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Les maçons haussent le ton

Les travailleurs de la construction exigent davantage de protection sociale et de leur santé sur les chantiers de Suisse

Les négociations pour le renouvellement de la Convention nationale du secteur principal de la construction piétinent. Les patrons veulent démanteler la convention, alors que les affaires se portent bien. Et les travailleurs, soumis à la pression et au stress, veulent davantage de protection. Ils étaient 800, samedi dernier à Berne, pour réaffirmer leurs revendications et préparer la lutte.

Un conflit très dur se dessine dans la construction. C'est la prévision faite par les syndicats Unia et Syna à la suite de la Landsgemeinde des maçons qui s'est tenue samedi dernier à Berne. 800 travailleurs du secteur principal de la construction, venus de toute la Suisse, se sont rencontrés afin de faire le point sur l'avancée des négociations pour le renouvellement de leur Convention nationale (CN), une convention qui expire en fin d'année et couvre quelque 100000 travailleurs. Ces négociations entre les syndicats et la Société suisse des entrepreneurs (SSE) ont débuté en février dernier. Elles sont actuellement au point mort indiquent les syndicats qui annoncent que le conflit risque de s'envenimer.

Protection sociale et de la santé
Alors que les travailleurs exigent, à la suite d'une vaste consultation qui a réuni les avis de 16000 d'entre eux l'automne passé, davantage de protection, les entrepreneurs revendiquent un véritable démantèlement de la CN. Pourtant, le secteur de la construction est en plein essor. Les chiffres d'affaires ne cessent d'augmenter. Mais les travailleurs ne profitent pas de cette bonne conjoncture, soulignent Unia et Syna. Au contraire, les délais sont toujours plus serrés, le stress et l'intensité du travail sont monnaie courante sur les chantiers. Et les ouvriers doivent travailler par n'importe quel temps au péril de leur santé. «Vous et vos collègues avez jugé qu'il fallait prévoir une réglementation claire, indiquant quand le travail doit être suspendu en cas d'intempéries, afin de protéger la santé des travailleurs. Et il n'est pas acceptable de devoir rattraper plus tard, par beau temps, les heures ainsi perdues. Aujourd'hui, les travailleurs de la construction sont seuls à supporter le risque d'interruption due aux intempéries. Il est temps que cela change!» a relevé Hansueli Scheidegger, responsable du secteur de la construction d'Unia. «On le voit à tout moment: des travailleurs âgés sont mis à la porte et remplacés par de jeunes collègues qui coûtent moins cher. Il en va de même pour les collègues actifs au syndicat. Bien souvent, ils sont récompensés de leur courage par des tentatives d'intimidation, voire par un licenciement. Là aussi, il faut prévoir un régime de protection contre le licenciement et mieux protéger la dignité des travailleurs!» a-t-il poursuivi.
«La priorité des travailleurs de la construction est d'obtenir dans le cadre de la nouvelle Convention nationale une meilleure protection sociale et une meilleure protection de leur santé» a résumé le secrétaire central d'Unia. Ernst Zülle, responsable de la branche au syndicat Syna, a ajouté: «Nous exigeons une limitation du recours à la sous-traitance et au travail temporaire au profit de l'emploi fixe. Les travailleurs de la construction sont un volant de main-d'œuvre exploité abusivement par les entrepreneurs.»

Remise en question de la retraite à 60 ans!
Or les revendications des entrepreneurs vont à l'exact opposé de ce que demandent les travailleurs: «Ils remettent en question la retraite à 60 ans dans la construction et visent à péjorer gravement la CN. Les salaires minimums ne seraient plus applicables à l'ensemble du personnel, les entrepreneurs pourraient aménager les horaires de travail comme cela les arrange, sans garde-fou, et la protection en cas de maladie et d'accident serait réduite. Ces propositions constituent une attaque frontale contre tous les travailleurs de la branche», expliquent les syndicats.
Samedi dernier, les 800 maçons réunis à Berne ont pu préciser, dans des groupes de travail, leurs revendications et surtout les moyens à mettre en œuvre pour les faire aboutir. Ils ont adopté un plan d'actions et annoncent d'ores et déjà qu'ils durciront le ton si la SSE continue à faire la sourde oreille à leurs demandes. Ainsi, avant les vacances d'été, des actions seront organisées sur les chantiers de toute la Suisse. Une manifestation nationale est prévue le 24 septembre à Berne. Et si cela ne suffit pas, des mesures de lutte sont d'ores et déjà envisagées. 


Sylviane Herranz