Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

TripAdvisor, entre autres, épinglé par Amnesty International

Les colonies israéliennes en territoire palestinien occupé (TPO) et à Jérusalem-Est ne devraient pas être des destinations touristiques, indique un récent rapport d’Amnesty International

«Apprenez à tirer comme un soldat, faites une balade à dos de chameau ou partez à la découverte de sites historiques», voici ce que propose la plateforme de tourisme en ligne TripAdvisor dans l’une des nombreuses colonies israéliennes illégales dénoncées par le Conseil de sécurité de l’ONU. Une offre décriée par Amnesty International, auteur d’un récent rapport sur les géants de la réservation touristique en ligne actifs dans les implantations illégales. «Les colonies israéliennes en territoire palestinien occupé (TPO) et à Jérusalem-Est ne devraient pas être des destinations touristiques, indique l’ONG dans son document. TripAdvisor tend à “normaliser” et à légitimer la colonisation aux yeux du grand public alors que la seule occupation par Israël de ces territoires constitue un crime de guerre. En outre, les colonies ont des répercussions désastreuses sur de nombreux droits fondamentaux des Palestiniens, notamment sur leur droit à un niveau de vie suffisant, à la santé, au logement, à l’éducation et à la libre circulation. En toute connaissance de cause, TripAdvisor continue de proposer ses services qui dopent l’économie des colonies et contribuent à leur expansion.»

Un lieu idyllique?

Airbnb, Booking.com, Expedia et TripAdvisor suggèrent, par exemple, des vacances dans la colonie de Kfar Adumim à 10 km à l’est de Jérusalem, dont l’aménagement et l’extension ont des répercussions néfastes sur de nombreux droits humains de la population bédouine: qui a perdu son accès aux pâturages, subit régulièrement des pressions pour quitter ce secteur et dont le village est sous le coup d’une démolition imminente. Tous ces systèmes de réservation suggèrent de nombreuses formules d’hôtels, chambres d’hôtes, activités, circuits dans les TPO de Cisjordanie et ce, en dépit des mises en garde des organisations de défense des droits humains. L’appropriation de biens d’autrui par la voie militaire est considérée par la Cour pénale internationale comme un crime contre l’humanité. Ces entreprises le savent et passent outre.

Cette mise en valeur des colonies dans les TPO a pour effet de «normaliser la situation», dénonce Amnesty International. En 2017, l’ONG avait déjà réagi à ce sujet auprès des dirigeants des sites de locations de vacances. Airbnb, par exemple, avait retiré de son catalogue 200 lieux où se trouvaient des logements en location en Palestine tout en conservant ceux qui se trouvaient à Jérusalem-Est, bien qu’il s’agisse aussi d’un territoire occupé.

Une démarche politico-idéologique

L’offre touristique dans les TPO n’est toutefois pas prête à se tarir, encouragée par Israël qui a, ces derniers temps, accru son soutien financier aux entreprises ayant des activités dans les implantations illégales. Les retombées sont bénéfiques financièrement pour le Gouvernement israélien. Et le sont davantage encore sur les plans politique et idéologique, ayant permis à Israël d’accroître son emprise touristique dans la région. En 2018, ce sont près de quatre millions de vacanciers qui y ont séjourné. Les sites mis en valeur dans les colonies sont le Parc national de la Cité de David à Jérusalem-Est, et les rives de la mer Morte, territoires où se trouvent de nombreuses colonies rurales qui accueillent des touristes. Nous sommes à l’orée de nouvelles élections législatives. Pour le Premier ministre Benyamin Netanyahou, la remise en question touristique des TPO pourrait lui coûter des voix de la droite et de l’extrême droite.

Image de marque...

Dans ce contexte, faut-il boycotter le tourisme en Israël? «Non, répond Manon Schick, directrice de la section suisse d’Amnesty International. Nous ne sommes pas pour un boycott d’Israël, où il y a bien des endroits agréables pour passer ses vacances. Par contre, notre conseil serait plutôt de se renseigner utilement pour éviter les logements qui se trouvent dans les TPO.»

Et la Suisse, comment se positionne-t-elle sur ce dossier? «Elle fait partie des pays qui soutiennent les décisions de l’ONU et condamne le principe des colonies dans les TPO. Elle en prône le démantèlement, mais ne dicte aucune conduite aux consommateurs», poursuit Manon Schick, tout en précisant la nature des démarches menées par Amnesty. «Nous allons continuer à solliciter les systèmes de réservations en ligne pour qu’ils informent les vacanciers sur la localisation des logements de vacances dans les TPO. Nous espérons y parvenir en misant sur le fait que ces entreprises, contrairement aux gouvernements, sont sensibles à leur image de marque. Dans plusieurs pays d’Europe, Amnesty mène une campagne pour interdire l’importation de produits venant des colonies illégales. Le Parlement irlandais examine un projet de loi à ce sujet. Amnesty Israël travaille aussi dans ce sens pour sensibiliser les consommateurs israéliens.»

Pour aller plus loin

«C’est la reconnaissance d’un droit»

Madame Gjyzide Gavazaj a vécu pendant des années grâce à l’aide sociale du Kosovo, de 85 euros par mois, et au soutien de ses enfants.

La Suisse et le Kosovo sont parvenus à un accord sur les retraites, mais le problème des arriérés reste ouvert. Reportage dans le pays

Vaste mobilisation pour la libération de Louisa Hanoune

Quelque trente personnes ont manifesté le 20 mai sur la place des Nations à Genève pour exiger la libération immédiate de la secrétaire générale du PT d’Algérie.

Accusée de vouloir changer le régime, la secrétaire générale du Parti des travailleurs algérien a été emprisonnée le 9 mai dernier, alors que des millions d’Algériens sont dans la rue

La CGT entre réforme et révolution

Des militants du syndicat manifestant, aux côtés de Gilets jaunes, le 7 mars dernier à Gréoux-les-Bains.

Organisé à la mi-mai à Dijon, le 52e congrès de la CGT a été marqué par de très vifs débats sur la politique syndicale de ces trois prochaines années et par la réélection de son secrétaire général, Philippe Martinez, chahuté à plus d’une reprise

En Géorgie, un timide renouveau syndical

Près de l'arrêt de métro Delisi à Tbilissi, derrière les palissades, l'ancien bâtiment des syndicats soviétiques qui hébergeait aussi le centre culturel des syndicats. Les bureaux de la GTUC se situent de l'autre côté de ce bâtiment.

Après l’effondrement du système communiste et trois décennies de politiques néolibérales, les questions liées au travail font leur retour en Géorgie sous l'impulsion de nouvelles initiatives syndicales et d'un rapprochement avec l'Union européenne