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Guerre à la guerre!

Les peuples veulent la paix. Les gouvernements livrent des armes. Et profitent de l’agression russe contre l’Ukraine pour gonfler leurs budgets militaires.

Dans de nombreuses villes d’Europe et ailleurs dans le monde, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour demander l’arrêt des combats en Ukraine. En Allemagne, elles étaient 250000 à Cologne au tout début du conflit, des centaines de milliers à Berlin, jusqu’à 500000 avancent certains, réunies sous la devise «Stop à la guerre. La paix pour l’Ukraine et toute l’Europe». Malgré cette vague populaire, le gouvernement d’Olaf Scholz a annoncé le déblocage de 100 milliards d’euros pour réarmer son pays, et la livraison d’armes à l’Ukraine, rompant avec sa politique non interventionniste. De nombreux autres pays lui ont emboîté le pas.

En Suisse aussi, les protestations se sont succédé: 20000 personnes à Berne le 26 février, 40000 à Zurich le 5 mars et des milliers encore à Genève. Ce même jour, à Rome, 50000 personnes se sont mobilisées à l’appel des syndicats et de nombreuses organisations. «Il n’y a pas de guerres justes ni de bombes intelligentes» a déclaré Maurizio Landini, secrétaire général de la CGIL, la centrale syndicale italienne, qui s’est élevé contre la livraison d’armes à l’Ukraine. En Russie également, les manifestations n’ont pas cessé, conduisant à des milliers d’arrestations.

Alors que des combats meurtriers font rage, les multinationales du négoce et de l’armement se frottent les mains. Leurs valeurs boursières s’envolent. L’action de Glencore, géant suisse des matières premières, a par exemple augmenté de 15% depuis le déclenchement des hostilités. Une flambée constatée aussi du côté des marchands d’armes. Selon le site zonebourse.com, les «grands gagnants» des hausses de budget de la défense de plusieurs pays sont les fabricants d'avions à réaction, de missiles et de radars. Avec des actions qui prennent l’ascenseur, entre 15 et 80%!

Les vainqueurs de cette politique guerrière sont connus. Les perdants aussi. Ce sont les peuples, les salariés, la jeunesse qui en paient le prix fort. Un tribut fait de sang, de morts, de détresse, d’exil, de destructions massives pour les Ukrainiens. Et de misère pour les populations d’Europe et de Russie, touchées par la flambée des prix ou les difficultés d’approvisionnement.

Oui, les peuples veulent la paix. La guerre est l’instrument des puissants, du grand capital, des oligarques et des profiteurs, qui n’ont aucun scrupule à faire sombrer dans la barbarie des populations entières pour défendre leurs propres intérêts.

Il y a 110 ans à Bâle, des socialistes et des militants ouvriers de 21 pays se réunissaient en Congrès international extraordinaire, alertés par la guerre fratricide en cours dans les Balkans. Dans la salle, face aux 555 délégués réunis les 24 et 25 novembre 1912, une large banderole affichait leurs devises: «Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!» et «Guerre à la guerre!» Après deux jours de débat, un Manifeste a été adopté. Il appelait les «prolétaires et socialistes de tous les pays» à faire entendre leur voix par tous les moyens possibles pour opposer «au monde capitaliste de l’exploitation et du meurtre des masses le monde prolétarien de la paix et de l’union des peuples.»

Face au conflit meurtrier en Ukraine, renouons avec les devises de nos prédécesseurs. Car le seul moyen de stopper cette barbarie, c’est de lutter partout où l’on se trouve contre ceux qui se nourrissent du sang et des larmes des exploitées et des exploités.