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Hausses de salaires légitimes et nécessaires

Les fédérations de l'Union syndicale suisse exigent des hausses salariales de 1.5 à 2%

Des pans importants de l'économie suisse se portent bien et même très bien, en particulier dans le marché intérieur. Les travailleurs ont contribué à cette situation, mais leurs salaires n'ont pas été revalorisés pour autant. Seuls les hauts revenus et les managers ont profité d'augmentations, creusant encore les inégalités. Une correction s'impose.

L'automne salarial s'annonce chaud. L'Union syndicale suisse (USS) a présenté lundi les principales revendications de ses fédérations pour les négociations à venir. Partant du constat que d'importants secteurs de l'économie se portent bien, cela grâce au travail du personnel, l'USS exige des hausses générales de 1,5 à 2% des salaires et 100 francs de plus pour les salaires minimums.
«Ces dernières années, la production a tellement augmenté en Suisse qu'à l'aune de la croissance du Produit intérieur brut, notre pays laisse loin derrière lui la grande majorité des pays industriels et des espaces économiques. L'argent pour des hausses de salaire est donc bien là», explique Daniel Lampart, économiste en chef de l'USS. «La croissance a surtout concerné l'économie intérieure», note-t-il, soulignant notamment la bonne marche des affaires dans la construction, les transports, l'information et la communication, la finance et les assurances. Quant au commerce de détail, qui a cédé des parts de marché en raison entre autres de la surévaluation du franc, il donne des signes de reprise ces derniers mois, avec une hausse des chiffres d'affaires. Dans l'économie d'exportation, la pharma, les industries alimentaires et l'horlogerie offrent de bonnes perspectives, avec notamment l'annonce d'une croissance de 2,9% en Allemagne, principal partenaire de la Suisse. «Les enquêtes auprès des entreprises indiquent la fin de la récession», affirme encore Daniel Lampart.

Régression des salaires des qualifiés
Ces dernières années, les augmentations ont profité aux salaires élevés, alors que les petits et moyens revenus ont vu leurs rémunérations stagner ou même régresser. C'est le cas du personnel qualifié, disposant d'un CFC, qui connaît une baisse des salaires réels de 0,5% depuis 2002. A cela s'ajoutent les hausses de loyers et des primes maladie, venant grignoter les modestes augmentations ayant pu être obtenues. Selon Daniel Lampart, environ un cinquième des ménages se retrouvent face à des difficultés financières en cas de dépense imprévue, par exemple pour des soins dentaires.
«Les grandes performances économiques de la Suisse ne sont pas à mettre au crédit de quelques managers et autres gros salaires qui se sont réservé une part du gâteau disproportionnée. Elles ont été réalisées en synergie par de nombreuses personnes. Cela doit aussi se concrétiser au niveau du salaire», souligne Paul Rechsteiner, président de l'USS, pour qui les négociations des salaires de 2014 «constituent la meilleure occasion pour mettre fin à cette évolution aberrante.»

«Une question de justice!»
«Les travailleurs et travailleuses ont droit à leur juste part des fruits de la croissance. C'est grâce à leur engagement que la Suisse se porte bien. Cela mérite notre reconnaissance et une rétribution adéquate - c'est une question de justice!» ajoute Vania Alleva, coprésidente d'Unia. Le plus grand syndicat du secteur privé exige aussi des hausses de 1,5% à 2%, «avec une augmentation dans des proportions supérieures des bas salaires, des salaires féminins et de ceux des apprentis», indique-t-elle, rappelant que les femmes touchent toujours, en moyenne, 677 francs de moins que leurs collègues hommes.
Vania Alleva revient sur le boom que connaît la construction avec une hausse de 40% des chiffres d'affaires en 10 ans et de 20% des prix, alors que l'emploi diminue sur les chantiers, soumettant les maçons à un «énorme surcroît de travail». Un travail pour lequel ils n'ont reçu, ces deux dernières années, que 27 francs de plus par mois. Unia exige dès lors une hausse de 80 francs dans le gros œuvre et de 1,5% dans le second œuvre, branche où les affaires sont aussi florissantes et où les salaires minimaux doivent être relevés, ces derniers étant dans certains métiers 20% inférieurs aux salaires usuels. Unia exige également des hausses dans l'industrie, le commerce de détail et le transport routier des marchandises (voir encadré).
Les autres syndicats de l'USS ont présenté leurs revendications sectorielles. Dans la fonction publique, priorité sera donnée au maintien des mécanismes salariaux existant.

Sylviane Herranz

Plus d'informations sur www.uss.ch


Revendications dans les branches couvertes par Unia
Construction: 80 francs de hausse générale.
Second œuvre: 1,5% de hausse générale et augmentation des salaires minimaux.
Industrie: MEM et industrie alimentaire: 100 francs de hausse générale; chimie/pharma: 150 francs de hausse générale.
Coop: 80 francs d'augmentation générale, 100 francs pour les employés de longue date. Revendications analogues pour le commerce de détail en général.
Transport de marchandises: 100 francs à titre général.
Bas salaires, salaires féminins, salaires des apprentis: hausses dans des proportions supérieures.

L'ES