Bon plan social
«Après plusieurs mois de négociations ardues avec la direction suisse d’Alstom, les syndicats ont pu signer un plan social prévoyant des indemnités de départ et un dispositif progressiste de retraite anticipée, ainsi que des mesures de replacement et de réorientation pour le personnel.» Les syndicats et le personnel sont ainsi satisfaits du plan social obtenu. «Les plus de 62 ans ont de bonnes conditions concernant les retraites anticipées. Les mois d’indemnités sont corrects également pour les employés de longue date», indique Abdeslam Landry. Sauf que de nombreux salariés ont dû recourir à leur syndicat pour faire valoir leurs droits. «Une personne mise à la porte avant l’annonce du licenciement collectif, après plus de 30 ans de service, n’a pour l’instant pas eu droit au plan social. C’est scandaleux!» souligne le secrétaire syndical d’Unia.
Les syndicats notent encore: «L’échéancier de mise en œuvre des licenciements a pu être légèrement retardé, mais malheureusement leur nombre n’a pas fondamentalement été revu à la baisse.»
Charles* a choisi ce prénom d’emprunt «pour son côté princier». Il ne perd pas son humour, même s’il fait partie des 65 personnes licenciées en 2022. «C’est un bon plan social. Sans les syndicats, on n’aurait rien eu du tout.» Après plusieurs années au sein de Bombardier, racheté par Alstom en janvier 2021, il se dit toutefois confiant: «Il y a du boulot dans l’industrie, et avec de meilleures conditions de travail.» A Villeneuve, Charles ne cache pas qu’il en avait ras-le-bol: «Par exemple, nous devions récupérer les erreurs de montage de pièces venant d’Allemagne ou de Pologne. Cela avait un gros impact sur notre travail, mais ce n’était pas compris dans notre cahier des charges. Si vous interrogez les anciens, ils vont tous vous dire que c’est la catastrophe. Nos dirigeants sont incompétents. Voilà où ça nous mène…» L’annonce de la restructuration n’a donc pas surpris les travailleurs interrogés. Mais l’un d’eux souligne: «Si Alstom ne nous avait pas rachetés, cela aurait pu être pire. Laissons-lui une chance.»
* Nom connu de la rédaction.