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Licenciements chez Franck Muller

La direction annonce à plus de 18 employés qu'ils sont licenciés pour

Nouvelle affaire louche chez Franck Muller SA dans la région genevoise. Après les nombreux cas de harcèlement moral et sexuel dénoncés par Unia ces derniers mois - qui ont conduit à un débrayage l'été dernier - la société horlogère a prononcé fin novembre une vague de licenciements collectifs sans respecter les procédures d'annonce obligatoires, explique Unia. «La société semble aussi se servir d'un plan de restructuration pour se débarrasser au passage d'une partie des employés qui ont osé manifester leur indignation face à une politique du personnel intolérable», s'indigne Olivier Amrein, secrétaire syndical à Unia. Au moins quatre travailleurs qui avaient participé au débrayage viennent en effet d'être remerciés. Ils s'ajoutent aux quatre autres employés déjà licenciés cet été en représailles à leur engagement.

Restructuration
Le nombre de congés donnés par les diverses sociétés du groupe à la fin novembre - sur les sites de Meyrin, Mies, Genthod, Plan-les-Ouates et les Cabinotiers - s'élèverait à 18 au moins, selon les informations récoltées par Unia auprès des collaborateurs. Pour Unia, il s'agit clairement de licenciements économiques liés à un plan de restructuration: tous les employés (sauf une exception) qui ont consulté le syndicat ont affirmé avoir été licenciés oralement pour «restructuration». Or la Convention collective de l'horlogerie indique clairement qu'en cas de licenciements économiques, les partenaires sociaux doivent être informés à l'avance pour qu'ils puissent envisager d'autres solutions, tels des reclassements internes, des aides pour retrouver un autre emploi ou une réduction du temps de travail. Ce qui n'a pas été fait.

Mauvaise foi
Alertée par Unia, la faîtière patronale  - l'Union des fabricants d'horlogerie de Genève, Vaud et Valais (UFGVV) - n'avait pas non plus reçu d'informations à ce sujet de la part du groupe. Or, en réclamant des explications à Franck Muller SA, l'UFGVV a obtenu une réponse pour le moins particulière. La société affirme qu'aucun licenciement économique n'avait été prononcé et que l'ensemble de ces congés (sans préciser combien) résultait des conclusions de l'évaluation individuelle annuelle. Autrement dit, les employés auraient été congédiés pour ne pas avoir répondu aux exigences de l'entreprise. «C'est de la mauvaise foi, la direction veut simplement contourner la CCT, éclate Olivier Amrein. En plus, nous savons qu'il n'y a pas d'entretiens d'évaluation chez Franck Muller.»
L'Office cantonal de l'emploi (OCE) a quant à lui confirmé à Unia qu'il avait été averti «de licenciements», sans préciser ni le nombre, ni les entreprises du groupe touchées. Selon le code des obligations et la loi genevoise sur le travail, tout licenciement collectif, qu'il soit économique ou non, doit en effet être annoncé aux autorités cantonales. Unia doute cependant que tous les licenciements collectifs aient été communiqués. Le syndicat collecte actuellement toutes les informations disponibles pour clarifier ce point.

Canton passif
Au sein de l'entreprise courent des bruits sur une éventuelle restructuration massive au sein de Franck Muller SA, qui conduirait à environ 80 licenciements d'ici l'année prochaine. «N'est-ce qu'une rumeur? Impossible de le savoir, la politique de l'entreprise est complètement opaque et le directeur, Vartan Sirmakes, refuse toujours de nous recevoir», observe amèrement Olivier Amrein.
Le syndicaliste s'étonne aussi de l'inaction de l'Office cantonal de l'inspection et des relations de travail, «qui a vu défiler des dizaines d'employés dans ses bureaux pour licenciements abusifs et harcèlement divers depuis six mois sans se décider à réagir». Pour Unia, il serait temps que le canton  assume sa part de responsabilité face aux problèmes graves constatés au sein de la firme...

Christophe Koessler



L'Etat récompense Franck Muller SA!

Non seulement le canton n'agit pas pour préserver la dignité des travailleurs chez Franck Muller SA, mais il récompense cette entreprise! Le Canton de Genève - par l'intermédiaire de l'organe bipartite (Etat-entreprises), l'Office de promotion des industries et des technologies (OPI) - a co-décerné le 9 octobre dernier le «Prix de l'industrie 2008» à Franck Muller SA. Ce prix est attribué conjointement par la Chambre de commerce, d'industrie et de services de Genève (CCIG) et l'OPI, présidée par Pierre-François Unger, conseiller d'Etat.
Cette distinction intervient deux mois environ après le débrayage du début de l'été, qui mettait en exergue la situation permanente de harcèlement moral et psychologique auquel une grande partie du personnel est soumis et qui perdure actuellement, entraînant une fuite du personnel le plus qualifié, selon Unia. Le syndicat se dit «atterré» que les conditions de travail du personnel ne soient absolument pas prises en compte dans l'attribution d'un tel prix, et enverra une lettre de protestation auprès du Conseil d'Etat genevois, qui préside le comité de direction de l'OPI.

CK