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Pour un droit d'asile digne de ce nom

Plus de 3000 personnes ont manifesté à Lausanne contre le repli identitaire et pour une politique d'asile respectueuse

Plus de 65 organisations, partis et syndicats de toute la Suisse ont répondu à l'appel à manifester du Collectif R et de Solidarité sans frontières. Entre autres revendications: l'arrêt des renvois Dublin, la mise en place de voies légales et sûres pour les personnes en fuite, et l'accueil d'un contingent d'au moins 50000 réfugiés par années. La manifestation s'est déroulée le 1er octobre à Lausanne.


«Accords Dublin, accords de chien!» pouvait-on lire sur l'une des multiples pancartes de la manifestation qui a fait vibrer les rues lausannoises samedi 1er octobre. On aurait pu ajouter «temps de chien», tant les manifestants ont dû braver la pluie et le froid en cet après-midi automnal, du parc de Montbenon à la place de la Riponne. Comme l'a relevé au mégaphone Pierre Conscience, membre du collectif R, «dites-vous que ce n'est rien face aux conditions d'exil des migrants» qui fuient la guerre, la dictature, les persécutions... D'ailleurs, la motivation était au rendez-vous, dans une belle ambiance empreinte d'humanisme et de solidarité.
A l'appel du Collectif R et de Solidarité sans frontières, plus de 65 organisations, partis et syndicats, de la Suisse entière ont répondu présents. De nombreux migrants - dont des Erythréens, des Afghans, mais aussi des Tibétains - ont également participé à la manifestation pour une politique d'asile digne de ce nom.
Une fois n'est pas coutume, cette manifestation nationale avait été délocalisée à Lausanne, la lutte pour les droits des migrants y étant particulièrement soutenue. Les principales revendications: l'arrêt des renvois Dublin, la mise en place de voies légales et sûres pour les personnes en fuite, et l'accueil d'un contingent d'au moins 50000 réfugiés par année (à l'image de ce qui avait été mis en place lors de la crise des Balkans). Dans l'appel à manifester, les organisations demandent aussi que les autorités suisses mettent un terme aux négociations en vue d'un accord de réadmission avec la Turquie (dont le gouvernement n'hésite pas à renvoyer en Syrie ou en Afghanistan des personnes fuyant les persécutions), et facilitent l'obtention d'un permis de séjour ou de travail pour les personnes sans papiers.

Conseil fédéral fustigé
Dans le cortège, le secrétaire régional d'Unia Genève, Alessandro Pelizzari, a rappelé: «Suite à notre appel lancé à Genève cet été pour l'accueil de 50000 migrants, Simonetta Sommaruga a répondu en substance que le climat politique n'était pas favorable à un tel accueil. C'est une position indécente de la part d'une ministre socialiste qui se cache derrière un climat politique qu'elle crée elle-même!»
Les slogans ont d'ailleurs fustigé la conseillère fédérale, mais pas seulement: «Leuba, Sommaruga, votre chasse à l'homme, on n'en veut pas!» Ou encore: «Un vol spécial pour le Conseil fédéral!»
Le rôle du syndicat dans ce combat pour les droits des migrants? «Je crois qu'Unia a le devoir de s'ériger contre un discours ambiant qui fait croire que le chômage et la dégradation des salaires viendraient de l'immigration!», a indiqué Alessandro Pelizzari. Aurora Garcia, secrétaire du groupe migration d'Unia à Berne, a quant à elle souligné: «Les plus faibles sont les premiers attaqués. C'est le début d'une dégradation générale des droits qui peut toucher tout le monde...». Portant la banderole «Krieg und Ausbeutung stoppen - nicht die Menschen!» (Arrêter la guerre et l'exploitation - pas les humains!), ses collègues Marília Mendes et Osman Osmani ont relevé l'importance de sensibiliser la population à ce que vivent les réfugiés. «Les nécessités humaines sont les mêmes pour toutes les personnes, indépendamment de leur nationalité, leur âge, leur sexe... Les pays développés défendent les droits humains dans leur Constitution et reconnaissent la Déclaration des droits de l'homme. Mais c'est une farce, car ils ne les respectent pas. Dresser des barrières contre les réfugiés, ce n'est pas de la démocratie», s'est insurgé Osman Osmani, originaire du Kosovo, avant d'ajouter: «Personne ne part jamais par plaisir.»
Une vérité qui fait écho au témoignage d'un jeune homme du Baloutchistan qui a rappelé lorsque le cortège s'est arrêté un instant sur la place de l'Europe: «Je n'ai pas pu dire au revoir à ma mère...»

Aline Andrey