d'entrer dans l'enceinte. Ceux qui en sortent n'ont pas eu le temps de lire le questionnaire, trop stressés, mais l'accueil est bon, les discussions s'enchaînent.
Reste à décider, d'ici fin juin, quelle sera la stratégie sur le site et en particulier chez Cimo et Syngenta. La décision reviendra aux membres d'Unia.

Sylviane Herranz