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«Nous nous battons pour nos enfants et l’avenir de la branche»

Participants à la conférence.
© Thierry Porchet

Venus des quatre coins de la Suisse, une centaine de maçons ont pris part à la conférence professionnelle et adopté une résolution visant à assurer la relève, plus d’un tiers des employés du secteur étant âgés de plus de 50 ans.

Pour pallier la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans la construction, le parlement des maçons d’Unia réclame de meilleures conditions de travail

Pour remédier au manque de personnel qualifié dans le secteur principal de la construction, le parlement des maçons d’Unia demande de meilleures conditions-cadres. Une résolution a été adoptée en ce sens par la centaine de travailleurs venus des quatre coins de la Suisse qui ont pris part le 19 juin à une conférence professionnelle en plein air. «C’était la première assemblée nationale des maçons depuis une année et demie. J’ai été vraiment heureux d’y participer, l’ambiance était très positive, constructive et combative», confie Chris Kelley, le coresponsable du secteur construction d’Unia.

Les participants se sont penchés sur le problème du renouvellement du personnel qualifié. Les travailleurs âgés de plus de 50 ans constituent plus d’un tiers des effectifs dans la construction. Et environ 30000 vont partir à la retraite durant la prochaine décennie. Les jeunes sont-ils prêts à prendre la relève? «Alors qu’en 2010, plus de 1200 jeunes démarraient un apprentissage de maçon, ils n’étaient plus que 700 en 2019. En une décennie, le nombre d’apprentis a diminué presque de moitié», remarque Chris Kelley. Ce manque de personnel formé pose aussi des difficultés au renouvellement de l’encadrement. «S’il y a moins de maçons, il est plus difficile de recruter des personnes qualifiées pour devenir contremaître et chef d’équipe. Il existe déjà une pénurie de plus de 10% de contremaîtres et près de la moitié d’entre eux vont partir à la retraite dans les dix à quinze prochaines années. C’est un véritable challenge à relever pour la construction.»

Conditions de travail trop difficiles

Ce manque criant de main-d’œuvre n’est pas dû au hasard, selon le responsable syndical: «Les travailleurs des chantiers sont fiers de leur job, de montrer à leurs proches qu’ils ont participé à la construction d’un stade ou d’un hôpital, mais beaucoup avouent qu’ils ne peuvent pas conseiller à leurs enfants de suivre cette voie, car les conditions de travail deviennent trop difficiles. Les heures supplémentaires se multiplient et s’ajoutent aux longs déplacements compensés que partiellement, les pressions et le stress augmentent, on fait toujours plus avec moins de salariés et sur des périodes plus courtes.» En 2019, Unia avait mené une vaste enquête sur la pression croissante des délais: pour 78% des 12000 maçons et contremaîtres interrogés, soit environ 15% des ouvriers de la construction en Suisse, cette pression a augmenté ces dernières années, entraînant du stress (pour 73% des sondés), ainsi qu’un impact négatif sur la santé (55%), la qualité du travail (52%) et la sécurité (51%).

«Il est évident pour nous que pour remédier au problème de la pénurie de main-d’œuvre spécialisée, il faut améliorer les conditions-cadres», peut-on lire dans la résolution votée par le parlement des maçons, qui se conclut sur ces mots: «Nous nous battons pour nos enfants, nous nous battons pour l’avenir de notre branche.» «Il est nécessaire de se battre pour de meilleures conditions de travail. Les renouvellements de la Convention nationale du secteur principal de la construction et de la Convention collective de travail des contremaîtres l’année prochaine en offrent l’occasion», souligne Chris Kelley. Une grande votation est actuellement en cours pour déterminer les revendications prioritaires à présenter au cours des négociations, plus de 10000 travailleurs y ont déjà participé.

La Société des entrepreneurs refuse le dialogue

Pour améliorer le recrutement des contremaîtres, les syndicats Unia et Syna et l’association professionnelle Cadres de la construction suisse ont adressé une lettre commune à la Société suisse des entrepreneurs (SSE), la faîtière patronale, en proposant d’ouvrir des discussions. Dans ce courrier, les trois organisations ont évoqué des propositions visant à rendre la profession et ses conditions de travail plus attrayantes, comme la possibilité de travailler à temps partiel ou d’être associé à la planification des délais. Président de la SSE, Gian-Luca Lardi a répondu que ces propositions relevaient de la responsabilité de chaque entreprise et ne devaient pas faire l’objet d’un accord social. Ce qui est déterminant pour lui est l’image de la profession. «Pendant des années, nos efforts considérables pour créer une image attrayante pour le secteur principal de la construction ont été massivement torpillés à plusieurs reprises par des campagnes syndicales populistes», écrit le président de l’association patronale, qui reproche en particulier aux syndicats d’avoir demandé la fermeture des chantiers durant la première vague… «Nous sommes déçus de la réponse de la SSE à nos propositions pour l’encadrement et à notre invitation au dialogue. On ne pourra pas trouver des solutions pour la branche en ignorant ainsi les problèmes, commente Chris Kelley. Le travail dans le bâtiment souffre peut-être injustement d’une mauvaise image qu’il est nécessaire d’améliorer. Mais c’est surtout la réalité qu’il faut changer. On ne risque pas de donner une meilleure image de la profession si les conditions de travail deviennent chaque jour plus dures.»

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