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«Jina Mahsa Amini a été sacrifiée pour la liberté»

Shiva Khosravi à la tribune.
© Olivier Vogelsang

Shiva Khosravi a lancé un poignant appel à la solidarité avec le peuple iranien et les travailleurs en grève. En hommage à Jina Mahsa Amini, elle a conclu son discours sur ces paroles: "Ses cheveux au vent ont été l'étincelle qui a mis le feu à la barbe des ayatollahs."

Intense moment d’émotion et de solidarité durant le 57e Congrès de l’USS. A l’issue de la prise de parole de l’artiste et militante des droits de l’homme iranienne Shiva Khosravi, toute la salle s’est levée pour saluer, par de longs applaudissements, son message et le courage de tous les Iraniens luttant depuis plus de deux mois contre le régime des ayatollahs. Shiva Khosravi a quitté l’Iran à 22 ans pour poursuivre ses études en Suisse. Elle se bat aujourd’hui pour soutenir son peuple, dont la révolte a éclaté après le décès de Jina Masha Amini, battue à mort par la police des mœurs pour avoir porté son foulard de manière incorrecte. Shiva Khosravi a rappelé le combat plus que centenaire pour la démocratie en Iran, et évoqué les grandes manifestations contre la République islamique de 2009, et celle de 2019, réprimée dans le sang. «Les Iraniens veulent l’écroulement de la totalité du régime. C'est une révolution qui est totalement laïque et qui n’est pas contre la religion, mais contre un système politique religieux, a expliqué la militante. Depuis le 16 septembre, l’Iran brûle. Plus de 400 morts, au moins 60 enfants ont été tués pendant les manifestations et plus de 16000 personnes ont été arrêtées.»

Evoquant la place des femmes en Iran, limitée à leur fonction reproductive, sans droits, obligées de porter le voile dès l’âge de 6 ans, pouvant se marier à 9 ans, elle a raconté comment le slogan «Zan, zendegi, azadiJin, jiyan, azadi – Femme, vie, liberté» est devenu celui de la révolution en cours. «Il est repris partout dans le monde, par les hommes aussi. Ils nous soutiennent. Ils disent que si les femmes obtiennent la liberté, ils l’auront aussi. Car il n’y a pas que les femmes qui souffrent en Iran, il y a les minorités ethniques, les Kurdes, les Baloutches, les Turcs et les Arabes d’Iran, les minorités religieuses, Les LGBTQ, les ouvriers, tous ceux qui ont été exclus de leurs droits jusqu'à ce jour.»

«Les travailleurs ont rejoint cette révolution»

Shiva Khosravi a parlé des grèves qui se multiplient dans le pays: «Aujourd’hui, les ouvriers et les ouvrières sont entrés dans la lutte, les étudiants, les écoliers, les avocats, les médecins, les artistes, les enseignants, les journalistes… Les travailleurs ont rejoint cette révolution. Les ouvriers et les ouvrières souffrent encore plus ces derniers temps, leur quotidien est pénible, avec des salaires insuffisants pour vivre.» Effondrement de la monnaie locale qui a perdu 82% de sa valeur, une inflation qui atteint 54%, pas de hausse des salaires ou salaires impayés depuis des mois. «Quand ils revendiquent leurs droits et leur salaire, on y répond par des armes et des arrestations», a-t-elle souligné, ajoutant que les grèves actuelles pourraient être qualifiées de grèves politiques. «Car tous les gens qui font la grève en Iran depuis ces deux derniers mois se rassemblent sur leur lieu de travail, commencent à chanter des slogans contre le régime et déclarent leur solidarité avec le peuple iranien qui manifeste dans les rues. Ils disent leur mécontentement face au régime, à la situation économique, à la corruption. La situation des travailleurs qui font la grève en Iran n’est pas la même qu’en Suisse ou en Europe. Ils se mettent en danger parce que le régime les menace, eux et leurs familles, de mort ou d’emprisonnement, et aussi de licenciement. Mais malgré tout ça, ils continuent. Et le régime censure toutes nouvelles grèves.»

Shiva Khosravi a invité les syndicats suisses à donner «un signal fort de solidarité aux peuples d’Iran» en appuyant les revendications de la diaspora: expulsion de tous les diplomates de la République islamique, sanctions sévères ciblées sur les responsables du régime, gel des avoirs du régime et création d’un fonds de solidarité avec les grévistes en Iran «pour encourager d’autres ouvriers à rejoindre la lutte». Et la jeune femme de conclure, émue: «Jina Mahsa Amini a été sacrifiée pour la liberté. Ses cheveux au vent ont été l’étincelle qui a mis le feu à la barbe des ayatollahs.»

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