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A Fribourg, le travail du samedi s'étend

Le travail du samedi devient inquiétant dans la construction à Fribourg. La situation est plus calme dans les autres cantons

De nombreuses entreprises font travailler leurs ouvriers le samedi dans la construction à Fribourg, sans même l'annoncer à la commission paritaire. Unia Fribourg demandera un retour strict à un régime d'autorisation lors des négociations paritaires de cet automne. Les contrôles doivent aussi être renforcés, dans les autres cantons également.

A Fribourg, le travail du samedi dans la construction s'étend de manière inquiétante. Au point de faire réagir la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs. Dans un dernier bulletin, celle-ci rappelle à ses membres l'obligation d'annoncer à la commission paritaire le recours au travail du samedi. De nombreuses entreprises ne prennent pas la peine de respecter les règles prévues à cet effet par la Convention nationale de la construction (CN). Selon le secrétaire patronal René Schouwey, interrogé cet été par La Liberté, des dénonciations pour non-respect de la procédure d'annonce interviennent pratiquement chaque semaine. Pourtant, le nombre d'annonces pour le travail du samedi est relativement élevé à Fribourg, environ 200 en 2007. Et le nombre de jours de travail du samedi non annoncés dépasse même ce chiffre selon les estimations d'Unia Fribourg. Ce qui laisse penser que le recours au travail du samedi est souvent abusif dans le canton.

Nécessités impératives
Travailler le samedi doit en effet répondre à des raisons impératives, comme la sécurité, la nécessité pour le bien de l'ouvrage (coulage d'une dalle de béton en continu par exemple), ou la prévision d'intempéries qui rendent une intervention urgente. Des critères précis de ce type sont fixés par les commissions paritaires des différents cantons. «Le travail du samedi n'est pas justifiable pour des raisons de délais à tenir. Certaines entreprises ont des problèmes d'organisation, bientôt elles voudront travailler le dimanche», commente Armand Jaquier, secrétaire régional d'Unia Fribourg. Rappelons que, selon la CN, les heures effectuées le samedi doivent être rémunérées 25% de plus que pendant les jours de la semaine.
Le syndicaliste indique aussi que la situation s'est aggravée pendant le vide conventionnel dans la construction en début d'année, dont certains entrepreneurs ont profité. A noter également que l'extension de la convention par le Conseil fédéral n'est prévue, en principe, que pour le 1er octobre. Ce qui signifie que les entreprises non-membres de la Société suisse des entrepreneurs ne sont pas encore soumises formellement à la CN.

Vaud et Valais plus stricts
Pour remédier aux abus en matière de travail du samedi, Unia Fribourg demandera que le canton revienne à un régime strict d'autorisation lors des négociations paritaires de cet automne, comme cela était le cas avant 2005.
Le passage obligé par une demande d'autorisation auprès de la commission paritaire est pratiqué dans les cantons de Vaud et du Valais qui ont adopté un tel système, plus contraignant, dans leurs avenants cantonaux à la CN. Les secrétariats régionaux d'Unia vérifient que les raisons alléguées répondent à de stricts critères de nécessité et procèdent à de nombreux contrôles ponctuels sur les chantiers. Cette façon de procéder a fait ses preuves, selon les responsables syndicaux interrogés. Au final, il appartient à la commission paritaire de donner son aval. Ce qui n'empêche toutefois pas complètement les abus: «Il y en a, surtout au niveau des sous-traitants. Nous allons y être encore plus attentifs cet automne», indique Pietro Carrobio, responsable de la construction à Unia Vaud.
Unia Valais insiste pour sa part sur la nécessité d'un renforcement des contrôles. Grâce à un accord cantonal, un inspecteur du travail du canton sera joignable le samedi.

Davantage de contrôles
Dans les autres cantons romands, le régime d'annonce seule qui y prévaut satisfait le syndicat. Même si Neuchâtel et le Jura souhaitent aussi un renforcement des contrôles pour limiter les abus existants: «Ce sont surtout les grandes entreprises qui annoncent le travail du samedi. Ce qui laisse à penser que de petits entrepreneurs ne préviennent pas lorsqu'ils y ont recours», indique Armenio Cabete, responsable de la construction à Unia Transjurane. A Genève par contre, «la situation est sous contrôle à ce niveau», assure Alessandro Pelizzari, secrétaire syndical.

Christophe Koessler