«Toujours plus de jeunes se font exploiter»
La Jeunesse Unia et la Jeunesse socialiste suisse lancent une campagne commune en faveur de la protection des stagiaires
Action coup de poing pour le lancement d’une campagne réunissant la Jeunesse Unia et la Jeunesse socialiste suisse (JS): samedi dernier, une poignée de militants ont défilé dans la vieille ville de Berne avançant sous les claquements d’un fouet manié par un participant jouant le rôle de chef. Cette mise en scène entendait illustrer symboliquement la situation de stagiaires... «Sous le couvert de stages en entreprise, toujours plus de jeunes se font exploiter», affirme Kathrin Ziltener, secrétaire syndicale de la Jeunesse Unia estimant que le tableau de rue en rien exagéré. Et la militante de dénoncer non seulement des rémunérations très basses mais souvent aussi l’absence de formation pertinente. «Tantôt les stagiaires en sont réduits à faire le café et n’apprennent donc absolument rien, tantôt il leur faut travailler comme de la main-d’œuvre ordinaire, pour un salaire de misère ou même gratuitement.» Une situation qu’elle juge d’autant plus inquiétante qu’elle touche nombre de jeunes.
Bases légales nécessaires
«Beaucoup d’adolescents et de jeunes adultes se voient imposer des stages, soit avant l’apprentissage, soit en cours d’études ou sous forme de stages d’intégration pour les migrants. Il n’y a jamais eu autant de stagiaires en Suisse. On peut parler d’une “génération stagiaires ” ou plus franchement d’une génération où l’exploitation est la règle.» Citant une enquête de l’Office fédéral des statistiques sur les contrats à durée déterminée publiée le 19 avril dernier, Kathrin Ziltener relève que 10% des jeunes Suisses âgés de 15 à 24 ans font un stage, «d’une durée moyenne de six mois à un an». «Il faut des bases légales, des interdictions dans certains domaines et une formation adéquate pour prévenir les abus et l’exploitation», note encore la syndicaliste qui, interrogée sur les secteurs jugés particulièrement problématiques, mentionne notamment ceux des services comme les crèches, l’hôtellerie-restauration ou encore la coiffure. Concrètement, la Jeunesse Unia se mobilise pour une interdiction des stages de préapprentissage et une réglementation plus sévère pour les autres. Dans ce cas, elle réclame alors des plans de formation clairs et une rétribution correcte, comme dans n’importe quel contrat d’apprentissage.
Plus forts ensemble
D’une durée de trois à quatre mois, la campagne de sensibilisation – qui se traduira notamment par d’autres actions de rue et sera largement relayée sur les médias sociaux – intègre la JS avec qui la Jeunesse Unia a beaucoup d’échanges. «Nous n’allons pas parler à la place des stagiaires. Notre but est de les faire participer activement», relève dans un communiqué commun aux deux partenaires Tamara Funiciello, présidente de la JS. Et cette dernière de conclure: «La campagne #GénérationExploitation vise à montrer que, loin d’être dans la nature des choses, les mauvaises conditions de travail sont imputables aux employeurs et s’inscrivent dans une logique capitaliste. Et qu’en s’engageant ensemble dans les partis politiques et les syndicats, les jeunes peuvent changer les choses.»