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Tous ensemble le 19 décembre!

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© Olivier Vogelsang

Après la mobilisation du personnel de l’Etat ces dernières semaines (photo), les syndicats genevois appellent la population à se mobiliser ce samedi 19 décembre pour des mesures urgentes afin que personne ne soit laissé au bord du chemin.

Les syndicats genevois organisent une grande manifestation pour exiger des mesures de protection urgentes en faveur de la population durement touchée par la crise du Covid-19

«Ce n’est pas les Fêtes pour tout le monde.» En effet, cette fin d’année 2020 ne s’amorce pas avec autant de joie et de légèreté que les précédentes. La crise sanitaire, sociale, économique et climatique qui nous frappe aura mis de nombreuses personnes en difficulté, et ce n’est que le début. Afin de revendiquer des mesures d’urgence pour protéger toutes les personnes dont les moyens d’existence ont été malmenés par les effets de la pandémie du Covid-19, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) invite la population à prendre la rue à l’occasion d’un grand rassemblement le samedi 19 décembre, à 14 heures.

Genève meurtrie

Début novembre, le canton du bout du lac était la région d’Europe la plus contaminée par le virus, et celui de Suisse le plus frappé par le chômage.

Les dizaines de milliers de travailleurs «en première ligne» face à l’épidémie se retrouvent dans une grande souffrance, insiste la CGAS dans son appel. «Applaudis en mars, puis menacés de réductions de salaires en automne, les soignants sont tenus de travailler même lorsqu’ils sont malades. Le personnel des commerces se voit imposer, sur l’autel de la consommation, des conditions de travail dégradées depuis l’élargissement des horaires jusqu’à 20h le samedi. Sans oublier celles et ceux qui travaillent sans mesures de protection suffisantes sur les chantiers, dans l’industrie ou le nettoyage, et celles et ceux qui circulent dans des transports publics bondés.»

Dans ce contexte, la précarité et la pauvreté guettent bon nombre d’habitants. Lesquels? Ceux qui ont perdu leur emploi, ceux qui sont en RHT depuis des mois avec un revenu réduit, ceux qui ont un travail dit atypique (faux indépendants, intérimaires, jobs étudiants, travail sur appel), les travailleurs migrants, les artistes, le milieu de la culture, les travailleurs du sexe, ceux qui n’ont pas le droit au chômage ou qui sont en fin de droits ou encore les personnes qui n’arrivent plus à payer leur loyer, leur assurance maladie et leurs courses.

Population oubliée

Les syndicats regrettent la gestion de cette multiple crise par les autorités politiques fédérales et cantonales. Alors que des milliards de francs d’aides sont versés aux entreprises, aucune contrepartie sociale n’a été fixée en échange. «Ce n'est pas à celles et ceux qui n'ont que leur travail pour vivre – et bien souvent qui n'ont même plus celui-là – de rester sur le bord de la route, s’indigne la faîtière syndicale. C’est une question de cohésion sociale: sans mesures directes en faveur de la population et des salariés, la crise s’aggrave.»

Les revendications sont claires. La CGAS et ses partenaires demandent le versement à 100% du salaire lorsque l’entreprise est au bénéfice de RHT, l’interdiction de licencier, le respect des conditions de travail (dont le salaire minimum légal entré en vigueur le 1er novembre), le renoncement aux baisses de salaire et aux élargissements des horaires, le respect de plans de réduction du CO2 et de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes, et la suspension des distributions de dividendes aux actionnaires.

Des droits, pas de la charité!

Par ailleurs, ils réclament des mesures d’urgence sous forme de droits pour les exclus des filets sociaux. «Alors que les files d’attente pour l’aide alimentaire se rallongent, le Grand Conseil a débloqué une aide d’urgence que verseront les organisations caritatives, rappelle la CGAS. Cette aide est indispensable, mais bien éloignée de ce dont les personnes précarisées ont besoin, à savoir des nouveaux droits dans le respect et la dignité des travailleurs, plutôt que la charité.»

