Lors de la dernière ronde de négociations, aucune solution n’a été trouvée entre les partenaires sociaux de la construction, mais le dialogue se poursuit jusqu’à fin novembre
C’est dans un climat tendu que s’est ouverte la septième – et supposée dernière – ronde de négociations entre les syndicats et les employeurs de la construction le 14 novembre. Rappelons que, depuis le début de la mobilisation des maçons à la mi-octobre, environ 15000 travailleurs ont battu le pavé dans la Suisse entière pour dire NON à la convention «moderne» voulue par les patrons (lire nos deux dernières éditions). Les gros points de discorde sont les suivants: l’organisation du temps de travail, les salaires et le sort des travailleurs âgés.
A l’issue de cette nouvelle séance, aucun accord n’a été conclu. D’un côté, la volonté des deux parties de trouver un terrain d’entente était manifeste, mais de l’autre, les positions restent très tranchées, notamment sur la question de la flexibilisation du temps de travail et des salaires. Dans un communiqué de presse, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) dit prendre au sérieux les réserves émises par les syndicats quant à des journées de travail excessivement longues et maintient qu’une organisation «plus souple et plus individuelle du temps de travail est dans l'intérêt des employeurs et des employés»… La faîtière propose des temps de repos de 12 heures au lieu de 11 heures, et un calendrier annoncé cinq semaines à l’avance.
Pour les syndicats, rien ne change. «Il s'agirait d'une flexibilisation au gré des employeurs et non des besoins des travailleurs de la construction, qui souhaitent protéger leur santé et leur vie privée, soulignent Unia et Syna. Les travailleurs de la construction n'accepteront en aucun cas une solution aussi unilatérale.»
Pas d’augmentations sans flexibilisation
Sur la question des salaires, la SSE se dit ouverte à des augmentations, mais sous conditions... «Les entrepreneurs sont disposés à négocier de généreuses hausses de salaires dans la mesure où les avantages d’une organisation du travail plus moderne et individuelle le permettent. Sans cela, la marge de manœuvre à disposition sera sensiblement moindre», écrit-elle, ajoutant que les revendications syndicales d’une compensation du renchérissement complétée par une augmentation du salaire de 1% sont «de toute façon irréalistes».
Un chantage fort mal vu par les représentants des travailleurs qui rappellent que la conjoncture dans la construction est excellente et qu’il y a un manque prononcé de main-d'œuvre qualifiée dans le bâtiment. «La Société suisse des entrepreneurs sera directement responsable de la perte d'attractivité des métiers du bâtiment», pointent Unia et Syna.
Quant aux travailleurs de plus de 50 ans, la mobilisation a été fructueuse. Les syndicats ont noté avec bienveillance lors de cette séance que la partie patronale était apparemment prête à ne pas dégrader les conditions de travail des collaborateurs plus âgés. «Face à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, il est important d’offrir aux travailleurs âgés des conditions salariales et de travail idéales, affirme la SSE. Ce sont en effet des employés importants, qu’il s’agit de retenir dans les entreprises et la branche.» Unia rappelle que la position de la SSE lors des séances précédentes était bien différente.
Deux nouvelles rencontres
Les lignes ont manifestement commencé à bouger, mais pas suffisamment, estime Unia. Toutefois, les partenaires sociaux se sont laissé encore une chance de négocier un accord. Une nouvelle séance a eu lieu quand nous mettions sous presse, hier, et l’autre se tiendra le 28 novembre. «L’objectif est de parvenir d'ici là à un résultat qui puisse être soumis aux organes de décision, expliquent les syndicats. Sans résultat des négociations, il y aura un vide conventionnel à partir du 1er janvier 2022 et il faudra s'attendre à de nouvelles mobilisations et des actions de grève à partir de cette date.»