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Des décennies pour combler les inégalités entre femmes et hommes…

Les écarts entre femmes et hommes se creusent. Un rapport du WEF indique qu’il faudra 132 ans – contre 99,5 en 2020 – pour que les disparités en matière de travail, d’éducation, de santé et de pouvoir politique soient estompées

Les disparités entre hommes et femmes ne sont pas près de se combler… Tel est le constat tiré par le Forum économique mondial (WEF) dans son Rapport annuel 2022 sur les inégalités femmes-hommes dans le monde, publié le 13 juillet. Ce rapport, dont c’est la 16e édition, passe au crible l’économie de 146 pays et évalue les écarts entre les sexes dans quatre domaines: la participation et les opportunités économiques, le niveau d'éducation, la santé et la survie, ainsi que le pouvoir politique. Il étudie également «l'impact des récents chocs mondiaux sur la crise croissante des inégalités sur le marché du travail», explique le WEF dans un communiqué.

Après le coup dur du Covid, les disparités entre les femmes et les hommes n’ont pas diminué, constate le WEF, qui poursuit: «Alors que l'économie mondiale entre dans sa troisième année de perturbations continues, il faudra encore 132 ans pour combler l'écart entre les sexes.» Un écart qui a fait un saut en arrière d’une génération entre 2020 et 2021: selon le rapport de l’année dernière, le temps nécessaire pour combler ces inégalités était passé de 99,5 ans à 135,6 ans!

En 2022, seuls 20% des pays étudiés ont pu réduire d’au moins 1% les disparités. Sur un score de 100% pour une égalité parfaite, le domaine de la santé et de la survie atteint au niveau mondial 95,8%, celui du niveau d’éducation 94,4%, celui de la participation et des opportunités économiques 60,3% et celui du pouvoir politique stagne à un taux de 22%, le nombre de femmes accédant à des mandats politiques restant excessivement bas.

La Suisse régresse

Au niveau mondial, l’Islande vient en tête des pays ayant le moins d’inégalités, avec un taux de 90%. Il est suivi par la Finlande, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, la Suède, le Rwanda, le Nicaragua, la Namibie, l’Irlande et l’Allemagne, avec des taux allant de 86% pour la Finlande à 80% pour l’Allemagne.

La Suisse, elle, a régressé du 10e rang l’an dernier au 13e rang avec un taux global de 79,5%. Relativement bon élève au niveau de l’éducation (98,8%) et de la santé et de la survie (96,4%), notre pays est largement en retrait concernant la participation et les opportunités économiques (72,9%) et a encore un énorme travail à faire sur le plan de l’égalité au niveau politique (49,9%).

Chute vertigineuse et crise imminente

Le WEF alerte aussi sur la crise imminente allant surgir sur le marché du travail, en lien avec les inégalités qui se sont accrues ces dernières années et la hausse du coût de la vie qui affectera plus durement les femmes. «La parité hommes-femmes mondiale dans la participation au marché du travail a lentement diminué depuis 2009 dans le Rapport sur les inégalités», note le communiqué. Une tendance qui s’est accentuée en 2020, lorsque les scores de parité «ont chuté de manière vertigineuse au cours de deux éditions consécutives». En 2022, la parité dans la population active se monte à 62,9%, «soit le niveau le plus bas enregistré depuis la première compilation de l'indice». A cela s’ajoute des taux de chômage en hausse pour celles et ceux restés sur le marché du travail, se situant actuellement au-dessus de ceux d’avant la pandémie. «Le taux de chômage global des femmes en 2021 (6,4%) était plus élevé que celui des hommes (6,1%).»

«L'impact négatif disproportionné de la pandémie sur le marché du travail peut s'expliquer en grande partie par deux éléments qu’elle a exacerbés: la composition sectorielle du choc et la répartition des soins qui continue d’être très inégale. La majorité des responsabilités familiales a incombé aux femmes, les structures de garde d’enfants et les écoles ayant été fermées. Même avant la pandémie, la part du temps consacré par les hommes au travail non rémunéré par rapport au travail total était de 19%, contre 55% pour les femmes», analyse le WEF.

Impact disproportionné de la hausse du coût de la vie

«La crise du coût de la vie a un impact disproportionné sur les femmes, après les nombreuses pertes d’emploi subies pendant la pandémie et les difficultés persistantes que rencontrent les infrastructures de soins», note pour sa part la directrice générale du Forum économique mondial, Saadia Zahidi. Face à la faiblesse de la reprise, elle estime que les gouvernements et les entreprises «doivent déployer deux types d'efforts: des politiques ciblées pour soutenir le retour des femmes sur le marché du travail et le développement des talents féminins dans les industries de l'avenir. Autrement, nous risquons d'éroder définitivement les acquis des dernières décennies et de perdre les futurs bénéfices économiques de la diversité.»

Indiquant qu’il est urgent d’agir, et affirmant que la réduction des inégalités entre les sexes est un «moteur essentiel de la prospérité nationale», le rapport du WEF appelle – en bonne harmonie avec les préceptes de l’aréopage réunissant chaque année responsables politiques et chefs de grandes entreprises à Davos – «davantage de dirigeants à libérer la créativité et le dynamisme du capital humain de leur pays pour surmonter les crises actuelles et accélérer une reprise solide»…

 

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