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Partage: la solution antigaspi

Distribuer aux plus nécessiteux les surplus de la consommation: l'idéal est devenu réalité à Genève

C'est une idée simple: collecter les produits invendus des grands centres commerciaux et les distribuer aux plus démunis. Evident, semble-t-il. Mais derrière ce premier constat se cache une réalité plus complexe. Reportage à Genève au sein de l'association Partage.

Carouge, 7h. Une camionnette frigorifique blanche quitte les entrepôts de l'association Partage. Au volant, Alain met le cap sur le centre commercial Manor de Chavannes, au bord de l'autoroute A1. Il connaît par cœur les coulisses du centre commercial et se sert librement des produits destinés à l'association. Passé cette première halte, il stoppera successivement son véhicule devant trois centres Migros en banlieue genevoise. A chaque fois, le même rituel: entrée par les quais de déchargement, dépose des caisses vides provenant de la tournée précédente, et chargement des invendus mis à disposition par les grandes surfaces.
Une surprise parfois, celle du contenu des caisses de produits frais cédées par les commerçants: aujourd'hui, jus de fruits, salades en abondance, champignons, oignons frais, raisins, yoghourts, viande en barquette, pancakes, pizzas, et mille autres produits en petites quantités. Benoît, civiliste en place pendant 6 mois dans l'association, en tient le décompte minutieux. «Car le défi, explique-t-il, c'est de redistribuer ces invendus sans tarder ou de les stocker dans de bonnes conditions. Nous envoyons chaque matin par e-mail la liste de tous les produits que nous récoltons aux associations membres de notre réseau. Elles passent leur commande, et nous tentons de distribuer les aliments selon leurs souhaits.»

Stocker et répartir
De retour au siège de l'association, les caisses sont vidées, la nourriture triée et conditionnée, puis stockée dans les trois chambres froides ou congelée. C'est ainsi que Partage assume sa vocation de banque alimentaire. «Les associations qui travaillent avec nous servent près de 1500 repas gratuits par jour, explique Cécile Bernal, directrice de Partage. Nous devons leur proposer des quantités en rapport avec leurs besoins. Que feraient-elles de deux poulets? Ce qu'il leur faut, c'est 50 poulets pour qu'elles puissent composer des repas en nombre suffisant.»
Créer ou gérer des grandes quantités, les associations ne peuvent le faire elles-mêmes. C'est la raison pour laquelle elles ont créé Partage (pour Partenariat Alimentaire Genevois) en avril 2005. Pour y parvenir, Partage joue simultanément sur deux tableaux. L'accroissement de son réseau d'approvisionnement d'abord, ce qui permet d'augmenter les quantités récoltées. Durant les 7 premiers mois de 2007, l'association a traité 250 tonnes de nourriture, atteignant déjà le volume total de 2006. En plus des grandes surfaces, de nouveaux partenaires se profilent, comme les maraîchers, les assureurs ou les services des douanes, qui doivent parfois se débarrasser de grandes quantités de nourriture.
Le conditionnement et le stockage forment l'autre axe de développement. Il s'agit d'abord de la congélation des aliments tels que la viande ou le poisson, pour former les stocks nécessaires. Mais Cécile Bernal a encore d'autres idées en tête pour couvrir une plus grande partie des besoins. «Nous pourrions à terme nous charger de la transformation des aliments. En été par exemple, nous recevons des quantités énormes de tomates. Impossible de toutes les écouler. Il faudrait pouvoir les mettre nous-mêmes en conserve, afin d'en disposer encore en hiver.»

Une hygiène irréprochable
Cécile Bernal sourit à l'inévitable question sur les risques d'intoxication liés à la consommation de produits au-delà de la date de péremption. «Je n'ai connaissance d'aucun cas d'intoxication lié à l'activité de Partage. L'industrie alimentaire est prudente. Beaucoup d'aliments peuvent encore être utilisés une semaine à 10 jours après la date qui figure sur leur emballage. C'est une règle dans le métier. Et nous sommes intransigeants: nous jetons tous les produits suspects.» Pour éviter tout risque pour la santé, Partage collabore étroitement avec le Service genevois de protection de la consommation. «Au moindre doute, nous les appelons. Ils se déplacent rapidement pour inspecter les produits et nous conseiller en matière de conservation et de stockage.»

Bertrand Cottet