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La CN, étalon-or du travail en Suisse

Le vent de la colère souffle sur les chantiers de Suisse. La vague de protestation des maçons contre le démantèlement de leur Convention nationale (CN) a démarré lundi matin à Bellinzone. Plus de 2500 travailleurs de la construction se sont réunis en assemblée. Par acclamation, ils ont adopté une résolution donnant mandat à leurs syndicats de tout mettre en œuvre pour défendre et améliorer leur CN. L’après-midi, une vague rouge a envahi les rues de la ville qui accueille la section tessinoise de la Société suisse des entrepreneurs (SSE). 80% des chantiers du canton étaient à l’arrêt ce jour-là.

Cette vague de mécontentement va s’amplifier ces prochaines semaines si les entrepreneurs ne reviennent pas à la raison. Samedi dernier, les Fribourgeois décidaient de rejoindre la grève de deux jours, déjà prévue par les maçons genevois, neuchâtelois et vaudois. Une grève qui aura lieu les 7 et 8 novembre. Les travailleurs de la construction du Jura et du Jura bernois rejoindront eux aussi la mobilisation, le 7 novembre. Avant ces échéances, une journée de protestation se déroulera le 1er novembre dans le nord-ouest de la Suisse et à Bâle. Après les mobilisations romandes, ce sera au tour des maçons zurichois de protester, le 11 novembre, avec ceux de Berne et de la Suisse orientale et centrale.

La détermination dans les rangs ouvriers est à la hauteur du mépris manifesté par les entrepreneurs qui rejettent toutes les revendications des maçons pour améliorer leurs dures conditions de travail et soumettent des hausses de salaires au chantage de l’acceptation d’une totale flexibilisation. Alors que la pénibilité n’a cessé d’augmenter ces dernières années, que la pression des délais pèse sur le corps des ouvriers du bâtiment, que durant toute la pandémie et pendant les périodes caniculaires les maçons n’ont cessé de travailler, la SSE en demande encore plus! Elle veut abolir le calendrier de travail et permettre aux entreprises de décider des horaires comme bon leur semble. Les maçons pourraient travailler jusqu’à 58 heures par semaine, en tenant compte du temps de déplacement jusqu’au chantier. Un temps d’ailleurs payé qu’à moitié. Les patrons souhaitent aussi diminuer le salaire des travailleurs âgés s’ils considèrent qu’ils sont moins productifs. Et les licencier plus facilement pour les réengager ensuite à des conditions inférieures.

Des mesures extrêmement violentes à l’encontre des ouvriers du gros œuvre et du génie civil, qui usent déjà leur santé sur les chantiers. Les revendications de la SSE feront aussi fuir les jeunes de professions souffrant de pénurie de personnel en raison de l’explosion des commandes et de l’exode de nombreux salariés vers des emplois moins pénibles.

Ce vendredi 21 octobre est prévue la sixième ronde des négociations entre syndicats et entrepreneurs. Souhaitons que ces derniers réfléchissent à deux fois avant de persister dans leurs exigences. Faute de quoi les machines pourraient bien se taire et les travaux s’immobiliser sur les chantiers du pays, comme au Tessin, et comme la semaine dernière à Genève, où le personnel des Transports publics a réussi, par la grève, à obtenir le renchérissement qui leur était dû.

Le combat des maçons est crucial pour tous les salariés et toutes les salariées du pays. La Convention nationale est l’étalon-or des conditions de travail. Si cet étalon est démantelé, le patronat n’hésitera pas à s’engouffrer dans la brèche, dans tous les secteurs. D’où l’importance d’apporter notre entière solidarité aux gars de la construction!