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La réforme du 2e pilier est balayée dans les urnes

Banderole contre la réforme du 2e pilier.
© Thierry Porchet

La campagne des opposants à la réforme du 2e pilier, qu'ils qualifiaient d'arnaque, a porté ses fruits.

Plus de deux tiers des Suisses et Suissesses ont refusé le projet LPP 21. Une victoire de plus pour les syndicats, après la 13e rente AVS.

C’est un résultat sans équivoque! La réforme du 2e pilier (LPP21), à laquelle les syndicats s’opposaient, est balayée ce dimanche 22 septembre par plus de deux tiers des Suisses et Suissesses. Le camp du non l’emporte avec plus de 67% des voix. De plus, le projet est refusé par l’ensemble des cantons.

Le rejet est le plus fort en Suisse romande, où l’on compte entre 71 et 77% de non selon les cantons, le Jura et Neuchâtel arrivant en tête. C’est à Zoug que les partisans de LPP 21 ont obtenu leur meilleur score, puisque la réforme n’a été refusée «que» par 57% des électeurs. En Suisse alémanique, seul Soleure dépasse les 70% de non (71,94%).

De nombreux partis et organisations ont réagi à ce résultat. Pour Unia, le «non» clair du peuple au projet «antisocial» que représentait la réforme de la LPP est un net refus d’un démantèlement des rentes. Le syndicat rappelle qu’avec l'abaissement du taux de conversion, la réforme de la LPP aurait fait baisser de 12 % les rentes dans le régime obligatoire. «En même temps, les personnes à faibles revenus auraient dû cotiser nettement plus au deuxième pilier.»

Unia estime qu’il faut maintenant mettre en place des mesures appropriées pour combler le déficit de rente des femmes dans le 2e pilier. «La réforme qui a été rejetée allait clairement dans la mauvaise direction: les femmes à bas revenus auraient dû verser des cotisations beaucoup plus élevées pour une amélioration de rente minime, ce qui aurait énormément pesé sur leur situation financière actuelle. Une solution dans la prévoyance professionnelle réside dans une conception solidaire, et devrait se fonder sur le modèle des bonifications pour tâches d’assistance et tâches éducatives existant dans l’AVS.»

Tout en insistant sur le fait que la situation financière des caisses de pension reste bonne, avec un taux de couverture de 121% à fin juillet, Unia voit dans cette votation le signe que le 2e pilier doit être géré «dans l’intérêt des personnes assurées et leur garantir de bonnes rentes au lieu de servir de self-service pour les banques et les assurances. Les frais de gestion de fortune démesurés doivent être réduits et les possibilités de gain des institutions financières limitées.» 

Changement de cap exigé

Pour l’Union syndicale suisse (USS), un changement de cap dans la politique des retraites est désormais nécessaire. «Le net refus de la réforme de la LPP montre que la majorité du Parlement travaille en ignorant la population. Une majorité des votants est clairement d'avis que le niveau des rentes en Suisse ne peut pas être abaissé, en particulier pour les revenus moyens. Car les rentes du 2e pilier sont déjà basses, avec un montant moyen de 1700 francs. Au lieu de continuer à abaisser le taux de conversion, il faut maintenant relever les intérêts sur les avoirs de vieillesse et introduire une compensation du renchérissement sur les rentes.» La faîtière syndicale considère qu’il faut en outre des mesures pour combler les lacunes de rentes des parents, et surtout des mères, avec un financement solidaire.

Selon l’USS, le non du peuple résonne aussi comme une critique du business profitable qu’est devenu le 2e pilier pour la finance et les assurances privées, aux dépens des salariés. «Les assurances sociales ne sont pas là pour générer des profits. L’USS s’engagera énergiquement pour que les caisses de pensions prennent des mesures efficaces contre leurs frais de gestion trop élevés, contre la concurrence à laquelle se livrent les courtiers, contre les primes de risque excessives ainsi que contre les bénéfices des grandes assurances privées.» 

Le Parti socialiste suisse salue lui aussi ce résultat sans ambiguïté, «qui constitue un succès pour le pouvoir d’achat de la population». Le parti souligne que les Suisses ont envoyé un signal fort pour des rentes équitables et contre les intérêts de l’industrie de la finance et des assurances. «Ce qu’il faut maintenant, ce sont des progrès pour les rentes des femmes, une compensation automatique du renchérissement et la fin de l’arnaque par les banques et assurances.»

«Aujourd’hui, pour la deuxième fois de l’année, les gens ont clairement fait savoir qu’ils voulaient des rentes plus élevées et qu’ils n’accepteraient pas qu’on les baisse», commente Mattea Meyer, co-présidente du PS Suisse, en référence au succès de la 13e rente AVS en mars.
 

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