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Les syndicats protestent contre Uber devant le siège des CFF et de La Poste

Les syndicats Unia SEV et Syndicom se sont mobilisés contre La Poste et les CFF qui intègrent Uber dans leurs applications

La société américaine Uber ne respecte pas le droit suisse puisqu'elle refuse de verser des cotisations sociales à ses employés - qu'elle considère comme indépendants -, encourage le travail au noir et ne paie pas de TVA. Le constat des syndicats est sans appel. Or, malgré ce dumping social et salarial, des entreprises publiques coopèrent avec Uber.

«Les entreprises publiques n'ont pas à promouvoir les services illicites d'Uber.» Tel est l'avis des syndicats qui, une fois de plus, se dressent contre les agissements de la société américaine, mais aussi contre ses partenaires. Cette fois-ci, mardi 4 avril, c'est ensemble et devant le siège de La Poste et des CFF à Berne, et dans plusieurs gares de Suisse, qu'Unia, le SEV et Syndicom, accompagnés de nombreux chauffeurs de taxi venus notamment de Zurich, Bâle, Lausanne et Genève, ont manifesté leur mécontentement et demandé aux anciennes régies nationales de renoncer à toute collaboration avec la société américaine.
La Poste a déjà mis en place dans la région bâloise l'application de mobilité «NordwestMobil» qui recommande Uber pour certains trajets. Dans sa phase de test (d'octobre 2016 à l'automne 2017), CarPostal dit vouloir proposer «le plus grand nombre possible d'itinéraires différents». «Il peut s'agir des transports individuels, des transports publics, des chemins pour piétons, des pistes cyclables, des voitures de location, des offres de sharing ou des services de taxi», écrit La Poste Suisse dans un communiqué qui se dit «consciente du fait qu'Uber suscite des critiques de la part de responsables politiques et de syndicats» et «observe donc attentivement la situation». Toutefois, «dans la mesure où il n'existe pas d'interdiction légale vis-à-vis d'Uber, La Poste considère cette plateforme comme une offre légale et ne voit, en l'état actuel, aucune raison d'y renoncer au cours de la phase pilote»...
Les CFF souhaitent également intégrer ce service de transport dans leur nouvelle application de planification des voyages sans donner de date plus précise. Son porte-parole relève que les CFF «s'en tiennent aux prescriptions légales et aux règles en vigueur» et «s'attendent à ce que ses partenaires aient la même attitude».

Un modèle d'affaires dangereux
Lors de cette action, Vania Alleva, présidente d'Unia, a expliqué les raisons politiques et juridiques d'un tel combat de la part des syndicats. «Le modèle d'affaires d'Uber prive de leurs droits les travailleurs. La multinationale impose à ses chauffeurs une relation de dépendance que des experts réputés en droit du travail ainsi que des autorités étatiques ont clairement qualifiée de statut d'employé», peut-on lire dans un communiqué intersyndical.
Rappelons que la Caisse nationale suisse d'assurance en cas d'accident (Suva), l'Institution des assurances sociales du canton de Zurich (SVA) ou encore le professeur de droit du travail et des assurances sociales Kurt Pärli, considèrent Uber comme un employeur.
Or Uber continue de ne pas reconnaître ses employés comme tels, obligeant ceux-ci à une indépendance fictive. La multinationale ne s'acquitte ainsi d'aucune de ses obligations, mais se permet de percevoir une commission de 25% à 30%.
En plus du dumping salarial, Vania Alleva dénonce des contrats illégaux ou encore des violations des dispositions légales régissant le transport professionnel de personnes. Preuve en est les inculpations de centaines de chauffeurs Uber exerçant sans autorisation. La multinationale conseille d'ailleurs ses conducteurs à faire croire que le client est une connaissance en le faisant monter à ses côtés. «Si Uber devait parvenir à s'imposer avec ce modèle d'affaires scandaleux, ce serait une remise en question fondamentale de l'avenir du travail dans notre société... Dans ce contexte, la coopération d'entreprises proches de la Confédération avec Uber est particulièrement choquante», estime Vania Alleva. Ainsi, «elles cautionnent les pratiques antisociales et illicites d'Uber», renchérit, Giorgio Tuti, président du SEV.
En plus de faire concurrence aux chauffeurs de taxi (à Bâle, leur chiffre d'affaire aurait chuté de 50%), «de faux indépendants feront concurrence aux conducteurs de CarPostal», prévient quant à lui Daniel Münger, responsable du secteur Poste et logistique à Syndicom, extrêmement inquiet de la situation.
Quant au Conseil fédéral, il estime toujours que ce sont aux CFF et à La Poste de décider, même s'il attend (selon la réponse donnée le 13 mars par le Conseil fédéral à la conseillère nationale socialiste Edith Graf-Litscher) «des entreprises appartenant à la Confédération et de leurs partenaires qu'ils se conforment aux prescriptions légales».


Aline Andrey

www.uber-illegal.ch/fr pour envoyer un e-mail de protestation contre les collaborations des entreprises publiques avec Uber.