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C'est important pour notre vie

Unia Vaud s'est engagé dans la mise en place de la formation Progredir destinée aux femmes migrantes

Progredir permet aux femmes migrantes d'acquérir un CFC dans le nettoyage et dans l'hôtellerie. Une nouvelle série de cours débutera en 2017. Cette année, quatre femmes ont obtenu un Certificat fédéral de capacité. Elles ont été fêtées à Lausanne par Unia et l'institut de formation Ecap.

«Nous débuterons en 2017 notre 4e session de Progredir. Jusqu'à présent, 25 femmes ont réussi leur CFC d'agent de propreté, de spécialiste en hôtellerie ou de gestionnaire d'intendance. Nous avons compté sur le bouche-à-oreille pour faire connaître ces cours. Ça a été une aventure formidable! En 2008, moment où le projet a été lancé, beaucoup pensaient qu'il n'était pas possible de former les gens dans les métiers précaires, à cause des horaires notamment. Nous avons montré que c'est faux!» Amilcar Cunha, secrétaire syndical à Unia Vaud et initiateur du projet de formation des femmes migrantes, nommé Progredir, était heureux de féliciter, le 23 septembre dernier à Lausanne, les personnes en formation actuellement, et quatre femmes ayant décroché cet été un Certificat fédéral de capacité (CFC), sésame vers de meilleures conditions de travail et, pour certaines, vers de nouveaux horizons professionnels.
Lors d'une petite fête célébrant ces réussites, et après la projection du film de Ken Loach, Bread and Roses (Du pain et des roses), hommage à des nettoyeuses combattant l'exploitation, Amilcar Cunha a salué le courage de toutes ces migrantes ayant pris leur destin en main pour surmonter les défis professionnels et de la langue. «Un CFC, c'est un meilleur salaire, la possibilité de progresser, de devenir contremaître, gouvernante, ou même de créer une petite entreprise.»
Il a invité toutes les femmes présentes à encourager leurs collègues à s'inscrire à la prochaine session de Progredir. Mise sur pied par Unia, en collaboration avec l'Ecap, cette formation est destinée aux migrantes travaillant dans l'hôtellerie-restauration ou dans le nettoyage. Chaque participante bénéficie d'un plan de formation personnalisé, sur deux ans, pour se préparer aux examens fédéraux. Le tout à un prix modeste, de 200 francs par année, et la moitié pour les membres d'Unia*.
Durant la soirée, Amilcar Cunha a à son tour reçu de vifs remerciements des participantes à Progredir, comme de Joëlle Racine, responsable de la formation à Unia, et Andrea Leoni, coordinateur de l'Ecap Vaud. Le fondateur et inlassable recruteur et chercheur de financement de Progredir prendra en effet sa retraite en décembre. «Sans lui, ce projet n'aurait jamais vu le jour», a souligné Andrea Leoni. Modeste, Amilcar Cunha a répondu qu'il était du devoir d'Unia d'offrir aux gens cette possibilité de progresser, de montrer qu'ils sont autant capables que dans d'autres métiers. «C'est important aussi quand on croise des gens au supermarché et qu'ils nous disent qu'on leur a changé la vie!» a-t-il ajouté, avant d'offrir une rose à chacune des participantes: «Vous vous êtes encouragées, aidées, dans une belle amitié. Ça aussi, ça a été donné par cette formation.»

Sylviane Herranz

* Progredir IV se déroulera de 2017 à 2019. Renseignements auprès de Amilcar Cunha, 079 377 95 79 (jusqu'en décembre) ou au secrétariat d'Unia à Lausanne.


Témoignages

Véronica, femme de chambre dans un hôtel de Lausanne. CFC de spécialiste en hôtellerie
«Je suis arrivée en Suisse il y a 6 ans. Je venais du Portugal où je n'avais pas suivi de grandes études. J'avais 21 ans. Je voulais faire une formation dans n'importe quel domaine. Le hasard m'a emmenée dans l'hôtellerie. J'ai fait ce CFC pour pouvoir avancer, c'est une bonne base de formation. Après, on peut faire pas mal de choses, et même bifurquer. Dans l'hôtellerie, j'aurai la possibilité de faire un brevet fédéral plus tard, mais d'autres métiers m'intéressent aussi. Je vais voir ce que je peux faire pour progresser dans ma vie professionnelle.
La formation? Le plus difficile a été la théorie et l'écriture. Dans l'hôtellerie, le vocabulaire est toujours le même. Mais j'ai beaucoup appris durant les cours. Je me débrouillais bien à l'oral, par contre, comme l'écriture en français n'est pas phonétique, je n'ai pas réussi la première fois. Quand on se lance dans ce projet, il faudrait avoir de bonnes connaissances de français. Et ça devient facile. J'ai pu suivre en parallèle des cours de français à l'Ecap. Et je dis merci à Unia pour avoir pu faire ce CFC. Ça a été une grande opportunité, même au niveau du coût, car si on devait tout payer de notre poche, ce serait impossible.»


Angela, Villeneuve, CFC d'agent de propreté

«Je suis venue du Portugal en 2012, avec ma fille et mon mari. J'y avais repris un petit magasin et ça ne marchait pas. Ici, je fais de l'entretien dans des ménages privés. Mais mon âge est un problème aujourd'hui pour trouver du travail, j'ai 52 ans. Avec ce CFC, je pourrai faire autre chose, peut-être fonder une micro-entreprise avec une collègue de Progredir. Pour faire concurrence aux autres sociétés (rires, ndlr)! Avec ces cours, j'ai aussi découvert le syndicat et j'ai pu me battre jusqu'au tribunal pour récupérer des heures de travail qui ne m'avaient pas été payées par l'entreprise où je travaillais. Seule, je n'aurais jamais été au tribunal. Quand on arrive ici, on a peur, on n'ose rien dire. Mais maintenant je n'ai plus peur!
Progredir a été très important pour moi, j'ai pu approfondir le français, rencontrer d'autres personnes, c'est un point très positif. J'ai quitté le Portugal, la crise, car il n'y avait pas d'emploi. Pour ça, je remercie la Suisse et Unia d'avoir donné un renouveau à ma vie. Ma fille va à l'école, c'est une très bonne élève. Elle pense faire une maturité. Et mon mari, qui travaillait jusque-là qu'avec des maisons temporaires, vient de signer un contrat avec un patron!»


Sandrine, employée d'une entreprise de nettoyage à Lausanne, CFC d'agent de propreté

«Je suis Portugaise, née en France. A l'âge de 9 ans, je suis retournée au Portugal, et je l'ai quitté à 22 ans pour venir ici. Au Portugal, j'ai suivi une formation dans une école professionnelle d'administration. J'ai ensuite travaillé 2 ans comme secrétaire. Mon mari avait un travail en Suisse allemande. Je gagnais 500 euros. Avec un tel salaire, il n'y a pas d'avenir, c'est pour ça que nous avons émigré.
C'est mon patron qui m'a envoyé une information sur Progredir. J'ai saisi cette opportunité de faire une formation reconnue en Suisse. J'aurais aimé pratiquer le même métier que chez moi, mais mon papier n'a pas été validé. Il faudrait tout recommencer à zéro. Avec un CFC, j'ai la possibilité de suivre une autre formation. Pour moi, les cours n'ont pas été difficiles car je parle français, par contre, comme j'étais enceinte, j'étais très fatiguée et j'ai échoué lors de mes premiers examens. Mais cette année, j'ai très bien réussi! J'ai même obtenu un prix, je suis très contente! Au moins, j'ai un diplôme reconnu. C'est important pour la vie professionnelle, mais aussi pour nous-même, pour notre dignité.»