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Une histoire des inégalités

Photo noir-blanc. Un homme riche et un homme pauvre se croisant dans la rue.
© Le Rétroviseur/Flickr

Hiérarchisation des pauvres, impôt, déclassement social ou encore possession de la terre, font partie des thématiques abordées dans ce cycle d’émissions consacré aux inégalités.

La chaîne de radio France Culture propose un cycle d’émissions consacré à l’histoire des inégalités sociales. Quatre épisodes à écouter gratuitement en podcast

«Les milliardaires, rassurons-nous, ont retrouvé leur fortune d’avant-crise. Ouf! Ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus riches», lance ironiquement l’historien Xavier Mauduit, producteur du Cours de l’histoire sur France Culture. Partant de ce préambule, l’émission propose une série de quatre épisodes intitulée Tant qu’il y aura des riches, une histoire des inégalités. Après une diffusion du 1er au 4 février dernier, le cycle est désormais disponible gratuitement en podcast.
En explorant les inégalités et la façon dont elles s’expriment à travers l’impôt, la hiérarchisation des pauvres, le déclassement social ou encore l’accès à la propriété, le producteur et ses invités proposent un voyage allant de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Un voyage ponctué d’archives radiophoniques et télévisuelles, de lectures, de chansons populaires ou encore d’extraits de films, mettant notamment en scène Louis de Funès et son célèbre: «Les pauvres c’est fait pour être très pauvres et les riches très riches.» Bien qu’à caractère historique, les thématiques abordées s’inscrivent clairement dans l’actualité. Et viennent tirer un bilan plutôt pessimiste du combat contre les inégalités durant ces dernières décennies.

Le bon et le mauvais pauvre
Dans un premier épisode, c’est l’histoire de la distinction entre le pauvre méritant et le pauvre mécréant qui est abordée. Une conception qui remonte au Moyen Age et qui rejaillit encore aujourd’hui dans les débats sur l’assistance aux plus démunis. «Au Moyen Age, le bon pauvre est quelqu’un qui a choisi d’être pauvre», explique l’historien Giacomo Todeschini. Quant à la charité, elle vient en aide surtout aux invalides, aux orphelins ou aux vieillards qui, eux, sont pardonnés: s’ils ne travaillent pas, c’est parce qu’ils ne le peuvent pas. Le pauvre «ordinaire» est ainsi marginalisé, critiqué et revêt une image de paresseux, ainsi que l’analyse l’historienne Valérie Hannin: «Le mauvais pauvre, c’est celui qui ne travaille pas. Ou même qui ne veut pas travailler. On retrouve cela avec la valorisation du travail et de l’utilité sociale dès la fin du Moyen Age […] qui fait de celui qui s’enrichit celui qui mérite sa richesse. Le grand débat sera celui de l’explication de ces inégalités entre ceux qui considèrent, depuis le XIXe siècle, que ces inégalités sont des injustices qu’il faut combattre. Et ceux qui considèrent qu’elles sont méritées et que le mauvais pauvre, c’est le dégénéré, c’est l’alcoolique du XIXe siècle. C’est peut-être aussi celui dont on dit aujourd’hui qu’il ne veut pas travailler.»

Le XXe siècle, le siècle de l’égalité?
Le troisième épisode revient sur l’histoire de l’impôt, et en particulier à partir de la Révolution française, moment où il se pare d’un idéal de fraternité. Mais les controverses autour de cette taxe continuent encore aujourd’hui d’alimenter les débats. Cette redistribution des richesses sans cesse remise en question fait face à de nombreuses résistances et ce notamment en raison de son caractère impérieux, comme l’explique l’historien Nicolas Delalande: «Ce qui différencie très nettement l’impôt d’autre forme de circulation ou de redistribution des richesses, c’est le principe d’obligation qui est sanctionné par l’Etat, par des pouvoirs publics, auxquels sont associés des pouvoirs de coercition. Alors que la philanthropie est présentée comme un mouvement plus spontané qui, en même temps, est complètement dépendant du bon vouloir de ceux qui vont s’y prêter. Ce devoir dit moral des riches est très aléatoire et surtout, en réalité, il ne permet pas d’améliorer la situation du plus grand nombre.»
Pour Nicolas Delalande, l’impôt deviendra le meilleur outil pour réduire les écarts sociaux et notamment entre la Première Guerre mondiale et le début des années 1970. Faisant ainsi du XXe siècle, selon lui, le «court siècle de l’égalité». En revanche, analyse-t-il encore, «depuis les années 1970 et 1980, la tendance s’est en partie inversée. Il y a eu beaucoup plus de confiance placée dans le marché, comme lieu de création, d’innovation… Mais on voit très bien que, depuis une dizaine d’années, il y a énormément de critiques face à ce contexte idéologique. Depuis la crise de 2008 et en pleine crise pandémique également.»
En présentant les grandes lignes historiques, ce cycle d’émissions, vient ainsi interroger ses auditeurs sur l’avenir des inégalités sociales. Le combat pour la réduction de ces écarts durant la première moitié du XXe siècle n’était-il qu’une brève parenthèse ou un mouvement amené à ressurgir dans un avenir proche?

Retrouver les quatre épisodes de Tant qu’il y aura des riches, une histoire des inégalités, gratuitement sur franceculture.fr ou sur l’application Radio France.

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