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Les maçons veulent leur part du gâteau

Les maçons réclament une augmentation salariale de 150 francs par mois. Les négociations débuterons à la mi-septembre

Près de 450 travailleurs ont participé, samedi dernier à Berne, à la landsgemeinde de la construction. A cette occasion, ils ont décidé de demander une augmentation de salaire de 150 francs pas mois, vu la bonne santé du secteur. Et fixé, dans le cadre du renouvellement de leur Convention nationale en 2015, leurs premières revendications.

Les maçons réclament une augmentation salariale de 150 francs par mois. Les négociations débuteront à la mi-septembre

Quand le bâtiment va, tout va... dit un dicton populaire. Peut-être à raison, mais de manière plus mitigée pour les maçons qui ne profitent guère de la bonne santé de la branche. L'évolution des salaires réels - soit le salaire moyen déterminé par la Convention nationale - n'a, entre 2007 et 2013, été majoré que de 4,92%, moins que la progression moyenne des rémunérations dans l'ensemble de la Suisse (+5,69% durant la même période). Et ce, relève Unia dans un communiqué, malgré les énormes gains de productivité (+ 9%). Une situation qui se poursuit. Toujours selon le syndicat, «au premier trimestre 2014, les chiffres nominaux du secteur principal de la construction ont progressé de 12,7% à environ 3,8 milliards de francs, par rapport à la période comparable de 2013.» La hausse est même de 19,2 % pour ce qui est du domaine du logement. Selon la Société suisse des entrepreneurs, citée par le syndicat, la situation des commandes demeure au beau fixe : «Les entreprises ont des mandats avoisinant 13 milliards de francs. Par conséquent, en 2014, l'activité devrait atteindre un niveau analogue à celui de 2013».

Une hausse réaliste
Dans ce contexte, et après tant d'années de modération salariale, les travailleurs de la construction veulent leur part du gâteau, d'autant plus vu l'envol des prix à la vente. Lors de leur landsgemeinde tenue samedi dernier à Berne, les quelque 450 participants se sont mis d'accord pour réclamer une hausse de 150 francs par mois. Une exigence qualifiée de réaliste par plusieurs intervenants, estimant que les maçons, effectuant un travail pour le moins pénible, ont largement mérité leur part des gains réalisés, contribuant directement au fait que la branche soit florissante. «Une pétition sera lancée sur les chantiers pour soutenir leur exigence», relève Pietro Carobbio, responsable de la construction à Unia Vaud. Quant aux négociations, elles débuteront à la mi-septembre pour se terminer le 21 octobre.

Revendications prioritaires
L'assemblée a aussi fixé ses revendications prioritaires en vue du renouvellement de la Convention nationale, l'an prochain. Pour ce faire, Unia a lancé une vaste enquête auprès de 15000 travailleurs soumis à cet accord. La question de l'interruption de l'activité lors d'intempéries figure notamment au rang des préoccupations principales des sondés. «Aujourd'hui, on travaille par tous les temps ou presque. Avec les risques que cette situation comporte en matière d'accident, sur la santé des ouvriers et la qualité de l'ouvrage. C'est l'employeur qui décide ou non de suspendre les travaux. Mais, souvent, la pression sur les délais l'emporte. Et le coût financier, les deux premiers jours d'interruption étant à la charge du patron. Il faut un règlement précis pour le paiement des heures perdues en cas d'intempéries et des critères clairs pour l'arrêt du travail», relève Pietro Carobbio. Autre question soulevée par les participants à l'enquête: les déplacements à considérer comme temps de travail. «Actuellement, la première demi-heure du trajet n'est pas comptabilisée comme temps de travail pour l'employé et n'est pas payée. Les chantiers sont souvent éloignés du domicile du salarié et les journées s'allongent», rapporte le syndicaliste. Enfin, les interviewés souhaitent que l'expérience et la formation soient mieux payés. «Nombre d'ouvriers touchent des salaires de main-d'œuvre alors qu'ils remplissent l'activité d'un travailleur qualifié. Mais comme ils n'ont pas de papier, on en profite. Un phénomène qui a pris de l'ampleur avec la libre circulation. Cette requête contribue à lutter contre le dumping.» Autant de revendications qui seront encore discutées, cet automne, lors de la conférence professionnelle des maçons.


Sonya Mermoud