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Vaste mobilisation pour Marisa

20 actions dans toute la Suisse! Unia a étendu sa campagne en faveur de Marisa Pralong, licenciée pour avoir milité au syndicat

Le syndicat a organisé des rassemblements et des stands d'information devant 20 filiales de Manor vendredi et samedi dernier, exigeant la réintégration de Marisa Pralong,  vendeuse licenciée en raison de ses activités syndicales. Quelque 11500 tracts et 3500 ballons ont soutenu cette action. Une pétition demandant le réengagement de l'employée a également été signée à Genève par quelque 5000 personnes. Cette mobilisation a permis d'ouvrir des  négociations avec l'enseigne en début de semaine... Reportage à Nyon.

«S'il vous plaît, vous pourriez me donner un second ballon d'Unia? J'en ai apporté un à une vendeuse et elle en veut un autre pour sa collègue», demandait Anthony, apprenti de 17 ans, devant le magasin Manor à Nyon, vendredi dernier. L'action du syndicat a vraisemblablement eu autant d'impact à l'intérieur du magasin qu'à l'extérieur. Dehors, les passants et les clients étaient conviés à signer une pétition en faveur de Marisa Pralong, vendeuse de Manor Genève qui avait été licenciée à la mi-février pour ses activités syndicales. Et ceci en parfaite violation des lois et des conventions collectives en vigueur. Unia a vivement réagi. Après avoir organisé des piquets d'information quotidiens devant le magasin genevois, le syndicat a mis sur pied une action nationale, en organisant des stands et des rassemblements devant 20 filiales de Manor dans toute la Suisse.

Très bon accueil
A Nyon, le message a très bien passé: «C'est franchement nul de virer quelqu'un pour ça, continue Anthony, c'est de la discrimination. On a tous droit à la liberté d'expression.» En une heure, une soixantaine de signatures ont été récoltées. Plusieurs personnes se sont senties directement concernées: «Ce cas est inadmissible, mais cela ne m'étonne pas.  Aujourd'hui, on licencie pour un oui ou pour un non», a réagi une passante. Cette jeune secrétaire a elle aussi eu maille à partir avec des supérieures et s'est vue contrainte de démissionner suite à des comportements déplacés. Elle n'a en revanche pas fait appel au syndicat: «Les employeurs sont trop bien protégés en Suisse», estime-t-elle. De son côté, un militant retraité du syndicat Comedia met en cause le faible taux de syndicalisation dans la vente: «Comme peu d'employés sont syndiqués, il est plus facile de faire pression sur eux. Il est temps que le personnel de la vente s'organise!»

Prise de conscience des vendeuses
Avis partagé par les cinq secrétaires syndicaux d'Unia présents sur le stand. Ils confirment que l'intimidation est la règle dans le secteur lorsqu'un employé ose faire valoir ses droits: «Les vendeuses qui revendiquent sont souvent mal vues et sanctionnées car elles sont peu nombreuses. Il est fréquent qu'un supérieur réponde à une employée qu'elle peut être facilement remplacée si elle n'est pas contente», témoigne Virginie Grenard, responsable du secteur à Unia Yverdon. La réponse du personnel de la vente doit donc être collective pour contrer les attaques individuelles de la part des patrons. Or, si la décision de Manor de licencier Marisa Pralong peut dissuader encore davantage les employés à se défendre, elle pourrait aussi paradoxalement entraîner un effet contraire: une prise de conscience de l'injustice faite aux travailleurs et la naissance d'un front commun des vendeurs de Manor, facilité par la campagne nationale d'Unia.

Liberté syndicale en danger
On le voit, les enjeux posés par le licenciement de Marisa Pralong vont bien au-delà de son cas: «Ce combat pour la liberté syndicale et la liberté d'expression est crucial car il détermine la capacité des employés et des syndicats à mener des actions et à obtenir des améliorations des conditions de travail», explique Grégoire Junod, secrétaire syndical à Unia. Le syndicat est bien déterminé à ne pas desserrer son étau. Si la vendeuse n'est pas réintégrée au plus vite, les actions à l'égard de Manor pourraient encore prendre de l'ampleur...

Christophe Koessler



Large soutien genevois

Avec quelque 5000 signatures récoltées en faveur de la réintégration de Marisa Pralong et de la liberté syndicale, la lutte a largement été soutenue à Genève. Samedi, 150 à 200 personnes ont témoigné leur solidarité devant le magasin. Les syndicats genevois, le Parti socialiste et Solidarités ont aussi créé un comité de soutien qui est déjà intervenu auprès de représentants politiques de la ville et du canton. Un coup de poignard a cependant été porté la semaine dernière aux syndicalistes d'Unia qui tenaient quotidiennement un stand devant les portes de Manor à Genève. Pierre Maudet, conseiller administratif de la ville, a retiré l'autorisation d'utiliser le domaine public, sous prétexte que les militants se tenaient «sciemment devant les portes du commerce» et que deux passants se sont plaints d'avoir été interpellés «de manière virulente». Une décision aussi dénoncée par l'Assemblée des Mal-logés également présente au rassemblement de solidarité genevois.
L'affaire de Marisa Pralong pourrait encore prendre de l'ampleur sauf si Manor revoit sa copie. Une séance de négociations devait avoir lieu en début de semaine. Affaire à suivre...

CK