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Gare à la santé des vendeurs

Le personnel de vente se mobilise pour empêcher la détérioration de ses conditions de travail et préserver sa santé

Les délégués à la conférence de branche d'Unia du commerce de détail, réunis la semaine dernière à Berne, ont plaidé pour une meilleure protection de la santé au travail. La crise naissante dans ce domaine d'activité sert de prétexte à la précarisation accélérée des emplois et à une dégradation des conditions de travail qui se répercutent sur la santé du personnel.

Les derniers chiffres de l'Office fédéral de la statistique (OFS) le confirment: le commerce de détail enregistre une stagnation, attestant ainsi que la crise commence à déployer ses effets dans ce secteur jusqu'ici relativement épargné. Tout indique qu'un recul d'activité est à prévoir dans les mois à venir. Cette nouvelle donne, ses conséquences sur le travail et les réponses à y apporter ont été au centre des préoccupations exprimées par la soixantaine de délégués à la conférence de branche d'Unia du commerce de détail, la semaine dernière à Berne.

La santé est un droit
Sous couvert de la crise, un certain nombre d'employeurs profitent de licencier et de durcir les conditions de travail. «Celles-ci étaient déjà précaires, mais elles le deviennent encore davantage, déplore Catherine Laubscher, membre de la direction du secteur tertiaire d'Unia. Des employées engagées à l'heure ne sont pratiquement plus appelées. En revanche, celles qui sont à poste fixe doivent travailler davantage et sont souvent poussées à faire des heures supplémentaires qui dans certains cas ne sont pas payées.» Cette précarité de l'emploi, ces pressions et cette dégradation se répercutent sur la santé des effectifs. «C'est inadmissible, ce n'est pas au personnel de se rendre malade pour payer la facture d'une crise dont il n'est pas responsable.»

Prévention obligatoire
Les participants à la conférence se sont élevés contre les suppressions d'emplois, contre la réduction forcée du taux d'occupation et la multiplication des contrats précaires. Ils demandent que le personnel et ses représentants soient associés à des mesures visant à améliorer la santé et l'hygiène sur le lieu de travail. Exemple, une déléguée a souhaité que dans son entreprise, les cours de prévention deviennent obligatoires et non plus facultatifs. «Il est important que la personne puisse faire savoir ce qui se passe à son travail. Il y a également un grand besoin d'information sur les droits du personnel, à l'intérieur de l'entreprise», précise Christine Michel, coordinatrice Unia de la campagne pour la sécurité et l'hygiène au travail. Identifier et communiquer les problèmes favorise leur résolution, comme l'a prouvé récemment l'intervention des employées d'un centre commercial de Zurich pour rendre public le fait qu'elles étaient contraintes d'aller aux toilettes deux étages en dessous de leur lieu de travail, ce qui entraînait la déduction d'un quart d'heure de travail à la timbreuse. Sitôt ce fait révélé dans les médias, l'employeur s'est empressé de corriger le tir, en invoquant... un malentendu.
 A l'issue de la conférence, les délégués ont voté le plan syndical anticrise en six points. Ils ont également rejeté l'extension des horaires d'ouverture des magasins, rappelant que cela n'apporte strictement rien au combat contre la crise. Le vrai problème, ce ne sont pas les horaires, mais l'érosion du pouvoir d'achat.

Pierre Noverraz