Or, ces nouveaux droits, proposés sous forme d’indemnisation pour perte de revenu, sont systématiquement refusés au Parlement par la majorité de droite. Ce rassemblement sera aussi l’occasion de réclamer des soutiens directs pour ces personnes précarisées. En somme, pour exiger une sortie de crise solidaire... K

 

Infos pratiques

Rendez-vous le samedi 19 décembre à Genève, à 14h, sur la plaine de Plainpalais

Cortège, sous réserve d’autorisation, en Vieille-Ville.

Venir masqué!

 

 

«C’est une grosse mascarade!»

Initialement, le projet était d’organiser une manifestation avec un cortège au départ de la place de Neuve, mais ce dernier a été refusé par les services de police, prétextant la crise sanitaire. Le rassemblement a donc été déplacé à Plainpalais. «C’est une grosse mascarade, s’indigne Alejo Patiño. Les syndicats genevois dénoncent vivement les décisions pour le moins contradictoires de Mauro Poggia qui a rouvert les restaurants et les magasins – avec des horaires prolongés – et qui, en revanche, leur interdit de se mobiliser. Pour nous, l’extension des horaires des magasins est purement économique, et le refus de manifester relève uniquement de raisons politiques.»

«Nous n’avons pas été entendus»

Le 8 décembre, le Conseil de surveillance du marché de l’emploi (CSME), qui réunit le Conseil d’Etat et les partenaires sociaux, a tenu une séance lors de laquelle la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) regrette de ne pas avoir été entendue. «Nous avons affaire à un certain paternalisme de la part du ministre de tutelle Mauro Poggia, qui nous reproche qu’on ne se rende pas compte de la situation et des efforts qui ont été réalisés par les autorités, rapporte Alejo Patiño, vice-président de la faîtière. Une nouvelle fois, toutes nos revendications ont été balayées. Force est de constater qu’il ne nous reste plus que la rue. Cela ne nous amuse pas, surtout au vu du contexte, mais nous avons joué toutes nos cartes et il ne nous reste aucune autre façon d’agir.»

Le dialogue est bloqué. Dans cette situation, les discussions au sujet du salaire minimum et des éventuelles exceptions réclamées par les associations patronales sont au point mort. «Il n’y a eu aucune avancée», rappelle le syndicaliste d’Unia. L’assemblée des délégués de la CGAS devait statuer hier, mardi 15 décembre, sur une éventuelle entrée en matière sur leurs propositions.

 

Ouverture des commerces genevois

A leur grand regret, les syndicats genevois n’auront pas réussi à revenir à une fermeture des magasins à 18h le samedi durant le mois de décembre. Pour rappel, le Conseil d’État avait prolongé les horaires d’ouverture de 18h à 20h pour, selon lui, des raisons sanitaires afin de diluer la clientèle sur la journée. La Communauté genevoise d’action syndicale avait fait recours contre cette mesure et demandé l’effet suspensif de cette dernière, refusé à deux reprises. «Nous avons constaté que les magasins étaient déserts le soir», souligne Pablo Guscetti, secrétaire syndical pour Unia. «Pour nous, ce sont clairement des mesures économiques déguisées en mesures sanitaires qui, manifestement, ne profitent ni à l’économie ni à la santé de ce canton.»

Vendredi dernier, alors que la Chambre constitutionnelle genevoise balayait l’effet suspensif pour la seconde fois, les nouvelles directives du Conseil fédéral sont tombées: les magasins de tout le pays doivent fermer au plus tard à 19h ainsi que les dimanches jusqu’au 22 janvier. Au nom des exceptions possibles dans les cantons où le taux de reproduction des contaminations est inférieur à un, ce qui était le cas du canton de Genève à l’heure où nous mettions sous presse, la prolongation des horaires à 20 heures le samedi et l’ouverture prévue le dimanche 20 décembre étaient encore autorisées. Mais la situation sanitaire en décidera peut-être autrement.

 

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