La solidarité à nouveau sanctionnée
La semaine dernière, le Tribunal cantonal valaisan a confirmé la peine pécuniaire infligée à une femme de 73 ans, ayant agi selon sa conscience en secourant un jeune requérant d’asile débouté et renvoyé en Italie en 2018, dans le froid glacial de l’hiver et dans un état psychologique plus qu’alarmant (voir en page 9). Anni Lanz est de ces personnes qui, aujourd’hui, tentent tant bien que mal de combattre une politique d’asile aux conséquences dévastatrices.
La semaine dernière toujours, nous apprenions le retour d’une famille de réfugiés expulsée de Leysin vers la Géorgie en avril dernier, avec une brutalité inouïe. Devant ses trois enfants, nés en Suisse, la maman avait été transférée de force dans l’avion, un casque sur la tête, un élément l’étouffant dans la bouche, bras et jambes ligotés sur une chaise roulante…
Ces révélations sur l’expulsion odieuse de cette famille, dont le quotidien 24 heures s’est fait l’écho, comme la confirmation de la condamnation d’Anni Lanz, nous rappellent que la Suisse n’est pas le pays humanitaire qu’elle prétend. Mais bien un des Etats de l’Europe de Schengen et de Dublin qui repousse aux frontières du continent toutes les personnes fuyant la guerre et la misère, poussées par des conflits ou le pillage de leurs terres. Une situation à laquelle les multinationales hébergées en Suisse ne sont pas étrangères.
Cet été, c’est aussi dans des conditions inhumaines que des réfugiés ont dû rester des jours voire des semaines, sur des bateaux affrétés par des ONG pour les sauver d’une noyade certaine. Interdits de débarquer en Italie par un gouvernement réactionnaire, qui n’a fait que s’appuyer sur une législation préexistante et sur la politique anti-asile européenne développée depuis des années. La centaine de migrants de l’Open-Arms a enfin pu débarquer à Lampedusa le 20 août, grâce à l’engagement d’un procureur ayant placé la santé des réfugiés au-dessus l’autorité de son Premier ministre. Deux jours plus tard, les 356 exilés bloqués sur l’Ocean Viking ont à leur tour pu entrevoir une issue avant d’être acheminés à Malte et vers les six pays prêts à les accueillir.
Si ce dénouement heureux ne peut être que salué, il n’en reste pas moins que depuis 4 ans, plus de 20000 hommes, femmes et enfants ont péri dans les eaux de la Méditerranée. Va-t-on accepter cela encore longtemps?
Le monde est à la dérive. Bien sûr, il y a les Salvini, Trump – qui vient d’autoriser la détention d’une durée illimitée des enfants migrants – et les autres. Notre Conseil fédéral a lui aussi une énorme responsabilité. La Suisse est membre de l’espace Schengen. Elle applique avec brutalité les règlements Dublin de renvoi vers les pays de premier accueil.
Il est temps d’ouvrir les yeux et de faire cesser cette politique inhumaine, en Suisse comme ailleurs. Il est temps que les personnes qui s’engagent en faveur de personnes en détresse, avec ou sans papiers, ne soient plus considérées comme des criminels. Et il est temps d’agir pour changer la politique d’asile en Suisse et à l’échelle de tout le continent!