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Erie-Electroverre: les travailleurs retiennent leur souffle

L'usine de Romont.
© Thierry Porchet/archives

L’usine de Romont est à la pointe de la fabrication du verre extrafin utilisé pour les lames de microscope. Mais sa vétusté remet en cause la poursuite de ses activités.

Le 25 mars, le propriétaire américano-japonais de la fonderie romontoise annonçait son intention de fermer le site, condamnant 67 postes de travail

Les travailleurs d’Erie-Electroverre à Romont avaient jusqu’à lundi dernier, 12 avril, pour présenter des propositions visant à sauvegarder les emplois ou à atténuer les conséquences de l’annonce faite par leur employeur de fermer leur usine. Une intention annoncée il y a bientôt trois semaines, dans un communiqué du propriétaire, la société américaine Epredia, elle-même unité du groupe de technologie médicale japonais PHC.

Cette annonce a été vécue comme un coup d’assommoir pour les 67 personnes employées dans cette fonderie de verre, et pour toute une région qui verrait ainsi un fleuron de son économie et un savoir-faire unique disparaître.

Avant son rachat par Epredia en 2019, Erie-Electroverre appartenait à la société Thermo Fisher Scientific, elle aussi américaine. L’usine produit du verre de haute qualité pour la fabrication de lames de microscope, utilisées dans les machines et les instruments développés par Epredia. En 2009, les travailleurs avaient déjà dû se battre pour un plan social substantiel pour 24 d’entre eux dont les emplois avaient été sacrifiés. La coupe du verre avait été délocalisée en Hongrie. Une délocalisation qui s’est soldée par un échec. La coupe a ensuite été déplacée en Chine.

Qualité unique au monde

A l’heure actuelle, à notre connaissance, il n’est pas question de délocaliser la production. Selon Unia, une autre usine, retraitant le verre en Allemagne, est aussi menacée. «Epredia a décidé de ne plus produire ses plaques de verre mais de les acheter. Ce qui est un grand risque pour l’entreprise qui fabrique des machines d’analyse, notamment pour le cancer. Ils vont perdre en qualité et en indépendance», explique Armand Jaquier, qui a accompagné les travailleurs durant la période de consultation. Le syndicaliste d’Unia précise que les salariés souhaitent que les activités soient maintenues dans cette unique fonderie de verre de la région. Reste que le propriétaire rechigne à investir dans la mise à niveau technologique de l’outil de production qui date des années 1940. «Le four devrait être refait tous les six ans. Il utilise une technologie à base d’arsenic, désormais prohibé en Suisse. L’entreprise doit développer un nouveau four avec une technologie différente», indique Armand Jaquier. «Ailleurs, la qualité n’est pas la même. Le site de Romont est reconnu comme étant le top dans ce domaine. Le verre extrafin y est étiré à la verticale, ce qui lui donne une qualité qui n’existe nulle part ailleurs. Si l’usine ferme, le groupe risque de perdre en crédibilité. Nous devons le convaincre qu’il doit continuer à garantir cette qualité unique au monde et garder son indépendance vis-à-vis de futurs fournisseurs.»

Lors de l’annonce de la probable fermeture du site, Epredia a également mis en avant la baisse de ses activités en raison de la pandémie, les examens ou les interventions oncologiques ayant diminué ou ayant été reportés. Autre argument évoqué, des coûts de production élevés. Un motif réfuté par le syndicaliste d’Unia: «Il est possible à Romont de faire de la qualité en grande quantité et cela de manière rentable pour les entreprises. On le voit aussi avec Nespresso.»

Les travailleurs d’Erie-Electroverre, tous très qualifiés dans ce domaine spécifique, retiennent aujourd’hui leur souffle. Epredia devrait communiquer sa décision quant à l’avenir de l’usine le lundi 19 avril prochain.

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