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La chaîne Molino prise la main dans la pâte

Des contrôles paritaires ont confirmé de graves violations de la convention collective par la chaînes de pizzerias Molino

La détente des relations entre Unia et Molino se fait attendre. La chaîne de restaurants, qui compte 17 établissements en Suisse, tarde à prendre en compte les critiques émises à son encontre par l'Office de contrôle de la commission paritaire de l'hôtellerie et restauration...

«Molino ne peut plus dire qu'Unia fait de l'agitation et de la provocation sans détenir de preuves», déclare Umberto Bandiera, secrétaire syndical à Genève. L'Office de contrôle paritaire de la convention collective de l'hôtellerie-restauration a confirmé dès le début de l'année les violations des conditions de travail constatées auparavant par le syndicat. Et ceci dans les quatre restaurants de la chaîne italienne situés dans la ville du bout du lac. L'Office de contrôle a souligné que les mêmes types de manquement devraient se retrouver dans les 17 établissements de la chaîne Molino en Suisse, puisque les procédures concernant la gestion des horaires et des jours de congé sont les mêmes pour l'ensemble du groupe.
«Ce contrôle nous permet de dire aujourd'hui aux employés de ne plus avoir peur et de s'adresser au syndicat pour réclamer leurs heures supplémentaires et leurs jours de congé subtilisés», continue le permanent syndical devenu persona non grata dans tous les établissements du groupe, à l'instar de tous ses collègues d'Unia Genève.

Dénonciations d'Unia en 2010
On se souvient qu'Unia avait organisé une action de dénonciation devant l'un des restaurants en septembre de l'année passée à la suite de tentatives de dialogues infructueuses avec la direction. En cause: heures supplémentaires non payées, jours de repos non accordés, absence de contrôle des horaires de travail, substitution du paiement des heures supplémentaires par une participation (théorique) au chiffre d'affaires... Autant de constats désormais confirmés par l'Office de contrôle paritaire. Unia Genève avait aussi déploré le climat délétère dans les restaurants - provoqué par les pressions constantes exercées par la hiérarchie sur le personnel, parfois accompagnées de menaces et d'insultes! Autre pratique douteuse: le lien direct entre les contrats de travail et des contrats de bail pour un logement, de nombreux travailleurs arrivant directement d'Italie. Lorsqu'un employé est licencié, il perd automatiquement son appartement...

Molino nie en bloc
Mais rien n'y fait. Molino est resté hermétique au dialogue. Même après que les instances de la commission paritaire lui ont envoyé le rapport détaillé des violations constatées. La direction a nié en bloc. «La direction de Molino doit comprendre qu'elle développe son activité en Suisse, où existe un partenariat social, et pas en Chine», analyse Umberto Bandiera. Pour l'heure, la situation reste au point mort, mais l'organe paritaire enquêtera à nouveau chez Molino dans un délai de douze mois à partir du premier contrôle. Si la chaîne de restauration ne se met pas en règle d'ici là, une sanction allant jusqu'à 20000 francs peut être infligée au restaurateur italien, qui sera aussi sommé de payer les sommes en souffrance auprès de ses employés.
Unia continue de son côté à aider les employés à réclamer leur dû devant le Tribunal des prud'hommes - plusieurs cas ont déjà été déposés - et annonce que des actions collectives de dénonciation seront mises sur pied si Molino s'entête à ignorer la CCT de force obligatoire...


Christophe Koessler