Pas d’augmentation générale des salaires chez Fenaco
Si deux tiers du personnel devraient toucher 1% d’augmentation, la société coopérative a refusé des hausses générales des rémunérations.
«Nous sommes surpris et déçus. L’entreprise n’a pas pris en compte les attentes et les besoins des travailleuses et des travailleurs que nous avions consultés via un sondage. Son offre est insuffisante», commente Corinne Schärer, membre de la direction du secteur industrie d’Unia, qui est responsable pour les négociations salariales avec Anne Rubin, en charge du commerce de détail. Au terme de quatre séances, précise la syndicaliste, les pourparlers – bien que s’étant déroulés dans un climat constructif – se sont terminés sur un échec. «La direction a refusé de procéder à une augmentation générale des salaires. De notre côté, avec Syna et les quatre commissions régionales du personnel, nous avons rejeté l’offre d’une hausse individuelle de 1%.» Les syndicats réclamaient la compensation de la perte de salaire réel à 3,7% plus une majoration de 1%. Ils demandaient par ailleurs une hausse plus importante pour les employés comptabilisant dix ans de service et plus. «Ces revendications s’appuyaient sur une enquête menée auprès des différentes entités de Fenaco en Suisse alémanique et romande. Les résultats ont montré que les collaborateurs misaient sur une majoration substantielle des salaires. Une nécessité à la suite de l’augmentation du coût de la vie entre la hausse des prix des biens de consommation, des loyers, de l’énergie ou encore l’explosion des primes maladie», ajoute Corinne Schärer, tout en soulignant que les salaires de Fenaco, en comparaison avec d’autres entreprises, sont bas.
Une entreprise pourtant saine...
«Le salaire minimum pour une personne sans qualification s’élève à 4000 francs brut fois 13. Les syndicats estiment qu’ils devraient atteindre au moins 4500 francs.» Pour la collaboratrice d’Unia, l’attitude de la direction est illogique. «Elle ne tient pas compte de la situation difficile des employés qui peinent à boucler leurs fins de mois et de la nécessité de maintenir leur pouvoir d’achat.» Corinne Schärer estime cette situation d’autant plus incompréhensible que l’entreprise est saine et que les moyens ne font pas défaut. «Elle dispose d’une marge de manœuvre confortable avec 63% de capitaux propres.» Selon la représentante d’Unia, la société coopérative a fait preuve d’un certain conservatisme, active dans un secteur où les rémunérations ne sont guère élevées. «La direction a par ailleurs argué que deux tiers du personnel allaient profiter de l’augmentation individuelle. Elle entend conserver une certaine flexibilité.» Unia et Syna estiment impératif de pouvoir améliorer les conditions de travail lors du renouvellement de la Convention collective de travail (CCT), l’an prochain. «Il est urgent que ces conditions évoluent. Il s’agira entre autres de tirer le salaire minimum vers le haut ou encore d’aborder la question du temps de travail. Les chauffeurs de Traveco, filiale de Fenaco, travaillent par exemple 46 heures par semaine.»
La société coopérative emploie 11000 personnes dans le commerce de détail ainsi que dans les secteurs de l’énergie et de l’agriculture. Plus de 5000 d’entre elles sont soumises à la CCT.