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Les solutions anti-crise des syndicats genevois

Les syndicats présentent un programme pour lutter contre la crise à Genève

«Il ne faut pas parler de ‘plan de relance', car nous ne voulons pas relancer le système, mais opérer des changements de fond», précise d'emblée Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia Genève à l'heure de présenter les propositions anti-crise des syndicats genevois. Des mesures qui ne sont pas centrées sur des plans de grands travaux, comme c'est le cas traditionnellement, mais sur la redistribution des richesses, le désarmement des pouvoirs financiers, le redéploiement des services publics, le soutien aux chômeurs et la création d'emplois socialement utiles. Ces propositions de la Communauté genevoise d'action syndicale (CGAS) se situent à des années lumières du «plan de relance» du Conseil d'Etat genevois, présenté le 28 avril à la presse. D'autant que, pour les syndicats, ce plan n'a de relance que le nom. «Présenter cela comme un plan de relance relève de l'escroquerie», tonne Alessandro Pelizzari.

L'Etat soutient les riches
Si les syndicats saluent le fait que les travaux publics prévus par le canton ont été rapprochés dans le temps, ils constatent qu'aucun nouveau projet n'est prévu par le gouvernement. Quant à la seule autre mesure présentée - des baisses fiscales de 300 millions de francs - celle-ci ne favorisera principalement que les hauts et très hauts revenus, estime Unia, même si de légères baisses sont prévues pour les salaires les plus modestes. Le Conseil d'Etat a aussi avalisé un «bouclier fiscal» pour riches, plafonnant leur charge fiscale à 60%, ce qui devrait occasionner une perte de 35 millions pour l'Etat. En revanche, rien n'est proposé pour les chômeurs, alors que le Conseil d'Etat dispose d'une majorité de gauche (deux ministres socialistes et deux ministres verts.) «C'est scandaleux en temps de crise. Le chômage va fortement augmenter», souligne le syndicaliste.

Justice fiscale
Les propositions des syndicats en matière fiscale contrastent franchement avec celles du gouvernement : «Il faut que quelqu'un paye les dégâts de la crise. Que ce soit ceux qui l'ont causée!», résume Alessandro Pelizzari. Plus largement, la CGAS souhaite l'instauration d'un système plus solidaire, en taxant les gains en capitaux et les mouvements spéculatifs, en renforçant la progressivité de l'impôts sur le revenu (qui gagne plus paie plus), etc. Tout ceci doit s'accompagner d'une politique globale visant à supprimer tous les paradis fiscaux, le secret bancaire et l'évasion fiscale...
La CGAS souhaite aussi renforcer le pouvoir d'achat des salariés par l'adoption d'un salaire minimum légal de 4200 francs, l'augmentation des allocations familiales et des subventions aux primes maladies, la baisse immédiate des loyers et la gratuité de certains services fondamentaux (notamment dans la santé, l'éducation et les transports).

Services publics et chômage
Les services publics devraient aussi être développés. Une pépinière d'emplois pourrait être générée afin de répondre décemment aux besoins sociaux de la population, estiment les syndicats: accompagnement et soins aux personnes âgées, prises en charges des enfants avant et pendant la scolarité, avec la création de places de crèches et le développement du parascolaire. Des emplois socialement utiles devraient aussi être créés dans des secteurs porteurs d'avenir, comme la protection de l'environnement, les énergies renouvelables, le recyclage des matériaux et l'agriculture de proximité.
Les syndicats réclament bien sûr également davantage de soutien pour les chômeurs. A Genève, un emploi-formation devrait par exemple être garanti dans les faits à chaque chômeur au bout de douze mois, en vue de sa réinsertion.

Appel à la mobilisation
Bien sûr, seule l'imposition d'un rapport de forces en faveur des travailleurs pourrait permettre la réalisation de ce genre de mesures. Des mobilisations syndicales nationales au sujet de la crise sont donc prévues jusqu'en septembre, mois pendant lequel aura lieu une manifestation nationale. Prochain rendez-vous? A Genève, le 16 mai, une première manifestation «anti-crise» donnera le ton dans le cadre de mobilisations européennes qui se dérouleront à Bruxelles, Berlin, Prague et Madrid (lire page 3).

Christophe Koessler