La Grève féministe appelle à une grande mobilisation dans les rues pour porter ses messages d’égalité
Les assises nationales de la Grève féministe réunissant quelque 150 personnes ont eu lieu le 15 mai dernier en ligne. Le 14 juin, c’est dans la rue que les actions, nombreuses, se dérouleront un peu partout. Avec des moments forts à midi, puis à 15h19, heure à laquelle les femmes ne sont plus payées, et enfin, dès 18h, par une action commune, en silence le poing levé ou bruyamment, avant des manifestations.
Entretien avec une des chevilles ouvrières de la mobilisation féministe et secrétaire syndicale d’Unia Vaud, Tamara Knezevic.
Quels sont les grands thèmes qui ont émergé lors des assises cette année?
Le thème d’AVS 21 fâche, bien sûr, beaucoup les féministes. D’ailleurs, le 7 juin*, un peu partout en Suisse romande entre 15h et 17h, des distributions de tracts et des discours sont prévus pour alerter contre cette réforme afin de s’y opposer, juste avant les débats en plénum du Conseil national planifiés pour le 9 juin. Une action à Berne devrait avoir lieu aussi ce jour-là devant le Palais fédéral. Le deuxième grand point abordé a été les violences sexistes et sexuelles avec la révision du Code pénal. La définition du viol ne doit plus être fondée sur la notion de contrainte, mais sur celle du consentement. Troisièmement, la reconnaissance du travail du care est centrale. Le travail gratuit des femmes représente entre 10% et 39% du PIB. Or, il n’est toujours pas reconnu et cela s’est aggravé avec le Covid-19.
Nous avons aussi parlé du sexisme au sein des rédactions, avec des journalistes de la RTS et de Tamedia, mais aussi de la manière dont sont traitées les violences dans les médias. On ne peut, par exemple, plus continuer à parler de «drame familial» quand il s’agit de féminicide.
La question du référendum contre le mariage pour tous a aussi été abordée. Nous le combattrons, car les couples homosexuels doivent avoir accès aux mêmes droits. Ce même si les normes du mariage et de la famille reposent sur le patriarcat et que les violences sexuelles et sexistes se passent majoritairement au cœur de la sphère privée.
Cette année, des actions pour symboliser l’inégalité salariale se dérouleront partout en Suisse à 15h19, soit 5 minutes plus tôt qu’en 2019. Comment expliquer ce recul?
Ce chiffre se fonde sur des statistiques qui remontent à 2018. Donc cette augmentation des inégalités salariales ne peut être corrélée à la mobilisation féministe de 2019 ou au Covid-19. C’est surtout dans les services publics que les inégalités se sont creusées. Et, avec la pandémie, cela risque d’empirer aussi dans le privé, notamment dans l’hôtellerie-restauration et la blanchisserie.
Est-ce que le probable référendum contre AVS 21 sera l’occasion de poursuivre la convergence des luttes?
La grève féministe va bien sûr se battre aux côtés de la gauche radicale et des syndicats. Nous travaillerons aussi main dans la main avec la Grève du climat, car lutter contre l’augmentation de l’âge de la retraite est une revendication non seulement féministe mais aussi écologique. Il s’agit de renforcer l’AVS plutôt que le 2e pilier avec lequel les caisses de pension investissent dans les énergies fossiles. Dans le canton de Vaud par exemple, nous souhaitons aussi thématiser la répression des mouvements sociaux. Pour notre part, nous cumulons quelque 20000 francs d’amendes à la suite des mobilisations du 14 juin 2020...
*A Lausanne, action prévue le lundi 7 juin à 15h sur la place du 14 juin (devant l’Eglise St-Laurent).