Unia Transjurane a dévoilé les résultats d'un sondage effectué auprès des travailleuses de la région lors de son repas solidaire du 14 juin à Delémont. De quoi susciter l'indignation
Le tissu économique jurassien est très majoritairement composé de petites unités. Parmi ses 1220 entreprises du secondaire, seules 6% sont soumises à l'obligation légale de contrôler l'égalité salariale entre hommes et femmes. Quid des 94% restantes? Que vivent les femmes dans ce désert statistique? Unia Transjurane a cherché des réponses à ces questions en effectuant un sondage auprès des travailleuses de la région. Les résultats de cette consultation ont été rendus publics le 14 juin lors d'un repas solidaire organisé par le syndicat dans la zone industrielle de Delémont à l'occasion de la grève des femmes. Et ils sont pour le moins révélateurs. Le niveau du harcèlement et des discriminations salariales ou de genre est inquiétant (voir encadré ci-dessous).
Ce sont «des agissements contre lesquels des milliers de femmes de ce pays luttent aujourd'hui», a souligné à la tribune, Martine Docourt, responsable du département politique d'Unia, citant de nombreuses luttes dans tout le pays. A ses côtés, Yves Defferrard, responsable du secteur de l'industrie au comité directeur d'Unia, a également dénoncé cette situation. «C'est tout simplement inacceptable et méprisant pour les femmes.» Ce sondage confirme l'existence «d'un gros décalage entre la réalité du terrain et ce que disent actuellement les autorités et les associations d'employeurs».
Autre constat accablant révélé par le sondage, seules 10% des travailleuses occupées dans des entreprises de plus de 100 salariés avaient reçu le résultat des analyses sur l'égalité que leurs employeurs sont légalement tenus d'effectuer jusqu'à la fin du mois. «Exigez de voir toutes les enquêtes de salaires et pas seulement un message des directions indiquant qu'il n'y a pas de discrimination», a lancé Yves Defferrard. Martine Docourt a également déploré que «la droite et le patronat aient tout essayé pour nous diviser. Ils ont osé l'insulte de prétendre que l'égalité était atteinte depuis longtemps.»
Les soignantes au front
Avec Unia Transjurane, un certain nombre de soignantes ont observé des grèves et des pauses de protestation, en particulier dans le parc immobilier médicalisé de la Jardinerie à Delémont, propriété du groupe Tertianum. «Nous déplorons la dégradation de nos conditions de travail. On nous demande d'en faire toujours plus avec de moins en moins de personnel et cela conduit à des épuisements et une instabilité des effectifs», explique une soignante. Avec les salariées et les salariés, Unia se bat pour négocier et conclure avec ce groupe une convention collective respectueuse et équilibrée.
Pour cette journée du 14 juin, les femmes jurassiennes se sont également mobilisées en nombre à Saignelégier. A Delémont, le cortège et les manifestations à la gare et au château ont réuni près de 2000 personnes. Un succès!