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Le commerce d’humains prend de l’ampleur

Une femme de ménage.
© Plateforme Traite/Sabine Rock

L’exploitation au travail a été constatée dans les ménages privés et différents secteurs comme la restauration, la construction et les services d’onglerie.

Selon la Plateforme suisse contre la traite des êtres humains, le nombre de victimes, dont une majorité de femmes, a fortement augmenté. Eclairages

Pas d’embellie sur le front du commerce d’humains dans nos frontières. Selon Plateforme Traite, la plateforme suisse contre la traite des êtres humains, le nombre de nouvelles victimes recensées l’an dernier a augmenté de 50% par rapport à 2019, s’élevant à 207 contre 142. Dans un récent communiqué, l’entité, formée de quatre ONG, a présenté les dernières statistiques en la matière. Et précise que 81% des personnes frappées par ce fléau sont des femmes. Le pourcentage d’hommes a toutefois crû, passant, de 13% à 19%. Ce trafic s’exerce essentiellement à des fins sexuelles (2/3 des victimes), le reste se partageant entre l’exploitation au travail et des personnes utilisées pour des activités criminelles. Dans le domaine de l’emploi, les secteurs concernés englobent les ménages privés, la restauration, les ongleries et la construction. Pour le solde, il s’agit de contraintes à mendier ou à commettre des actes illicites tels que le vol. Le réseau d’ONG mentionne encore les principales nationalités (55 au total) des personnes prises dans ces filets. «Le Nigéria, la Roumanie, le Brésil et la Hongrie sont les pays d’origine les plus fréquents des nouvelles victimes identifiées. Les 40% d’entre elles sont originaires d’Afrique, 30% de pays européens, 17% d’Asie et 12% d’Amérique latine.»

Précarité en cause

Pour Plateforme Traite, la hausse des victimes constatée s’explique par deux facteurs. Le premier résulte d’une sensibilisation accrue à la problématique. Depuis de nombreuses années, l’alliance se charge de former des spécialistes occupant des fonctions clés au sein de la police, dans le secteur de l’asile, du social et de la santé. L’étroite coopération qui la lie à ces instances aurait pour effet une identification plus large de victimes qui contactent l’une ou l’autre de ses organisations membres. «Mieux les acteurs concernés sont formés à la thématique de la traite des êtres humains et collaborent entre eux, plus il leur est aisé de détecter les victimes et de les orienter vers les organisations spécialisées», souligne Angela Oriti, directrice d’Astrée, affiliée à la Plateforme. L’autre raison tiendrait à une précarité et à une vulnérabilité aggravées par la pandémie. «La pauvreté et la difficulté d’accès à des conditions de migration légales sont les principales raisons qui incitent des personnes à accepter les offres trompeuses de trafiquants d’êtres humains», affirme Lelia Hunziker, directrice du FIZ, un centre d’assistance aux migrants partie prenante de la Plateforme. Qui conclut en appelant les milieux politiques à mettre en place dans tous les cantons des structures de protection spécialisées dotées d’un financement adéquat. «L’augmentation du nombre de victimes identifiées représente un défi pour les centres de consultation de la Plateforme Traite. La Confédération et les cantons doivent en tenir compte dans le soutien qu’ils accordent aux organisations de protection des victimes déjà existantes.»

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