Pour que nos rêves deviennent réalité
De nombreux rêves, vœux, souhaits ont été émis à l’aube de cette année 2022. D’abord, que ce fichu virus nous laisse en paix, que les laissez-passer de toutes sortes soient abolis, que les droits et les libertés de chacun soient rétablis et garantis. Ensuite que cette pandémie ne laisse pas dans son sillage un flot de pauvreté et de détresse, comme elle a déjà commencé à le faire.
Bien sûr, on peut rêver. Mais nous savons qu’il sera nécessaire de nous battre pour stopper cette précarité galopante et la destruction de nos acquis sociaux. En premier lieu pour que le référendum contre AVS 21 et le démantèlement à petit feu de nos retraites aboutisse. Et pour que l’on se mobilise largement afin que cette contre-réforme soit véritablement enterrée lors de sa probable votation en septembre. Parce qu’après plusieurs refus populaires de la hausse de l’âge de la retraite des femmes, et face à la violation, depuis plus de trente ans, de l’égalité salariale, il est temps que la démocratie soit respectée. AVS 21 est un projet antisocial, économisant sur le dos des femmes déjà fortement affectées par les inégalités, et permettant de franchir un pas vers la retraite à 68 ou 70 ans avec sa trompeuse flexibilité qui incitera les plus démunis à prolonger leur activité.
On peut rêver, mais sans lutte collective, nos rêves risquent de se fracasser sur l’implacable logique économique de la finance et du capital, pour qui seuls comptent le rendement et la hausse frénétique du cours des actions.
En décembre, deux élues ont déposé au Conseil national une motion intitulée «Réduire le temps de travail!». La Genevoise Stéfanie Prezioso, d’Ensemble à gauche, et la socialiste bernoise Tamara Funiciello demandent au Conseil fédéral de diminuer, dans un délai de 10 ans, la durée de la semaine de travail à 35 heures. Presqu’un quart de moins qu’actuellement, la moyenne suisse étant de 41,7 heures, soit une des plus élevées d’Europe. Cette durée, couplée à une productivité qui n’a cessé de croître, nous permet non seulement de rêver, mais d’être convaincus qu’une telle baisse est possible. La requête exige aussi que les bas et moyens revenus soient compensés intégralement. Là encore, nul doute que c’est réalisable. Comme le souligne Ensemble à gauche, ce qui était produit en 50 heures il y a 100 ans est réalisé en une demi-journée seulement aujourd’hui…
La motion relaie au Parlement la résolution adoptée par l’assemblée des délégués d’Unia le 4 décembre dernier. Cette dernière exigeait également, sans la chiffrer, une réduction massive du temps de travail. Une revendication qui s’inscrira dans la journée d’action de la Grève pour l’avenir prévue le 9 avril prochain, à laquelle le syndicat s’associe. La baisse du temps de travail permettrait de diminuer le stress et les situations d’épuisement professionnel, d’améliorer l’égalité entre hommes et femmes, de favoriser une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie de famille, de disposer de plus de temps pour les loisirs, et enfin de réduire la pression sur l’environnement.
La pandémie nous a fait prendre conscience que la machine s’était emballée, que seuls quelques nantis en profitent au détriment de l’immense majorité de la population, que l’humain aspire à autre chose qu’à être exploité 40, 45 et même 50 heures et plus par semaine.
2022 permettra-t-elle de faire bouger les lignes face à un patronat qui a déjà annoncé ses revendications de déréglementation? Permettra-t-elle de renforcer le rapport de force pour que nos rêves puissent devenir réalité? L’avenir nous le dira. Tout dépendra de notre engagement et de notre détermination à contrer les attaques en cours et à porter le drapeau des nécessaires avancées sociales.