Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Qatar: décès de migrants inexpliqués

Chantier d'un stade au Qatar, en plein désert.
© Robert Schwitter/Unia

Amnesty International a attiré l’attention sur les dangers que représentent pour les ouvriers des conditions climatiques extrêmes, en particulier quand elles sont associées à un travail physiquement exténuant et d’une durée excessive.

Amnesty International dénonce l’absence d’enquêtes sur la mort de milliers de travailleurs migrants au Qatar, pointant les dangers liés à une chaleur extrême et des durées de labeur excessives. Explications

Au cours de la dernière décennie, plusieurs milliers de migrants employés au Qatar sont décédés sans que des enquêtes aient été menées sur les motifs de leur disparition. Cette situation se révèle particulièrement préoccupante, alors qu’un lien a été établi entre leur fin prématurée et des conditions de travail dangereuses sur les chantiers. Auteur d’un rapport sur la question intitulé Fauchés dans la fleur de l’âge, Amnesty International dénonce l’absence d’investigations des autorités qatariennes qui se sont bornées à délivrer des certificats de décès en attribuant la mort à des raisons floues comme des «causes naturelles» ou de vagues problèmes cardiaques. Cette manière de faire, outre la douleur qu’elle engendre pour les proches privés d’informations détaillées, les pénalise financièrement. «Ces attestations, considérées par un médecin légiste de premier plan comme “dénuées de sens”, excluent toute possibilité d’indemnisation pour les familles», note l’ONG dans un récent communiqué, soulignant que nombre d’entre elles perdent alors souvent ainsi leur unique soutien.

Conditions climatiques extrêmes

Principale suspicion des décès inexpliqués: les conditions climatiques hors normes – entre fournaise et humidité extrême – en particulier quand elles sont associées à un labeur physiquement exténuant et d’une durée excessive. Selon Amnesty International, les nouvelles dispositions prises par le Qatar pour protéger la santé des travailleurs ne suffisent pas à écarter tous les dangers. Le pays s’est limité à interdire les activités professionnelles à certaines heures, entre le 15 juin et le 31 août avant d’élargir cette plage du 1er juin au 15 septembre et de fixer un indice maximal à 32 degrés. Si la nouvelle réglementation apporte des améliorations, elle ne prévoit toutefois pas de période de repos obligatoire proportionnelle aux conditions climatiques et à la nature de la tâche. Tout au plus autorise-t-elle les migrants à travailler à «leur propre rythme». Une gageure, connaissant la force des inégalités dans les relations de pouvoir. Dans ce contexte, le nombre élevé de décès aurait dû mettre la puce à l’oreille des autorités et les pousser à enquêter. «Quand des hommes relativement jeunes et en bonne santé meurent soudainement après de longues heures de travail par une chaleur extrême, cela incite à s’interroger sur la sécurité des conditions de travail», a déclaré Steve Cockburn, responsable du programme Justice économique et sociale de l’organisation fustigeant la négation des signaux d’alarme. «L’absence d’enquête, de réparation et de mesures visant à empêcher la mort de travailleurs migrants constitue une violation de l’obligation qui incombe au Qatar de défendre et de protéger le droit à la vie.»

La FIFA appelée à faire pression

«Le taux de décès inexpliqués est proche de 70%», chiffre l’ONG, se fondant sur les données des pays d’origine de la main-d’œuvre travaillant au Qatar. Selon les statistiques officielles mentionnées par l’organisation, plus de 15021 migrants de tous âges et de toutes professions ont trépassé entre 2010 et 2019 dans cet Etat qui accueillera en novembre 2022 la prochaine Coupe du monde de football. Amnesty International demande aujourd’hui à la FIFA et à toutes les fédérations nationales de football, dont l’Association suisse, à user de leur influence sur le Gouvernement qatari pour qu’il mette en œuvre rapidement et intégralement ses réformes relatives au droit du travail. Et qu’il veille à ce que «plus aucune violation des droits humains et plus aucun décès n’ait lieu sur les chantiers, dans les projets d’infrastructures et les services de la Coupe du monde».

Deux millions de migrants sont employés dans ce pays dans la construction, l’hôtellerie et l’économie domestique.

Pour aller plus loin

La Suisse et les nouvelles routes de la soie

Le port du Pirée, privatisé et racheté par les Chinois, est l’une des portes d’entrée en Europe des nouvelles routes de la soie.

Une délégation de la Commission de politique étrangère du Conseil national s’est rendue en Grèce pour voir sur place les implications de l’initiative chinoise «la Ceinture et la Route»

«C’est la reconnaissance d’un droit»

Madame Gjyzide Gavazaj a vécu pendant des années grâce à l’aide sociale du Kosovo, de 85 euros par mois, et au soutien de ses enfants.

La Suisse et le Kosovo sont parvenus à un accord sur les retraites, mais le problème des arriérés reste ouvert. Reportage dans le pays

Libération de Louisa Hanoune exigée à Berne et dans le monde

La délégation de syndicalistes et membres du comité devant l’ambassade d’Algérie à Berne.

Une journée internationale pour la relaxe de la dirigeante politique algérienne s’est déroulée le 20 juin dernier

Boeing: le 787 dans la tourmente

Après les deux crashs de B737 Max, Boeing doit faire face à un nouveau problème lié aux cadences infernales imposées à son équipe de montage dans l’usine de Charleston-North, en Caroline du Sud