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Irak, justice en berne

Trois à zéro... Trois ans de prison pour «agression sur un chef d'Etat étranger en visite officielle» et zéro année de prison pour l'agression de tout un peuple, des centaines de milliers de morts et des millions de réfugiés résultant d'une guerre «éclair» et de six ans d'occupation. Trois ans de prison, c'est le verdict tombé jeudi dernier à l'encontre du journaliste irakien Mountazer Al-Zaïdi qui, en décembre 2008, avait lancé ses chaussures sur Georges Bush, président américain encore en exercice, lors de sa visite «d'adieu» à Bagdad. Un verdict inique en regard de l'impunité des violations et des meurtres perpétrés par l'armée américaine depuis le déclenchement de la 2e guerre du golfe, le 21 mars 2003. Un verdict inique en regard de ces six ans d'occupation et de pillage.

Pour se féliciter de ses «succès», Bush s'était déplacé en Irak en décembre. Lorsqu'il a abordé la question durant sa conférence de presse, placée sous haute surveillance, Mountazer Al-Zaïdi est sorti de ses gonds, ou plutôt de ses mocassins qu'il a envoyés à la figure du président. «Il est le plus grand responsable des meurtres commis contre mon peuple et j'ai donc modestement voulu faire quelque chose pour les victimes» avait dit le journaliste, cité par l'AFP, au début de son procès en février. «Il parlait des victoires et des réussites (américaines) en Irak, mais moi ce que je vois en matière de réussite, c'est un million de martyrs, le sang versé, les mosquées perquisitionnées, les Irakiennes violées, les Irakiens humiliés», avait-il poursuivi.

Ces crimes, pétrole oblige, resteront impunis. Et l'occupation se poursuit. Barak Obama avait promis un retrait des troupes d'Irak. Il a annoncé que deux tiers des 150000 soldats partiront d'ici à l'été 2010. Alors que la crise paupérise la population américaine et que l'occupation de l'Irak coûte 400 millions de dollars par jour, des voix s'élèvent à nouveau pour exiger le retrait immédiat. Ce samedi 21 mars, 6e anniversaire du déclenchement de la guerre, plus de 1000 organisations et personnalités appellent à une grande marche sur le Pentagone. «Ni guerres, ni occupation. Des emplois et de l'instruction. Ramenez les troupes au pays, maintenant!» scanderont les manifestants, qui permettront peut-être à la justice de retrouver ses droits. Et au lanceur de chaussures la liberté...

Sylviane Herranz