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La presse romande à nouveau menacée

Tamedia a annoncé la suppression de 31 postes à 24heures et à la Tribune de Genève. Après le choc le personnel se mobilise

La sentence est tombée: Tamedia a annoncé que respectivement 16 et 8 personnes seront remerciées à 24heures et à la Tribune de Genève d'ici à quelques semaines et 7 départs non remplacés, la faute à des rentrées publicitaires en berne. Pour les employés des deux sites et leurs syndicats, pas question de se laisser faire. Selon eux, le groupe a les moyens de pérenniser une information de qualité, fortement menacée par ces licenciements.

La consternation, l'indignation, l'incompréhension à Lausanne. Le choc puis la colère à Genève. Voici ce qu'ont ressenti les employés de 24heures et de la Tribune de Genève le 27 septembre à l'annonce du licenciement de 24 collaborateurs dans les deux titres d'ici à la fin octobre, auxquels il faut ajouter 5 départs à la retraite et 2 autres non remplacés. En tout, 31 postes devraient ainsi être supprimés. Leur employeur, Tamedia, justifie cette restructuration par une baisse des revenus publicitaires. Le groupe de presse a toutefois engrangé un bénéfice de 334 millions de francs en 2015, lui permettant de doubler le salaire de son CEO Christoph Tonini de 3 à 6 millions pour cette même année.
Remontés, les salariés des deux quotidiens ont débrayé le jour même devant leurs bureaux à Lausanne et Genève pour interpeller la population sur les enjeux de ce plan d'économie mais aussi exiger du groupe zurichois qu'il ouvre des négociations. Selon leurs syndicats, ils étaient près de 400 au total à se mobiliser. A Lausanne, les employés de 24heures sont descendus jusqu'à la gare pour interpeller les pendulaires. «Tamedia tue vos médias! Non, non, non, aux licenciements», ont-ils scandé.

Faire mieux avec moins
«Nous ne contestons pas les baisses de recettes publicitaires ni le fait que les temps sont durs pour l'économie en général, a réagi Karim Di Matteo, président de la Société des collaborateurs de 24heures. Ceci dit nous appelons Tamedia à se responsabiliser. Nous ne pouvons pas faire plus ni mieux avec moins de forces!»
Ce jour-là, les noms ou encore les rubriques touchées par les licenciements n'étaient pas encore connus. D'après Karim Di Matteo, l'annonce devrait avoir lieu deux semaines plus tard. «Je pense que la direction sait très bien de quels postes il s'agit, mais elle ne veut pas provoquer de vent de panique, bien que l'ambiance soit déjà au comble de la morosité.» Eric Budry, de la Société des rédacteurs et du personnel de la Tribune de Genève, imagine que les coupes toucheront toutes les rubriques et tous les secteurs.

Démocratie en péril
Pour Yves Sancey, de Syndicom, Tamedia a une responsabilité sociale en tant qu'éditeur. «La presse est un pilier de notre démocratie. Comment peut-on relayer correctement l'information s'il n'y a plus de journalistes sur le terrain?» Selon Urs Thalmann, d'Impressum, il est clair que ces mesures scandaleuses doivent être mises au tapis. «Depuis des décennies, ces deux titres participent à la promotion de la culture des cantons de Vaud et de Genève. Nous devons dire stop à ces coupes sans quoi la pérennité des titres sera clairement menacée!»

Large soutien
Le personnel de 24heures et de la Tribune de Genève peut compter sur le soutien de nombreux élus, notamment sur les Conseils d'Etat des deux cantons qui ont fait part de leur inquiétude à Tamedia quant à cette restructuration, mais aussi de personnalités du monde économique, social, sportif ou culturel. «Cet appui n'est pas nouveau mais son ampleur, elle, est inédite», constate Karim Di Matteo. Les lecteurs qui tiennent à conserver une information locale, nationale et internationale professionnelle et de qualité sont également appelés à se mobiliser en masse*. A l'heure où nous mettions sous presse, les deux rédactions réfléchissaient aux moyens de coordonner leurs actions.

Manon Todesco

* Pour signer la pétition «Non au sabordage de la presse régionale romande!» change.org.
Pages Facebook: Je soutiens 24heures/La Tribune de Genève


Témoignage:

Olivier, photographe à 24heures
«Je travaille pour 24heures depuis 2005 et ce genre de manifestation est de plus en plus fréquent. On est toujours plus compressé mais on a toujours autant de travail! On nous demande de faire plus avec moins de personnes. Dans ces conditions, il devient difficile de continuer à faire du travail de qualité. L'annonce de ces licenciements est angoissante pour tous les collègues. 16 personnes c'est pas rien: ça va toucher toutes les catégories d'employés, et les familles aussi. On nous asphyxie petit à petit. A terme, on a peur d'un réel démantèlement.»
MT

Et chez Ringier?
Le Temps et L'Hebdo pourraient eux aussi être touchés, selon nos confrères du Courrier. Dix licenciements auraient été évoqués lors d'une réunion entre le personnel et la direction romande. Ces chiffres devraient être officialisés ou infirmés début octobre, après la réunion du conseil d'administration de Ringier. Les syndicats se montrent très préoccupés par l'avenir de la presse romande.
MT